Désormais, il ne sera plus question de barbus photogéniques arborant des Djebbas immaculées que l'on peut utiliser comme alibi pour parler d'un Islam intégriste voire même violateur des droits de la femme. Il ne faut pas se leurrer, car « Ennahdha » veut véhiculer une image loin des préjugés qui lui ont collé pendant des années. Ça bouge du côté du mouvement islamique « Ennahdha » qui bouillonne de l'intérieur. Ses membres longtemps brimés, matés, persécutés, oppressés et opprimés veulent désormais faire entendre leur voix parmi celles qui appellent à la liberté de culte et de pensée. Une conférence de presse « d'Ennahdha », ça n'arrive pas tous les jours. Enfin, cela ne risquait jamais de se produire avant le 14 janvier. Le mouvement islamique présidé par son chef emblématique Rached Ghannouchi, a organisé hier matin une rencontre avec les médias même si dans les coulisses du mouvement le courant ne semble pas bien passer entre les ténors « d'Ennahdha » et les jeunes islamistes. L'absence d'Abdelfattah Mourou, le fondateur du Mouvement de la tendance islamique (MTI) devenu par la suite « Ennahdha », qu'on dit avoir été écarté, a été également constatée et critiquée par la présence. Quoi qu'il en soit les noms des membres du Bureau exécutif sont rendus publics où l'on remarque la présence de bons nombres de « Nahdhaouis » devenus des figures emblématiques du mouvement comme Ali Araidhi nommé Président du comité organisationnel et d'Abdellatif Mekki, appelé à être la tête du peloton du Comité d'organisation du Congrès qui sera tenu, apprenons-le, dans quelques mois. Programme politique du mouvement : Islam et modernité Avec quel programme politique ? C'est la question sur laquelle a anticipé Rached Ghannouchi qui a précisé au début de la rencontre de presse que le programme du mouvement a été annoncé depuis sa création dans les années 70 puisque Ennahdha a toujours scandé le slogan de l'Islam et de la modernité. « On tient à notre identité arabe tout en s'ouvrant sur la modernité et les acquis de l'humanité. Et ce n'est pas quelque chose de nouveau car cela était également le but escompté par le réformateur Kheireddine, depuis le 19ème siècle » a-t-il dit en ajoutant « Nous avons présenté une demande pour constituer un parti politique qui appelle à ces valeurs en 1981 et nous nous sommes heurtés au refus hargneux des autorités en 1981. Idem pour les années 1985 et 1988. J'espère que cette fois-ci on ne sera pas encore une fois persécuté, car on a présenté notre demande depuis le début du mois et on attend toujours ! » fait-il remarquer. Quant aux questions qui fâchent : le Hijab , la polygamie, la lapidation et l'ensemble des sujets à controverse liés à la femme, le mouvement islamique y répond d'une manière formelle, presque catégorique : « Nous avons signé le pacte national qui régit les partis politiques depuis 1988. Et partant de ce fait nous acceptons somme toute le Code du statut personnel. » dans la foulée, M. Sahbi Atig, membre du Comité exécutif, invoque le fait que le Code du statut personnel s'inspire de la Shariaâ puisque les premiers jets de ce code ont été présentés par des cheikh de la Zeitouna. Mona BEN GAMRA -------------------------- Les membres du Bureau exécutif du mouvement - Noureddine Bhiri - Abdelhamid Jlassi - Sémir Dilou - Karim Harouni - Ridha Saidi - Sahbi Atig - Walid Bannani - Farida Abidi - Monia Ibrahim - Ajmi Ourimi - Kamel Hajjam - Abdallah Zouari