Il s'agissait d'un simple projet de travail théâtral au départ qui s'est transformé en véritable pièce de théâtre avec une ambiance qui n'est pas sans nous rappeler l'univers particulier d'Agatha Christie. Les élèves ont créé chacun un personnage avec ses origines, son passé, ses relations, sa mentalité, son apparence, sa manière d'être, de parler, ses zones d'ombre, ses blessures intimes, sa mémoire affective… Puis, ils ont peu à peu interprété physiquement seuls pour ensuite improviser des rencontres entre eux. Tel un puzzle, les personnages se sont imbriqués pour agencer et monter cette pièce haute en couleur. C'est dans un manoir lugubre, invités par un mystérieux M. Niemand, pour des raisons différentes, que quatorze personnages qui ne se connaissent pas au départ, se retrouvent à une réception. En attendant cet hôte qu'ils n'ont jamais ni vu ni croisé, les invités se dévoilent peu à peu bravant les convenances sociales, pour nous laisser découvrir leur vraie personnalité. En y allant, on aurait pu penser assister à un conte d'adolescents, il n'en était rien. Le thème de la mort y est abordé avec la peur qui l'accompagne. Et on assiste aux différentes appréhensions de chacun, à leur angoisse et à leur malaise psychique. Le rythme y est déjantée et délirant à un rythme bondissant et vitaminé. Quelques improvisations et beaucoup d'humour de Mehdi Aouili qui nous a épaté dans son rôle de mafiosi avec son complice Sofian Benzina qui joue admirablement. Fatma Darlot qui est dans l'événementiel nous cache l'obscure réalité de sa famille ou plus exactement celle d'un père criminel. Emma Thonneau dans le rôle de la droguée par excellence nous a bluffé au point qu'on a eu du mal à la reconnaître. Sandra Ismail fait une crise et arrive à nous transmettre la terrible angoisse qui la submerge. Yasmine Knaissi nous épate de sa longue tirade en allemand. Rayane Frikha, dans le rôle de l'aveugle, profite de sa double culture pour nous parler russe. Enfin, Selima Ben Khelifa endosse le rôle de la femme de ménage hystérique et nous a bien fait rire. Ahmed Ayari, Feriel Ben Aissa, Yasmine Bhouri, Malek Ellouze, Amine Hanafi, Yasmine Khalsi…faisaient aussi partie de la joyeuse troupe. Cet atelier était animé et la pièce mise en scène par Foued Litaiem et Sylvère Gobille. Et il va sans dire que les spectateurs en étaient ravis. « Dérives et petits détails » de Denise Bonal (1993) On avait pu assister au lycée PMF quelques jours plus tôt à la représentation de la pièce « Dérives et petits détails » mise en scène par Stéphanie Carrier- Gailmain. Autour d'une fête de mariage qui se déroule à la campagne, les invités se rencontrent et font connaissance, se parlent et essayent de comprendre que fait l'autre à cette noce. C'est dans ce genre de fête que les gens se posent des questions, de tourments en souvenirs, les commères se déchainent laissant les vieillards regretter la vie. Les pucelles s'interrogent sur le bien fondé du mariage, sur la vie. De rêves en désillusions, les personnages déjantés se déplacent sur scène à un rythme effréné. Au côté des acteurs, de magnifiques Marionnettes animent la scène, réalisées elles même par les élèves de Laurent Gailmain, de 2nde et 1ère option Arts Plastiques. Le tableau est bien ficelé sur le plan visuel avec ces quelques portraits qui oscillent entre réalisme et surréalisme. La musique a contribué à la dramaturgie de l'œuvre. Une belle maîtrise de l'espace a exprimé de manière éloquente les efforts du metteur en scène et de son équipe. Il faut savoir que cette pièce s'inscrit dans le programme de soutien « Nos écoles ont du talent » initié et subventionné par l'IFC. Enfin, de 3 à 77 ans, le spectacle aura suscité l'intérêt de tous.