Par Khaled Guezmir - « Tounes el youm brat mettenkida … chaachaâ alamha foug kasr-saida » La grande chanteuse Saliha - Décidément cette révolution du « jasmin et de la dignité » est miraculeuse à plus d'un titre ! D'abord elle constitue une véritable thérapie à notre lassitude et à toutes nos démissions face à la main de fer qui a encagé le peuple tunisien et ses élites pendant plus de 23 ans ! Que de bonheur de se réveiller tous les matins en sachant que la Tunisie n'est plus une dictature ni la possession ou le fonds de commerce d'une famille mafieuse et sans scrupules ! Quelqu'un de mes amis m'a exprimé ce sentiment en disant : « Je n'ai plus faim et je n'ai pas d'appétit en ce moment… L'air purifié de notre pays après toutes ces années de pollution me suffit … » ! Finalement Ben Ali et sa cour n'avaient pas besoin d'accumuler tous ces milliards de milliards pour être heureux… mais que voulez-vous ils n'ont jamais lu Louis Aragon : « Nous étions faits pour être libres… nous étions faits pour être heureux… comme la vitre pour le givre… comme le printemps pour être amoureux… ! » J'en viens à un autre miracle plus en relation avec la gestion de notre présent et notre avenir : La libération même de notre gouvernement ! C'est visible à l'œil nu, le Premier ministre M. Mohamed Ghannouchi a non seulement pris du « volume » mais on le sent plus heureux d'avoir été débarrassé de sa « terreur » quotidienne : Ben Ali, son épouse et le clan ! Les Tunisiens ont fini enfin par reconnaître et entendre sa « voix » lui qui était comme interdit de parole pendant dix ans ! On découvre certes le gestionnaire qui a surtout compétence pour la coopération internationale et l'investissement extérieur, mais aussi un homme pathétique, qui veut démontrer qu'il est plus qu'une « ombre » de Ben Ali, ce qui peut donner bien des regrets aux Tunisiens patriotes et honnêtes d'avoir condamné trop vite un homme qui aurait pu avoir un destin national ! Vous voyez la dictature a pour « vocation » maléfique de broyer même ceux qui ont pu servir loyalement la Tunisie pendant les deux décades précédentes ! Combien de hauts cadres et de compétences reconnues à l'échelle mondiale, la dictature Ben Ali a-t-elle sacrifiés ! Où sont les brillants centraliens, énarques etc., et diplômés des plus grandes universités mondiales, majors de leurs promotions dans les plus grandes écoles françaises, américaines et allemandes et qui auraient pu donner le meilleur d'eux-mêmes à la Tunisie et qui finalement sont classés aujourd'hui « hors d'usage » par la faute d'un tyran et d'une « Légende » mégalomane insatiable ! Je suis bien triste de penser à ce « lynchage » de nos hautes compétences mais aussi à tout ce qu'ils ont coûté à la nation et à leurs parents qui ont dépensé sans compter pour leur formation d'élite ! Je rappelle qu'un étudiant aux Etats-Unis coûte plus de 5000 dollars par an et qu'en France il n'est pas loin de coûter 20.000 euros, c'est dire les sacrifies des budgets successifs de l'Etat et de leurs familles ! Finalement je comprends nos enfants et leurs amis qui ne veulent plus faire de politique !... compétence et politique ne font pas bon ménage surtout quand on n'a pas le courage de dire « Non » à un dictateur et son système corrompu ! ---------------------------- Nos lecteurs ont du talent Je veux remercier de tout cœur les lecteurs amis exigeants et critiques de notre chronique « Mémoire du temps présent » et je m'excuse de ne pouvoir les citer un à un faute d'espace. Néanmoins certaines lettres, SMS et E-mail démontrent la vitalité, la culture et l'attachement sans concessions de nos lecteurs à la liberté de penser et d'écrire et je veux dire au passage toute mon estime et mon admiration à MM. Hamadi Khammar, Habib Mallakh, Tounsi Hor, Ezzeddine Abdelkafi, Djef Saâdia, Herald Diersch, Mourad, Joseph Cattan, Gtay, Benjo et Ammar Bouallègue ainsi qu'à Mlle Claude Naccache pour leurs encouragements mais aussi pour leurs réflexions pertinentes et surtout leurs critiques appuyées et démonstratives pour dire que toutes les « vérités » sont relatives et que seule la liberté de les dire et les formuler appartient à la quête de l'absolu qui sommeille en tout homme ! André Breton allait jusqu'à dire « familles je vous hais » pour se libérer de toute entrave dans l'expression de sa pensée. Pour ma part je dirai : « Lecteurs je vous aime » votre liberté critique sauve ma propre liberté ! Merci encore