Les événements en Tunisie, largement médiatisés dans le monde entier et en particulier dans le monde arabe par les télévisions, ont donné un coup de fouet à ce qui mitonnait en Egypte. Mais l'Egypte n'est pas la Tunisie : des ressources importantes, du pétrole, une position stratégique... elle est classée comme pays émergent où il peut être intéressant d'investir. Même si la crise économique mondiale a rattrapé le pays, la croissance est néanmoins restée soutenue à +5,3%, et l'Egypte réalise une bonne performance parmi les émergents, avec un chômage à 9% seulement. Comme en Tunisie, les prix alimentaires ont été l'étincelle qui a mis le feu aux poudres. La question qui agite dorénavant les médias est : après la Tunisie, après l'Egypte, à qui le tour ? La Jordanie, 6 millions d'habitants avec un chômage à 12%, paraît en position de faiblesse. Elle est dépourvue de ressources naturelles : l'économie du royaume reste en partie dépendante des transferts des expatriés (15% du PIB) et des aides étrangères. Ici aussi, les prix des denrées alimentaires et des produits énergétiques ont provoqué la colère populaire. La situation est radicalement différente pour l'Algérie et ses 35 millions d'habitants. La corruption généralisée a entraîné une opération "mains propres" dans le secteur pétrolier : cela n'a pas suffi à calmer la grogne populaire. Les investisseurs étrangers sont circonspects dans un pays corrompu et agité par le chômage des jeunes (22%). La violence revient dans la rue alors que les pénuries alimentaires se profilent, sur fond de hausse des prix. L'Algérie vient d'ailleurs d'importer des quantités considérables de blé. Ces "révolutions" ont un point commun frappant : c'est l'irruption de la technologie dans le comportement des individus comme des peuples. Les images numériques des professionnels comme des particuliers donnent une vue instantanée d'une manifestation, des blessés, des dégâts. Le rôle des téléphones portables dans le transfert des nouvelles, rumeurs réelles ou fausses vérités, est stupéfiant. Pire encore, on y a vu l'utilisation d'Internet et des réseaux sociaux pour informer, rassembler, ameuter, là aussi transmettant une information qui peut être manipulée, orientée, déformée, mais qui est aussi un moyen hyper efficace de transmettre des consignes, des mots d'ordre. D'ailleurs, le pouvoir égyptien ne s'y est pas trompé : il a rapidement mis à terre le réseau Internet du pays. Le risque d'embrasement du Proche et Moyen-Orient est réel. Avec comme conséquence habituelle : la montée du prix du baril de pétrole... L'investisseur avisé se renforcera en or (profitant de la faiblesse relative actuelle) et en valeurs pétrolières et parapétrolières, en évitant celles qui sont les plus impliquées dans cette région.