• Une délégation d'hommes d'affaires américains bientôt en Tunisie • « Pour Tunisie Telecom et l'aéroport de Monastir, nous nous dirigeons vers un consensus » • Gordon Gray souhaite « la fin immédiate des combats et de la guerre en Libye » « Nous nous sommes entretenu avec le Président Obama en marge de notre participation aux réunions des G8 tenues récemment à Deauville en France, et nous lui avons fait entendre que sa réussite aux Etats Unis même, dépendrait aussi, à un certain degré de la réussite de la transaction démocratique en Tunisie. Nous lui avons transmis l'idée que si les grands Etats dans le monde avaient auparavant fait avec des dictatures, ce qui nous avait causé beaucoup de peine, que ces mêmes Etats doivent actuellement soutenir les peuples de nos pays. Des peuples qui veulent vivre libres dans des Etats démocratiques » : C'est ce qu'a déclaré Beji Caïd Essebsi, Premier ministre du gouvernement provisoire en marge de sa participation à la conférence- débat organisée par la Chambre de Commerce Tuniso- Américaine (TACC). Une conférence qui a aussi connu la participation de Gordon Gray, ambassadeur des Etats Unis en Tunisie et une centaine d'hommes d'affaires. Le Premier ministre provisoire est revenu, à maintes fois, sur l'historique des relations liant la Tunisie aux Etats Unis, insistant sur leur « préservation », mais sans pour autant occulter la situation précaire actuelle que traverse l'économie nationale. Toujours fidèle à ses habitudes, Béji Caïd Essebsi a répondu à sa manière à beaucoup de questions posées, surfant sur les réponses et esquivant les polémiques. Même constat toujours fait sur ce partenariat américo- tunisien, qui tarde toujours à décoller, malgré les bons discours et les bonnes intentions. « Nous ne demandons pas de l'aide, a-t-il dit, les peuples qui ambitionnent vivre dignement, doivent y arriver par leur propre effort », et c'est sur cette même lancée, et en guise d'une réponse à une question posée par l'assistance que le Premier ministre a indiqué qu' «on est dans l'incapacité d'adopter une loi, comme c'est le cas en Egypte, interdisant les grèves et les sit-in, au moins jusqu'à la date de la tenue des élections », a aussi laissé entendre le Premier ministre. Ce qui a été frappant tout au long de cette conférence, c'était l'ambiance bon enfant dans laquelle elle s'était déroulée. A chaque fois, on rigolait et on applaudissait les propos de B. Caïd Essebsi, donnant ainsi l'impression qu'on était venu à la limite s'amuser. Alors que sur la tribune, des questions d'une gravité et d'une urgence telles qu'elles sont restées sans réponses. Notamment l'état actuel dans lequel se trouve Tunisie Télécom, où l'investisseur émirati a investi pour plusieurs centaines de millions de dinars, et où probablement la situation ne semble pas bouger. Ou encore la situation de l'Aéroport de Monastir, où l'investisseur turc ne semble pas encore avoir trouvé une voie de sortie. La réponse du Premier ministre provisoire à ces deux questions à été presque la même. « Dans le cas de Tunisie Télécom, il ne faut pas oublier que la Tunisie met aussi plusieurs millions de dinars dans le capital de cet opérateur, et y détient près de 70%. Dans le cas de l'aéroport de Monastir, les deux côtés signataires (la Tunisie et les turcs de TAV) n'ont pas tous les deux respecté certaines clauses stipulées par le contrat. Mais, précise encore B. Caïd Essebsi, nous nous dirigeons vers un consensus dans les deux cas, et l'activité devrait y reprendre prochainement », sans fixer des dates butoir et sans donner encore plus d'éclaircissements. D'autre part, on s'attend à une seconde visite du sénateur républicain John McCain d'ici la fin du mois de juin courant. Ce sera la deuxième visite que ce sénateur américain effectue en Tunisie depuis le 14 janvier. Gordon Gray a aussi annoncé qu'une importante délégation d'hommes d'affaires ralliera Tunis afin de prendre part aux travaux du Forum d'Investissement, il s'agit dit-il « d'une délégation qui comprend des chefs d'entreprises du fleuron des entreprises américaines à savoir The Fortune 500. Une délégation qui devra surtout prendre part aux travaux d'une conférence sur la logistique ». L'ambassadeur des Etats Unis en Tunisie a par ailleurs souligné les méfaits de la guerre en Libye et le poids subi par l'économie tunisienne par cette guerre. « Ce sont des pertes énormes qui sont causées, et si les échanges entre la Tunisie et la Libye se chiffraient à entre 2 et 3 milliards de dinars en temps normal, nous sommes conscients que ces pertes deviennent de plus en plus énormes notamment avec l'afflux de refugiés ralliant les frontières sud de la Tunisie ». Il rappelle dans la foulée les aides et les fonds alloués par son gouvernement aux profits des organisations humanitaires actives sur place. Des aides chiffrées à près de 45 millions de dollars affirme-t-il tout en exprimant son souhait à « une fin immédiate des combats et de la guerre en Libye ». Cette conférence-débat qui s'était déroulée sous le thème « Investissons en Tunisie », a réussi à certaines limites à confirmer les bonnes relations tuniso-américaines, et à un autre degré, même moindre, à les confirmer. La TACC pour sa part semble être obstinée à réaliser son programme « From Vision, to Action » consistant surtout à rendre les investissements américains plus importants en Tunisie. Car il s'agit, et jusqu'à aujourd'hui, de quelque 77 entreprises américaines qui créent 14 mille emplois. L'engagement des Etats Unis, à travers différentes initiatives, en Tunisie ne semble pas encore atteindre sa vitesse de croisière, car semble-t-il aussi, qu'on est encore sur ses gardes en attendant ce qui devrait se passer dans les mois à venir en Tunisie. Ceci n'empêche pas de dire que les Tunisiens doivent saisir ce moment historique afin de rendre le flux d'IDE encore plus important et avec plus de valeur ajoutée, notamment technologique. Pour cela, un chemin est à parcourir. Nous avons saisi l'occasion pour demander au Premier ministre s'il avait évoqué avec les partenaires de la Tunisie, lors de sa participation à ce sommet des G8, les mécanismes susceptibles d'instaurer les règles de bonne gouvernance contre la fraude et la corruption, notamment au sein de l'administration tunisienne. Sa réponse du Premier ministre a été tout de même concluante et il a même insisté sur la « nécessité de changer le mode de gouvernance en migrant vers de nouveaux normes et standards. Les Tunisiens en sont conscients, et on s'y dirige pas à pas » a-t-il aussi indiqué.