Par Khaled GUEZMIR - Le Premier ministre M. Mohamed Ghannouchi a bien raison de prendre en charge (provisoirement) de fait le département des Affaires étrangères après les grosses bourdes de son Ministre un peu trop grisé par un opportunisme mal placé ! Mais l'erreur est humaine et il faut quand même reconnaître à Si Ahmed Ounaïes son militantisme ardent pour les droits de l'Homme et les libertés publiques du temps où il écrivait au journal « citoyens » ou « Mouatinoun » ! Nous fermons donc cette malheureuse parenthèse pour revenir à notre diplomatie qui a de tout temps eu de très bons ministres et de grands diplomates. J'en citerai d'abord l'un des fondateurs feu le grand militant Monji Slim, Béji Caïd Essebsi, toujours en verve avec un sens aigu de la réplique et de la rhétorique, Ismaïl Khelil, sans doute le plus connaisseur des méandres de la vie politique américaine et du congrès des Etats-Unis et surtout Si Ahmed Ben Arfa qui alliait l'efficacité, la célérité et un certain humour qui n'épargne personne… pas même ses amis ! J'ai connu ce dernier grand diplomate de carrière quand il était en charge de la coopération internationale et c'est sans doute grâce à lui et à ses collaborateurs zélés, que nous avons pu envoyer quelque huit cents de nos meilleurs étudiants aux Etats-Unis dans les plus prestigieuses universités américaines ! Evidemment l'ancien régime a oublié tout cela, et il a envoyé tout ce beau monde, qui a tant fait pour le rayonnement extérieur de la Tunisie, à différents « déserts » et autres différents « frigos » ! Résultat : juste avant la révolution héroïque du peuple tunisien en janvier 2011, la Tunisie n'avait presque plus d'amis véritables ! L'Amérique, notre amie de toujours depuis Bourguiba et même bien avant depuis le XVIII siècle, nous tournait le dos et Mme Clinton en personne a critiqué à plusieurs reprises la politique d'atteintes majeures aux droits de l'Homme du dictateur Ben Ali et les révélations de Wikileaks le prouvent bien ! L'Allemagne notre grande amie aussi, qui a toujours soutenu notre effort de développement était très agacée et gênée par la dérive totalitaire du gouvernement Ben Ali et de son entourage. Les chaînes de télévisions allemandes passaient souvent des programmes sur les dépassements outranciers des « Trabelsi » et surtout de la « Régente de Carthage ». Le gouvernement allemand ne pouvait pas l'ignorer et la chancelière allemande Mme Angéla Markel connue pour son austérité, sa droiture et son intégrité morale irréprochable, ne portait pas dans son cœur ce dictateur corrompu et c'est avec un silence pesant qu'elle exprimait de fait sa désapprobation de cette politique, tout en exprimant sa sympathie pour notre pays et notre peuple. D'ailleurs, l'Ambassade d'Allemagne à Tunis a envoyé un signal haut, et fort de sympathie à notre révolution démocratique en mettant en berne les drapeaux allemands au-dessus des bâtiments de la Chancellerie germanique à Tunis ! Un ancien locataire du département tunisien des Affaires étrangères du temps du dictateur plus habile à étouffer la liberté d'expression et à mettre au « violet » tous nos journaux et nos chaînes de TV publiques et privées, n'a pas mieux fait que de nous mettre à dos la France elle-même ! Et on se souvient de ses attitudes et frasques très peu courtoises avec M. Bernard Kouchner ancien ministre français des Affaires étrangères qui ne le portait pas dans son cœur ! Mêmes nos relations fraternelles avec la Libye, si importantes à tous les niveaux, économique, social et culturel ont connu avec lui les moments les plus délicats de leur Histoire et apparemment le leader de la Révolution libyenne ne voulait même plus le recevoir, ni avoir à faire à lui… ! C'est dire que cette révolution des jeunes et du « jasmin » a été encore une fois miraculeuse pour nous attirer à nouveau la sympathie et le soutien actif de nos amis traditionnels européens, de nos frères arabes et du monde entier ! Les visites se succèdent à nouveau à Tunis et notre diplomatie renaît de ses cendres après avoir été marginalisée et totalement anesthésiée par le dictateur et ses conseillers très peu diplomatiques ! Dieu bénisse la révolution qui nous a offert ce beau printemps… « wa inna bâad Al Osri Yusra » ! Merci à Dieu de nous avoir libéré de cette dictature infâme !