• Nécessité d'un audit à Tunisie Télécom, là où se trouve le premier nœud de la censure - Ah, Ammar 404 ! On en a bavé. Aujourd'hui, Révolution oblige, on fait son procès posthume même si son spectre rôde toujours dans nos cieux. Serait-ce la fin de la censure ? Et bien, que Nenni, La censure existe toujours. Reste à savoir comment la contourner désormais et surtout comment dénoncer les vrais responsables d'un réseau qu'on n'a pas encore démantelé. A l'INSAT( Institut national des sciences appliquées et de technologie) les étudiants brisent les chaînes de la censure pour que Ammar sorte à visage découvert. C'était hier lors de la journée de la Cyber Révolution organisée par le club de la sécurité informatique de l'INSAT, ‘'securinets''. Le but étant de traquer les cybers malfaiteurs qui sont derrière Ammar 404 mais aussi de savoir quelle forme prend la censure aujourd'hui et quelle est son rôle. Quand Ammar sort à découvert Si Ammar était un homme on lui aurait attribué le visage d'un homme mortifié. On jouait à la dérision en fait en parlant de la censure. C'est pour faire rire, bien entendu, mais aussi pour donner à réfléchir. On se souvient de la manifestation ‘'N'har Ala Ammar'' à la quelle on a répondu par un franc sourire. L'un de ses initiateurs, Slim Amamou, le blogueur et activiste qui a bien résisté à la censure du temps de Ben Ali. Le Secrétaire d'Etat auprès du Ministre du sport et de la jeunesse garde toujours son ton enjôleur et moqueur pour remarquer au début de sa communication qu'il a invité des responsables du ministère de l'intérieur mais n'ont pas répondu à son invitation pour venir percer le secret Ammar 404 « Je salue quand même nos invités du ministère de l'intérieur qui sont parmi nous » dit –il d'un ton ironique. Le franc parler était de mise lors de cette rencontre où l'on a parlé de bien de pratiques que seuls les connaisseurs en informatique appréhendent du genre le ‘'fishing'' qui consiste à pirater le mot de passe de tous les internautes qui transitent par yahoo, google, facebook, gmail, etc. pour faire main basse sur la couche réseau Internet !Les spécialistes présents ont montré que les censeurs ont crée une fausse page « error 404 page not found » qui fait croire que la page recherchée n'a pas été trouvé alors qu'en réalité elle a été censurée. Haithem Mekki, encore un nom de blogueur qui n'a pas non plus la langue dans la poche fait remarquer qu'il s'agit en fait de tout un réseau à démanteler. « J'appelle à un audit à Tunisie Télécom, là où le premier nœud de la censure s'y opère. Aujourd'hui on veut incriminer l'Agence tunisienne de l'internet alors que le véritable jeu se fait du côté du ministère de l'intérieur de l'Agence tunisienne de communication extérieure et au Palais présidentiel de Ben Ali. Les autres institutions exécutaient ce qu'on leur demandait. Les cellules de la censure doivent être identifiées autrement Ammar 404 reprendra de plus belle ses activités de l'avant Révolution. » dit-il. «error 404 page not found» Belhassen Zouari, universitaire et ancien PDG de l'Agence nationale de la sécurité informatique (ANSI) a expliqué les faits en distinguant entre exécutants et responsables de la censure. Celle-ci requiert des connaisseurs en politique, des techniques policières et des techniciens de l'informatique. Les attaques peuvent se faire de l'extérieur par des cybers mercenaires qui piratent les sites des opposants ou de l'intérieur. L'Agence tunisienne d'informatique (ATI) ou l'ANSI sont tout simplement des vitrines de la censure qui se joue ailleurs, fait-il comprendre. Moez Chakchouk le PDG de l'ATI a, de son côté, montré que l'ATI n'est pas le véritable censeur qu'on craint. « L'Internet a fait son entrée en Tunisie en 1996. L'ATI a du bon, puisqu'on a en Tunisie un seul point d'échange du trafic Internet servi par cette institution. Le trafic transite à travers des routeurs et tout est analysé à travers des équipements qui savent filtrer des sites de pédophilie, de terrorisme, etc. Mais on n'a pas d'équipements qui peuvent informer des sites ou des pages où l'on critique Ben Ali, son régime ou sa famille. Il ya donc une intervention humaine dans ce cheminement qui nous dépasse. Je peux vous dire qu'aujourd'hui personne ne contrôle nos équipements. Mais le problème est que tout a été effacé à distance et on ne dispose d'aucune trace qui pourrait incriminer des parties. La chose dont je suis sûre est qu'il ya plusieurs Ammar et non pas un seul 404.» avance-t-il. Et si la censure a sévi c'est qu'on sait que l'information informatique est un enjeu de pouvoir. Mais ce que les anciens censeurs savent moins est que l'information bâillonnée a plus d'impact que celle à la portée de tous. Et si Ammar existe toujours, c'est pour dire, par ailleurs, que la liberté d'expression est un combat permanent et non un confort acquis. Mona BEN GAMRA ------------- Indépendance de la Justice «D'abord assainir l'appareil judiciaire !» • En fait, c'est «l'homme malade» - L'indépendance de la Justice restera un vœux pieux tant que la structure judicaire dans sa totalité n'a pas été assainie . C'est en effet, dans le cadre d'un système judicaire sain, et qui n'est entaché d'aucune anomalie susceptible de porter atteinte aux droits de l'Homme, qu'on peut parler d'une réelle indépendance de la Justice, pour consolider davantage ces droits et par là même une réelle démocratie où chacun se sent libre, mais aussi protégé, la liberté étant cette attitude responsable, où chacun tient compte, de l'intérêt de son prochains à côté du sien. A l'ère de la Révolution il importe donc de penser à une réforme judicaire qui tienne compte de tous ces éléments afin de parvenir au but escompté à savoir un Etat de démocratie, où tous les citoyens sont traités sur un pied d'égalité, loin des favoritismes ou du système des deux poids deux mesures, qui mèneraient aux abus et aux malversations de toutes sortes. C'est autour de ces thèmes qu'une rencontre a eu lieu, dans un hôtel à El Menzah entre des juristes, magistrats, avocats professeurs d'universités, les vendredi et samedi derniers , 29 et 30 avril, organisée par l'Institut Arabe des Droits de l'Homme, et l'Organisation Internationale pour la réforme pénale. Le président de séance, Slaheddine Jourchi, vice président de la Ligue des Droits de l'Homme, a fait remarquer que l'indépendance de la Justice, n'a pas été réalisée sous le régime de Bourguiba , et encore moins sous le régime du président déchu, puisqu'il y a toujours eu une prédominance de l'exécutif sur le judiciaire. Dans son exposé sur l'indépendance judiciaire, Ahmed Rahmouni, président de l'Association des magistrats a surtout mis l'accent sur la nécessité d'une rupture avec le passé, et le système de l'ancien régime en général.