La pire menace pour cette Révolution, c'est l'insécurité. Et les protagonistes – épidermiques, instinctifs ou embrigadés ! – sont en train d'accréditer les thèses répressives ou plutôt les dogmes répressifs du régime déchu. L'éclatement chromosomique de la société tunisienne n'est pas, contrairement à ce qu'affirment les sociologues, la résultante d'une libération tous azimuts des mœurs, des croyances et des pratiques, étouffées en temps de dictature. La vérité est que nous sommes face à une jeunesse qui n'a jamais eu de repères, qui n'a jamais eu de passé et qui n'avait pas d'avenir avant la Révolution. La supposée éradication des ethnies et de la funeste mosaïque tribale par Bourguiba ne fut qu'une spoliation identitaire procédant, entre autres, d'une savante promiscuité géographique. Puis son successeur inventa la potion magique avec cette lumière qui n'a « jamais vu le jour » dans les zones d'ombre. C'est quoi finalement le Grand Tunis aujourd'hui ? Que sont les grandes villes ? Ce que l'on appelait délinquance juvénile par fausse pudeur, pour « ne pas effrayer les touristes », pour montrer aussi que le régime tenait la sécurité en mains, s'avère être, malheureusement, aujourd'hui, une multitude de foyers de criminalité. Ce qui se passe à Bizerte en est la preuve. Et ce qui s'est passé sur le Grand Tunis l'est tout autant. En fait, la situation pourrissait durant 23 ans et les prisons n'hébergeaient pas les vrais criminels. Aujourd'hui, il faut crever tous les abcès. Et la sécurité, la vraie, sans violences, doit primer.