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« Jamais, par le passé, un seul leader arabe n'était tombé sous la pression de la rue ! » Forum international de Réalités : «La Révolution tunisienne, les enjeux de la transition démocratique et le rôle de la société civile» - Stefania Craxi secrétaire
Pour une vraie politique européenne de l'émigration - Stefania Craxi secrétaire d'Etat italien aux Affaires étrangères a été l'hôte du Forum de Réalités sur la révolution tunisienne, les enjeux de la transition démocratique et le rôle de la société civile. La secrétaire d'Etat italien a dégagé une réflexion sur les derniers évènements qui sont en train de remodeler notre monde notamment la Tunisie et l'espace euro-méditerranéen. Ces mouvements a précisé Craxi touchent actuellement une région qui s'étend du Maroc au Golfe Persique « On a demandé à Chou Enlai ministre des affaires étrangères de Mao son avis sur les conséquences de la Révolution française,il répondit : « il est encore trop tôt pour s'exprimer » Nous pouvons toutefois affirmer qu'à ce stade,il existe encore davantage de doutes que de certitudes et plus de points d'interrogation que de réponses. Le thème de la transition, en Tunisie tout comme dans les grands pays de l'Afrique du Nord et du Golfe, se serait inéluctablement posé, tôt ou tard, vu l'âge avancé de bon nombre de leaders arabes au pouvoir depuis des décennies. Une véritable bombe à retardement dont on avait cependant sous-estimé la force de déflagration et qui a explosé à l'improviste, en prenant tout le monde de court. Jamais, par le passé, un seul leader arabe n'était tombé sous la pression de la rue ! Chaque révolution fut marquée d'un évènement dramatique, d'un incident apparemment mineur qui déchaîne des forces longtemps réprimées, résultat d'un cumul de problèmes et de situations critiques gangrenés au fil des années « Ici en Tunisie, a dit Craxi tout comme dans le monde arabe, ce sont les attentes, les inégalités, un contrôle social suffoquant ainsi qu'un sentiment d'égarement et d'absence de perspectives, qui sont à la base de la colère qui a éclaté. A ce mélange explosif, s'est ajoutée la crise économique, qui a aggravé ultérieurement les conditions des couches les plus faibles de la population et le détonateur des nouvelles technologies et des réseaux sociaux. Ibn Khaldoun écrivait déjà au 14ème siècle que « le prestige des gouvernants s'estompe tôt ou tard, et lorsque cela se vérifie, le peuple se rebelle » Ibn Khaldoun naquit à Tunis et c'est justement ici, dans sa Tunisie, que l'étincelle de la révolte populaire s'est propagée avec une rapidité impensable. Plus dur fut le régime, plus violente fut la réaction. Une fois la machine policière démantelée, les aspirations populaires ont eu la possibilité d'éclore et de s'affirmer, en mettant en évidence que les libertés individuelles, le pluralisme et l'Etat de droit sont des idéaux universels. La révolution pacifique en Tunisie a montré aux jeunes arabes qu'il existe bien des alternatives réelles au terrorisme et à la violence. Cette révolution s'est distinguée par l'absence de manifestations anti-occidentales et de connotations religieuses. Il s'agit là d'un facteur positif. Mais il est également vrai que la situation est en évolution et que ce résultat n'est pas encore tout à fait acquis. La confusion et les inévitables phases d'incertitude d'une révolution mettent à rude épreuve les citoyens, qui , une fois passée l'euphorie exigent le retour à l'ordre, à la sécurité, à une autorité politique stable et à la reprise des processus de production. L'Italie regarde évidemment avec sympathie et admiration les transformations en cours. « Notre pays est prêt à soutenir avec ses partenaires européens, les gouvernements transitoires et à les assister dans leur processus délicat de stabilisation et dans la transition tendant vers un système pleinement démocratique. Il faut avant tout consolider la reprise économique, dans une optique qui ne pourra plus se limiter à l'échelle nationale mais bien plus large et globale, basée sur un modèle macro régional. Il est vrai ajoute la secrétaire d'Etat italien « la réponse européenne a été décevante face aux bouleversements en cours, à commencer par la crise libyenne, avec des fuites en avant, des réticences et une faible coordination. Pour ce qui est des thèmes fondamentaux comme celui des flux migratoires, la solidarité de l'Europe ne s'est pas manifestée sous son meilleur jour. La définition d'une vraie politique européenne de l'immigration, prévoyant des règles communes en matière d'asile et d'accueil temporaire, et permettant une planification raisonnable et la répartition des charges entre tous les pays de l'Union, est une priorité qui ne peut être reportée. Le contexte européen demeure fondamental dans cette optique. Un premier volet pourrait être certainement la réforme de la politique européenne de voisinage, à travers l'amélioration des instruments existants de coopération dans les divers secteurs, y compris ceux qui visent à soutenir le processus de transition démocratique. Le deuxième volet consisterait à augmenter les fonds disponibles destinés à des projets de développement et à impliquer davantage les acteurs privés. D'autres mesures d'accompagnement devront être adoptées telles que la libération progressive et l'intégration des marchés, une plus grande mobilité des jeunes et des étudiants. La création d'instruments d'assistance aux PME revêt elle aussi une importance particulière puisqu'elle constitue la colonne vertébrale des économies du bassin méditerranéen, en vue de faciliter aux entreprises l'accès au crédit, à la formation et à la recherche. L'Italie est en train de réfléchir sur une sorte de pacte pour la méditerranée Soutenir l'économie tunisienne Sans croissance et prospérité économique il sera difficile d'avoir la démocratie. « Ceci a précisé Craxi vaut également pour la Tunisie. L'affirmation des droits civils et politiques va de concert avec la reprise économique et la création de postes d'emploi. C'est dans ce contexte que s'inscrit la disponibilité immédiate de notre gouvernement à soutenir le processus avec un paquet d'aides économiques , en termes d'intervention d'assistance urgente, de programmation d'initiatives pour le développement des zones les plus défavorisées du pays et d'implication, quand ce sera le cas, du secteur privé italien. Une enveloppe de 250 millions d'euros a été octroyée dans le but spécifique de soutenir le secteur privé tunisien. L'Italie est prête de promouvoir, en collaboration avec les autorités tunisiennes, de nouvelles initiatives dans des secteurs spécifiques, y compris des missions d'entrepreneurs. Nous sommes le deuxième partenaire commercial de la Tunisie et un important investisseur étranger. Environ 750 entreprises opèrent dans le pays et la quasi-totalité d'entre elles ont repris le travail. Nous sommes en train d'engager aussi une campagne de sensibilisation visant à favoriser la reprise des flux touristiques qui représente un secteur primordial de l'économie tunisienne. Personnellement, a conclu la secrétaire d'Etat italienne, je suis optimiste. Le peuple tunisien a fait preuve d'une grande maturité et saura être à la hauteur des défis qui l'attendent. L'Italie sera à ses côtés »