Présentée sous sa nouvelle vêture, la revue mensuelle Al-Hayât-Takâfiyya, fondée par l'un des pionniers de la littérature tunisienne et arabe Mahmoud Messaadi en 1975, intitule son 221ème numéro (avril-mai 2011 ), « La laïcité et le caractère civil du pouvoir politique: les axiomes et les questions». Ce numéro compte 17 articles d'universitaires et chercheurs tunisiens et arabes dont les écrits portent, dans l'ensemble sur l'exercice du pouvoir dans le Monde arabe. A la lumière de la forte vague révolutionnaire qui traverse nombre de pays arabes, les thèmes soulevés traitent de la politique en rapport avec l'identité nationale, la laïcité, la démocratie et la dictature. Les articles relatifs à des penseurs tunisiens, Cheik Mohamed Senoussi, Mouhamed Kader Hassine, Mohamed Tahar Ibn Achour et son fils Mohamed El Fadhel Ibn Achour, passent en revue des questions à caractère religieux: le lien entre l'Etat et l'islam, les conséquences de la tyrannie et la distinction entre le système monarchique et républicain. Etant donné que l'on ne puisse guère isoler un événement des faits et phénomènes dans lesquels il prend place, les révolutions arabes ont fait couler beaucoup d'encre et ont amené à définir plusieurs concepts pour clarifier ce qu'est la laïcité « un concept occidental résultant de la séparation qui a eu lieu entre l'Etat et l'Eglise», précise l'auteur. Elle s' est heurtée aux critiques de maints sociologues tels que l'allemand Max Weber et l'américain Peter Berger, qui pensent que l'homme a besoin du sacré pour conférer un sens à la vie. Le présent numéro consacre par ailleurs, nombre d'articles à la dictature, la liberté et le pouvoir en Tunisie. D'autres remontent à l'histoire de l' Europe qui n'a prospéré qu'en se révoltant contre l'Eglise et le régime féodal dans le but de baptiser une société laïque faisant valoir l'homme-citoyen au détriment de l'homme-âme. Le vent de la liberté dù aux révolutions arabes, figure en bonne place dans le théâtre arabe engagé ; la pièce intitulée" La vengeance de Dieu" de Abd el Rahmen Charkaoui en est la preuve. Au fil des 440 pages réparties en deux tomes, le dramaturge soulève des questions portant sur les bas-fonds des sociétés arabes et, plus précisément, la mesquinerie, la corruption, la tyrannie et l'hypocrisie. La quasi-majorité des articles optent dans le présent numéro, pour une lecture de l'état actuel du Monde arabe à la lumière des mutations qui le secouent dans l'intention d'instaurer une pluralité, voire « une démocratie réconciliatrice » des différentes idéologies relatives aux partis politiques tout en favorisant la culture du dialogue et le rationalisme afin d'éviter l' anarchie.