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Prémices d'un nouvel itinéraire ?
Le Salon de l'Artisanat 2011
Publié dans Le Temps le 01 - 05 - 2011

L'édition du salon de l'artisanat de cette année, tenue plus tard que d'habitude, aurait dû être la 28ème du genre, mais les grands événements vécus par notre pays depuis janvier de cette année, ont causé des bouleversements importants à tous les niveaux et en l'occurrence, au niveau de l'artisanat dans toutes ses dimensions.
Le salon qui se tient du 22 avril au 1er mai porte tous les stigmates des événements récents mais aussi les traces d'une très longue histoire d'agressions et de remise en cause qui n'ont pas manqué de provoquer des ruptures dans notre artisanat traditionnel, ruptures qui ont failli le travestir et le menacer dans son essence même.
Le salon, tel qu'il se présente aujourd'hui, opte pour une démarche qui favorise enfin le production artisanale nationale au détriment de ce qu'il est convenu d'appeler la production cosmopolite et mondialiste. En effet, seuls les artisans et les professionnels tunisiens et quelques designers étrangers installés en Tunisie, se sont vus octroyer des espaces d'exposition.
Les commerçants des produits importés, les « chinoiseries » et autres gadgets de pacotilles, n'ont pas été retenus.
Ce choix est-il délibéré ? Est-il définitif ?
Même l'espace création des dernières années n'est plus attribué.
Les produits artisanaux traditionnels et modernes occupent des espaces indifférenciés et sont traités sur un pied d'égalité.
Ces nouvelles dispositions annoncent-elles une nouvelle politique de l'ONA et de l'Etat par rapport au secteur de l'artisanat et des artisans ou bien sont-elles le fruit des circonstances particulières liées aux derniers événements ?
Le salon 2011 : un inventaire sommaire
L'exposition proprement dite proposée par les 400 artisans occupe l'espace de deux halles de la foire du Kram. Ils dévoilent dans des stands quelquefois imposants des produits variés fabriqués dans des matériaux multiples et à travers des démarches riches dont certaines favorisent la création moderne ex-nihilo et d'autres maintiennent des rapports visibles avec la tradition, ses techniciens et ses savoir-faire.
Beaucoup de tentatives louables doivent être relevées surtout celles qui s'attachent à réhabiliter tout en les insérant dans la contemporanéité des produits traditionnels comme ceux des fibres végétales, du bois, de la céramique et du fer forgé… De véritables « œuvres » sont ainsi produites dans le meuble, les objets de l'art ménager de la décoration, des tapis… des objets de fantaisie comme le verre soufflé ou les bijoux.
Sans être exhaustif, l'inventaire des tentatives de créer des objets, des ensembles artisanaux intéressants n'est pas négligeable. Des démarches s'attachant à réhabiliter des produits disparus ou en train de disparaître sont nombreuses. Les meubles en bois noble de Slah Smaoui (Ken) reprennent les anciens produits ou les ambiances des intérieurs traditionnels « Beit hajjam », les solides midas, les porte-armes… Le travail de Slah Smaoui est apprécié par tout le monde surtout ceux qui sont sensibles au patrimoine et qui peuvent se le payer.
Slah Smaoui toujours exigeant nous propose en outre, des tissus et des accessoires d'accompagnement à la hauteur de ses meubles comme les miroirs et tables basses.
La verrerie de fantaisie de Tarak Kamoun semble développer une ligne de produits mieux finis utilisant les techniques artisanales des bulles d'air et des couleurs. On sent que la tradition de la verrerie « Tunisiana » est exploitée et assumée pleinement.
D'autres secteurs, comme la bijouterie moderne de fantaisie sont présents à travers deux ou trois stands et proposent des produits designs nouveaux sur le marché tunisien.
Le mosaïque d'art de la « Mnihla » reprend par imitation les œuvres de l'antiquité mais refonctionnalise certains genres de la mosaïque en les intégrant dans l'architecture moderne comme les frises des marche-escalier…
Le cuivre martelé de Kaïs Kamoun suit la même démarche. Le cuivre ancien est remodelé et fait naître de nouveaux objets fonctionnels mais aussi des objets de fantaisie.
La liste des artisans proposant des démarches de filiation ou de synthèse entre l'ancien et le moderne est longue.
Nous décelons d'autres produits intéressants comme les luminaires, les céramiques de fantaisie pouvant connaître un plus grand succès à condition d'améliorer leur finition.
L'exposition que nous propose l'ONA, en urgence, préfigure malgré tout l'évolution de la production artisanale réconciliée avec son passé et conjuguée au présent.
Dépasser la marginalisation de notre artisanat
En tout cas, nous sommes en droit d'espérer que nous sommes à la veille d'une réévaluation sérieuse de la situation qui a été faite à l'artisanat national depuis des décennies et plus particulièrement depuis les années 90 du siècle dernier.
Allons nous procéder à l'inventaire exhaustif des dégâts subis par l'artisanat dans notre pays, identifier ses problèmes et examiner les voies et les moyens de réparer les effets dévastateurs d'une marginalisation de notre artisanat depuis la fin du 19e siècle.
Cette marginalisation a été de plus en plus dramatique durant la période coloniale, combattue certes mais pas efficacement pendant l'indépendance, semble s'être aggravée sérieusement ces dernières années par l'abandon de nos rêves de sauvegarder notre artisanat en le plongeant dans la modernité. Certains dirigeants de l'ONA qui avaient la responsabilité du secteur ont essayé de limiter les dégâts et la décadence de notre artisanat. D'autres, surtout ceux de la dernière période n'ont pas su trouver la parade aux difficultés que connaît le secteur et n'ont pas su ou voulu protéger notre artisanat national en laissant les portes ouvertes à la mondialisation et en permettant aux trafiquants anti-nationaux, d'importer massivement sans aucun contrôle les produits les plus divers noyant notre marché d'articles de pacotille.
Aucune action d'envergure n'a été tentée par certains responsables de l'artisanat pour arrêter ce flot de la mondialisation et promouvoir une politique de production de qualité et une commercialisation moderne de nos produits.
Ces mesures globales sont les seules à pouvoir arrêter les importations sauvages et leurs effets destructeurs.
Certains dirigeants de l'ONA de la dernière période 2000-2011 ont réduit le travail de l'ONA à des manifestations festives, des spectacles de défilés croyant que ces gesticulations pouvaient occulter la crise de l'artisanat, sauvegarder notre patrimoine et moderniser notre production et sa commercialisation.
Les souks traditionnels et les espaces commerciaux modernes ne sont plus en mesure de proposer des produits locaux mais furent inondés de produits extrême -orientaux.
Nos artisans transformeront leur activité productive en activité commerciale sur la base de l'importation massive.
Les conséquences de cette attitude sont désastreuses !
Beaucoup de produits ont perdu leur fonction et par extension leur forme, leur matériau, leur symbole et leur signification culturelle spécifique.
La mondialisation ne favorise pas le maintien de cette spécificité mais plutôt le cosmopolitisme et économiquement le libéralisme outrancier.
Allons nous remettre en cause ce libéralisme, le maintenir ou arriver à le remodeler pour amoindrir ses effets les plus négatifs afin de relancer, en la modernisant notre propre production nationale.
Nous sommes évidemment en mesure de résister à la mondialisation, de la contenir et même de s'y nicher par la qualité, la belle forme, le bon prix et la promotion efficace.
L'espace économique qui pourrait accueillir nos produits pouvait être l'espace méditerranéen.
La Tunisie a occupé, après tout pendant de longues périodes de notre histoire, une position privilégiée en Méditerranée dans le domaine de l'artisanat et du commerce des biens de consommation.
Evoquer cette position, aujourd'hui, ne veut pas dire que nous adoptons une atteinte nationaliste exacerbée.
Nous possédons dans notre histoire, dans notre patrimoine assez de force pour nous reconquérir non pas des positions hégémoniques, mais au moins un statut de producteur autonome de produits significatifs nous réconciliant avec notre culture et notre identité.
Cette revendication d'une réconciliation avec nous-mêmes n'est pas une revendication passéiste mais bien d'adopter une démarche pour produire des objets adéquats à notre environnement national et international, fonctionnels et beaux, éloignant de nous enfin les secteurs de l'aliénation et de l'acculturation.
Houcine TLILI


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