• Croissance attendue de 0 à 1% et une capacité de création d'emploi ne dépassant pas les 15000 postes au lieu de 85000 prévus initialement • Fin mai : promulgation de la loi de Finances complémentaire et rajustement du budget de l'Etat au titre de l'année 2011 • Le programme économique et social à court terme prévoit : 40.000 emplois (20.000 dans la fonction publique et 20.000 dans le privé) ; six mesures fiscales et financières au profit des entreprises et de l'investissement ; soutien à 185.000 familles nécessiteuses et aide aux personnes revenant de Libye 400 dinars par personne et 600 dinars par famille La situation actuelle de l'économie nationale est le moins qu'on puisse dire alarmante. Morosité et régression à tous les niveaux. Au moment où les forces politiques, tiennent le bras de fer des réformes politiques, l'économie tunisienne pâtit le passage à la démocratie voulue. La paix économique et sociale est donc mise en péril. Selon les prévisions, la croissance du PIB (Produit Intérieur Brut) approchera cette année le 0. Des centaines de milliers d'emplois sont menacés, un élargissement prévu du déficit budgétaire sans omettre les baisses prévues de l'investissement, des IDE et des exportations de biens et services et ce parallèlement à l'accroissement des besoins de financement de l'économie. Donc rien ne va plus. Un point de presse a été tenu hier par Jalloul Ayed, ministre des Finances pour jeter la lumière sur l'état des lieux de la conjoncture économique actuelle et présenter les grandes lignes du programme économique et social à court terme du gouvernement provisoire. Un programme d'urgence avec 17 mesures et 5 priorités, visant à limiter un tant soit peu la casse. Le ministre des finances n'a pas caché sa crainte quant à l'évolution de la situation économique du pays. « Le gouvernement provisoire est opposé à une équation sociale et économique très difficile…Et si çà continue les conséquences seront dramatiques» Indicateurs alarmants Le ministre a donné des indicateurs effrayants d'une activité économique morose. La croissance économique variera entre 0 et 1% contre 5,4% prévus initialement dans le budget de l'Etat de l'année 2011. Les investissements enregistreront une baisse de 1500 MD dont 1000 MD sous forme d'IDE. Le déficit budgétaire passera du simple au double en passant de 2,5% prévus initialement à 5%. Les besoins de financement extérieur s'élèveront à 5000 MDT. S'agissant de l'emploi, ce maux à l'origine de la Révolution tunisienne, les troubles actuelles et la poursuite des sit-in, des mouvements de protestations, des faillites des unités productives et les délocalisations des entreprises à participations étrangères, auront des répercussions graves et même très graves sur le marché de l'emploi. Et au lieu de générer 85000 emplois prévus, l'économie nationale ne pourrait actuellement espérer la création plus de 15000 postes d'emplois. Soit une perte sèche de 70000 emplois à créer. Et pour amortir le choc, le gouvernement provisoire propose un programme économique et social urgent ventilé en cinq axes prioritaires : la sécurité, l'emploi, l'appui de l'économie et son financement, le développement régional et les actions sociales. Pour résorber le nombre crescendo de chômeurs : chômeurs techniques, chômeurs structurelles, nos ressortissants revenant de Libye en plus des anciens chômeurs et conformément aux capacités actuelles d'embauche, le programme prévoit la création de 20.000 postes d'emploi stables dans la fonction publique et 20.000 dans le secteur privé. La réalisation de ce dernier objectif reste assujettie à la volonté des entreprises privées et à leur disposition de s'immiscer dans le processus de sauvetage des acquis économiques et sociaux du pays. Par ailleurs et toujours dans le chapitre de l'emploi, 200.000 jeunes profiteront du programme AMEL prévoyant le versement d'une indemnité mensuelle de 200 dinars durant une année. Mesures en faveur des entreprises et de l'investissement Six mesures ont été annoncées concernant l'appui de l'économie et son financement dont essentiellement des mesures d'ordre fiscal et financier. On notera : la facilitation de l'acquisition des équipements importés ou fabriqués localement nécessaires à l'investissement ; réduction du taux de la TVA sur les équipements importés de 12% à 6% et ce, jusqu'à la fin de l'année en cours ; la déduction pour les entreprises sinistrées des amortissements relatifs aux machines et matériels nécessaires à l'exploitation acquis localement ou importés au cours de l'année 2011 sur trois années au lieu de sept et l'amélioration de la liquidité des contribuables et simplification de leurs obligations fiscales. S'agissant des mesures touchant au développement régional, on retiendra la révision du budget de l'Etat et de la loi de finances au titre de l'exercice 2011 d'ici fin mai. De fait une réallocation significative des dépenses en faveur des zones et régions prioritaires est prévue. Le programme de relance prévoit également la dissolution des conseils régionaux et leur remplacement par des représentations spéciales. En ce qui concerne les actions sociales, cinquième et dernier axe du programme, la première mesure concerne le renforcement des aides allouées à 185.000 familles nécessiteuses. 20.000 familles bénéficieront de dotations ou de micro-crédits nécessaires à l'amélioration de leur logement. Une aide sera par ailleurs accordée une seule fois aux personnes revenant de Libye (400 dinars par personne et 600 dinars par famille) et ce en plus d'autres facilités pour l'accès aux financements. Il va sans dire que le gouvernement provisoire aspire à travers la mise en application de ces mesures d'urgence la dynamisation de la demande nationale, moteur de la croissance pour atteindre un niveau de croissance allant de 1,5% à 2%. Pour ce qui est des négociations sociales, le gouvernement provisoire appelle au démarrage des rounds tout en respectant la capacité compétitive de l'entreprise et l'intérêt général de la nation. L'enjeu est crucial, surtout avec l'élargissement du déficit budgétaire, soutenu par la hausse des dépenses budgétaires contre une baisse incontestable des recettes. Le déficit budgétaire est estimé actuellement à 2241 MDT. « Les mesures engagées ont mobilisé un portefeuille de 2500 MDT », déclare le ministre. Et d'ajouter : «Nous n'allons pas demander un rééchelonnement de nos dettes extérieures, du fait qu'il s'agit d'une menace sur la souveraineté de l'Etat. Mais, nous nous engageons à rembourser nos emprunts extérieurs », confirme le ministre Et avec la dégradation de la notation pays, une sortie sur les marchés internationaux serait impossible. L'économie nationale aura un besoin de 4000 MDT de dettes extérieures pour mener à bien le financement de l'économie par les temps qui courent. Des prêts seront ainsi contractés par les classiques institutions internationales la banque mondiale (BM), la banque africaine de développement (BAD) et la banque européenne d'investissement (BEI). « L'application des mesures annoncées implique toutes les parties dont le rôle central du citoyen et d'une société civile active…Révolution ne veut pas dire Chaos », conclut le ministre.