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Moncef Marzouki : «Je ne présenterai pas ma candidature au prochain bureau… car je me suis toujours battu contre la personnalisation des institutions»
Demain, premier meeting du parti “Le Congrès pour la République” (CPR)
Publié dans Le Temps le 26 - 03 - 2011

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Docteur en médecine, Moncef Marzouki est aussi un militant de la première heure des droits de l'Homme. Il était de tous les combats pour instaurer en Tunisie la Ligue tunisienne des droits de l'Homme dont il était le président, et pour fonder le Comité national pour la défense des prisonniers d'opinion… Il paraît presqu'évident que Marzouki en a bavé avec le système Ben Ali. Son parcours de combattant s'est soldé par son exil.
Cela ne l'a pas empêché de poursuivre son chemin dans la ruée vers l'institution d'une démocratie en Tunisie. De retour depuis le 18 janvier, Marzouki ne compte en aucun cas rebrousser chemin pour remettre en marche son parti. Demain au Palais des Congrès de Tunis, se tiendra à 10h00 le premier meeting de son parti ‘'le Congrès pour la République'' jusque-là interdit du temps de Ben Ali. Moncef Marzouki, en brossera le portrait à grands traits. Notre interview se veut un avant goût de ce meeting et un signe avant coureur d'un programme qui promet beaucoup pour notre avenir de Tunisiens. Marzouki nous en donne quelques étincelles.
Le Temps : Est-ce qu'on peut avoir une idée sur le programme du CPR que vous allez décliner demain ?
Moncef Marzouki : Je vais donner les grandes lignes du programme qui sera validé par le congrès du CPR les 24 et 25 juin prochains. Nous avons des commissions d'experts qui travaillent actuellement d'arrache-pied sur les questions sociales et économiques. On a quasiment 20 commissions décentralisées, qui planchent par exemple sur la question des dettes, une autre sur la réforme du système de santé, ou encore sur l'agriculture… Un véritable travail de fourmis qui sera par la suite avalisé par le congrès. Le plus important pour nous est de pouvoir réfléchir et de donner des propositions concrètes réalistes et réalisables, budgétisées pour éviter les promesses creuses. On ne fonctionne pas dans la démagogie. Il va sans dire qu'on manque de données, puisqu'elles ont été falsifiées ou inexistantes du temps de Ben Ali. Notre programme consiste par ailleurs, à instaurer un système d'audit pour récolter des informations correctes et des statistiques réelles sur la santé et l'éducation, etc.
Combien de partisans avez-vous jusque-là ?
Ce n'est pas le nombre des adhérents qui compte mais la qualité des personnes qui s'engagent avec nous. En 2001 lorsqu'on a créé le parti on était une trentaine de personnes. Ce nombre s'est rétréci aux pires moments de la dictature pour n'en rester que dix. Mais on est parvenu, bon gré mal gré, à donner des coups sérieux à Ben Ali et on a fait des appels à la Révolution à travers Facebook. Aujourd'hui, des centaines de personnes demandent à avoir leurs cartes, on a même un problème de logistique pour gérer le flux des adhérents potentiels, sauf que notre finalité n'est pas de distribuer des cartes mais de s'ouvrir sur les bonnes volontés des gens qui souhaitent travailler et réfléchir avec nous. On est très sélectif.
On a entendu dire que vous êtes sur le point de changer les membres de votre bureau exécutif. Qu'en dites-vous ?
Le bureau actuel est provisoire. C'est le congrès du 24 et 25 juin qui décidera de sa composition. Une chose est sûre est que ce bureau sera rajeuni et féminisé. Il y aura certainement une autre personne à la tête du CRP puisque je ne présenterai pas ma candidature. Car je me suis battu pour la non personnalisation des institutions. Chacun doit faire un mandat ou deux dans une structure et partir tout de suite après pour laisser la place aux autres. Je ne peux pas me permettre une chose que je refuse aux autres. Il faut rester en cohérence avec ses propres idées.
Comment allez-vous, dans ce cas, vous présenter aux présidentielles sachant que vous avez fait une déclaration à la presse française en ce sens ?
J'ai fait une déclaration à la presse française, à RTL précisément mais la question m'a été posée autrement et j'ai répondu en disant que je me suis présenté aux élections présidentielles en 1994 et j'en fus empêché par Ben Ali qui m'a mis en prison et donc je me présenterai encore une fois le jour où on aura une vrai constitution et que toutes les garanties des élections seront observées. Dans ce cas j'exercerais mon droit de citoyen, si jamais mon parti le souhaite. Mais je n'en fait pas une affaire personnelle encore moins une obsession. Le but pour moi est d'asseoir mon parti et de l'amener à bon port. Car les forces politiques sont un élément fondamental de la construction démocratique. Bien avant il faut attendre pour savoir quel régime va-t-on choisir. Personnellement, je suis pour un régime mixte parlementaire et présidentiel, qui ne donne pas la possibilité à un président de devenir dictateur ou à un premier ministre de l'être autant, puisque le pouvoir exécutif est partagé, le parlement a beaucoup de pouvoir et la magistrature est indépendante du pouvoir exécutif.
Que pensez-vous du débat sur la laïcité ?
C'est un débat empoisonné car il y a une confusion chez bon nombre de Tunisiens qui croit que la laïcité veut dire athéisme. Je me considère comme un musulman laïc. Je me suis toujours opposé à un Etat religieux à l'iranienne où on impose une tenue vestimentaire à la femme et j'ai toujours été contre l'Etat laïque de Ben Ali qui ne permettait pas aux femmes qui le souhaitent de porter le voile. Je suis pour un Etat civil qui protège les droits de tout un chacun, les croyants et les non-croyants et n'exerce aucune pression sur les droits des uns et des autres.
On remarque, par ailleurs, que les contours d'un panarabisme se dessinent aujourd'hui. Qu'en dites-vous ?
Le panarabisme de la pensée dictatoriale des années 50, 60 et 70 a fait son temps. Ses partisans étaient sous l'emprise d'une pensée totalitaire qui se fait avec des hommes providentiels comme Jamel Abdennasser ou Saddam Hussein et sous la coupe d'un Etat à la Bismarck comme l'Egypte. Personnellement, je suis pour un panarabisme de la pensée démocratique, car je suis un panarabiste non nationaliste. C'est que je suis pour une unité arabe qui garde les spécificités de chaque pays, comme la tendance arabo-amazigh chez les Marocains ou encore la spécificité islamo-chrétienne chez les Libanais. Nous sommes unis par la langue même si chaque pays a son dialecte, et surtout par l'affect. Rien ne nous empêche de créer un espace économique ouvert puisque les dictateurs sont partis ou sont sur le point de le faire. Ce sera ainsi une unité pour la diversité et le respect des spécificités et non pas une unité égocentrique.
Pensez-vous qu'il y a déjà un panarabisme des peuples qui s'est manifesté avec cet élan de solidarité sans pareil qu'on a observé suite aux révolutions tunisienne et égyptienne ? Croyez-vous que l'Occident est en face à une opinion publique arabe qu'il se doit de prendre en considération ?
L'Occident ne peut plus appuyer des dictateurs car les peuples arabes se sont réveillés. Il est dans l'intérêt de l'Occident aujourd'hui d'aider les pays arabes dans leur transition vers la démocratie autrement les peupels arabes vont le prendre pour un obstacle à sa liberté.
En Tunisie, il est vrai qu'on a vécu des moments euphoriques aux premiers moments de la Révolution mais tout suite après on s'est rendu compte qu'il faut qu'une révolution des mentalités s'opère sous nos cieux. Est-ce que vous êtes de cet avis ?
La Révolution tunisienne s'est opérée au niveau des mentalités, car les gens sont parvenus enfin à franchir le seuil de la peur en prenant conscience qu'il y a un dictateur et un régime répressif à abattre. Cette révolution a son côté positif mais aussi a des effets pervers. Mais il faut s'y attendre car les gens ont toujours été empêchés de parler et du coup ils vont se mettre à dire n'importe quoi. Il nous faut simplement un temps d'adaptation pour que le paysage politique dans notre pays prenne forme. Du temps de l'ancienne dictature il y avait seulement trois partis qui représentaient la vraie opposition : Le CRP, le PCOT et Ennahdha. Aujourd'hui, on en a plus que quarante ! C'est très normal. Au Japon après la guerre il y avait presque 500 partis il n'en est resté que trois. Au Portugal suite à la Révolution, il y avait 80 partis. Aujourd'hui il y en a quatre ou cinq seulement. Il faut laisser au temps de faire son œuvre et d'accepter une phase quelque peu chaotique. Je donnerais à la Tunisie, à tout cassé, deux ans pour qu'elle retrouve ses marques. Je suis très fier de cette Révolution et très optimiste pour son avenir. Aujourd'hui la classe politique est extrêmement responsable, même quand on est des rivaux on discute et ça c'est très tunisien.


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