•Mais c'est toujours le « je t'aime, moi non plus » - Décidément les Tunisiens ont du mal à avaler la pilule. Les Tunisiens seraient-ils en train de « tourner le dos » au pays, qui pourtant, des années durant, était « l'ami intime » de la Tunisie ? La France serait-elle en passe de se claquemurer dans son bide, fichue conséquence de la frilosité de son gouvernement face au soulèvement du peuple tunisien. Car voyez-vous, la perception des Tunisiens de la douce France a suivi récemment une courbe fâcheusement descendante. La France risquerait-elle de perdre son partenaire privilégié à qui, jadis, elle insufflait multiples leçons ? Face au feulement d'un peuple qui applique, aujourd'hui le système de la tolérance zéro- allez savoir d'ailleurs, si ce reversement à 360 degré est justifié. Notre amie intime est alors pointée du doigt. Va falloir accrocher sa ceinture, la France n'entend pas se laisser faire à tout le moins. Serait-ce une mauvaise passe ou une rupture à tout jamais ? Entre la France et les Tunisiens c'est l'impasse. Le gouvernement de Sarkozy se montre contrit, et s'échine à remettre les compteurs à zéro en patinant sur les solutions. Si la France refuse de se déballonner quant à sa présence en Tunisie, c'est que les enjeux sont de taille, par surcroît dans cette ère postrévolutionnaire. Le magazine « Le courrier de l'Atlas » a publié dans son dernier numéro du mois d'avril 2011, un sondage exclusif établi en collaboration avec Sigma Conseil mesurant la perception de la France et de sa diplomatie après la Révolution tunisienne. Cette enquête pourrait faire lieu d'une sonnette d'alarme pour la France, et elle touche diverses questions, en l'occurrence politiques. Voilà ce qu'il en ressort. La première question concerne la perception de la France vis-à-vis de la Révolution tunisienne, 34,1% des Tunisiens considèrent que la position de la France était neutre, elle n'a donc ni soutenu la Révolution, ni la contrer. Ce qui n'est pas en soi mauvais ni pessimiste, puisque ceux qui trouvent que la réaction de la France était plutôt négative ne sont que de l'ordre de 14,5% seulement. En outre, un tiers des interviewés ont une opinion sur « des positions critiquables » de la France se traduisant par un soutien à Ben Ali, la défense de ses intérêts, et notamment une posture louche. Dans les mêmes proportions, un tiers pense que la France a eu une réaction positive en sous-entendant qu'elle ait soutenu le peuple tunisien et offrir son aide à la Tunisie. En revanche, 57% des Tunisiens pensent que la France a eu tendance à « infantiliser les peuples arabes ». Ce résultat est plutôt affligeant et est même qualifié d' « accusateur » en avançant que la France a affiché une posture coloniale avec 50% des réponses et agité l'islamisme comme un épouvantail avec 31,7%. Cela étant, 33,1% des Tunisiens estiment que la France a réagi correctement. Par ailleurs, sur la question qui a le plus suscité la polémique et attiser les ardeurs, celle concernant le chef de la diplomatie française, Boris Boillon. Dans un premier temps, les Tunisiens ont été questionnés quant à la notoriété de BB, 42,7% d'entre eux affirment le connaître. Il est donc notoire, selon ce sondage, seulement, il y a anguille sous roche : cette notoriété, dont il se serait passé selon le magazine, n'est pas tout à fait objective. A dire vrai, c'est grâce à une bourde que Boris Boillon s'est forgée une réputation, pour le moins pas très enchantée. Cela est pour dire que les Tunisiens ne se sont pas intéressés à ses activités en tant que ambassadeur mais plutôt à cause de la médiatisation de son écart de conduite jugé par une frange du peuple, comme « impardonnable ». Une gaffe qui aurait donné le tournis au monde ? D'ailleurs, 19,7%, une part majoritaire, perçoivent BB comme « impoli ». Carrément ! Il a de même manqué de respect au Tunisiens, il est arrogant, il n'est pas qualifié pour ce poste, et il méprise les Tunisiens. C'est qu'ils en ont sur le cœur contre lui ! Toutefois, en se basant sur le fait que ce sondage réalisé par Sigma Conseil auprès d'un échantillon de 1000 personnes, par téléphone –donc pas intégralement représentatif- car et c'est à souligner de deux traits : n'est pas connaisseur en diplomatie qui veut, nous pouvons, à quelque endroit, comprendre que la France n'ait pas à se faire un sang d'encre. Et puis d'ailleurs, pourquoi n'a-ton pas cherché à communiquer sur les activités de Boris Boillon depuis qu'il occupe son poste concrètement ? Allez savoir ! Quoi qu'il en retourne, si la France s'est livrée à quelques vacillements dans ses relations avec la Tunisie, il n'en subsiste pas qu'elle demeure son partenaire principal et son allié de taille. Et cet argumentaire n'est pas à prendre à la légère. Les Tunisiens sont libres d'avoir l'opinion qui leur convient, il n'y a pas la dessus l'ombre d'un doute. Seulement voilà, il importe, dans l'essence, de connaître les matières avec laquelle ces mêmes Tunisiens construisent leur opinion. Certains éléments sont pris en compte, d'autres sont écartés, du coup, nous ne savons plus si nous avons le droit de se fier à ce genre d'opinion. Décidément, La relation entre la Tunisie et la France demeurera passionnelle, « le je t'aime, moi non plus », n'est-il pas leur jeu favoris. Jeux d'enfants, nous en avons l'impression mais la Tunisie aura toujours besoin de la France et la France aura toujours besoin de la Tunisie. Voilà tout ! Nadya B'CHIR * Réalisé par Le Courrier de l'Atlas et Sigma Conseil.