Les médias de la honte ! C'est ainsi que beaucoup de Tunisiens, notamment sur Facebook continuent à appeler nos médias, et ce, malgré la révolution, le changement et surtout la volonté de rapporter une information objective. Plus on essaye de n'en rien cacher, d'aborder tous les sujets, d'ouvrir les débats et de couvrir l'actualité telle qu'elle est, plus dans d'autres camps, des récupérateurs, manipulateurs, ou peut-être simples citoyens révolutionnaires accusent nos médias de les manipuler. Et d'un autre côté, d'autres médias étrangers aident à "noyer" et culpabiliser les médias tunisiens vis-à-vis de nos concitoyens. Dernier exemple? Ce qui s'est passé au cinéma l'Africart D'un côté, la télévision tunisienne a rapporté "des salafistes, ou des barbus ont saccagé la salle de cinéma l'Aficart et ce, pendant la manifestation ôtez vos mains de nos créateurs et pendant le déroulement d'un film". D'un autre côté El Jazeera a relaté qu'un groupe de personnes – sans spécifier leur appartenance ou idéologie religieuses – ont attaqué la salle de cinéma Africart pendant le déroulement du film "Ni Allah ni Maître" de réalisatrice mécréante…" Les mêmes faits ont ainsi, donné et subtilement des interprétations différentes et ont alors suscité des réactions opposées. Un camp s'étant rangé du côté des artistes et un autre contre ceux qui veulent effacer l'Islam de la Tunisie. Nous n'allons point discuter la projection en soi ni l'attaque de la salle, seulement, le rôle joué par les médias dans cette affaire. Mais avant cela, nous rappelons ce qui s'est passé quand Hannibal a voulu débattre du film et comment la citation du nom du film "la rabi la sidi", ni Allah ni Maître" a engendré un grand mécontentement du fait de citer une phrase pareille sur une chaîne de télévision tunisienne. Pour les internautes, la chaîne a fait exprès d'escamoter le titre tandis qu'El Jazeera a explicité avec détails l'attaque et nous avions alors eu des réactions de milliers d'internautes donnant droit aux gens ayant attaqué la salle, comme quoi on n'attaque jamais l'Islam en Tunisie. Les médias tunisiens, surtout l'audio-visuel ont subi la même attaque lors des évènements de Rouhia où on les accusait de connivence avec le gouvernement transitoire pour faire croire aux Tunisiens qu'ils sont menacés par le terrorisme afin de temperer les sit-in et les revendications politiques. Et le même scénario se produisit quand le débat sur l'identité fut porté sur les ondes et sur écrans. Lors du procès d'Imed Trabelsi et des Trabelsi en général, les médias sont lynchés faute de couverture des procès. Alors qu'en passant des révélations sur l'ancienne famille présidentielle leur vaut l'accusation de détourner l'attention du peuple ailleurs… A mi chemin Il est clair que quelques émissions ridiculisent plus qu'autre chose les médias. Passer le cuisinier de l'ancien président parler de sorcellerie ou alors ouvrir la caisse du palais de Sidi Bou Saîd devant les caméras n'ajoutera rien au peuple. Pourtant, c'est ce que le peuple veut, ce voyeurisme comble sa curiosité et le rapproche d'un régime qui était certes omniprésent pendant 23 ans mais dont les secrets lui sont restés inaccessibles. Déballer des documents de possession de biens en découvrant des noms et cacher d'autres ne fut pas également très objectif, ni accuser les gens à tort et à travers d'être espions ou traîtres. Nous ne pouvons néanmoins dire que les médias en Tunisie sont restés les mêmes, servant le gouvernement, même si certains révolutionnaires trouvent que ces médias ne font pas leur boulot tant qu'ils ne les servent pas. C'est à croire qu'il faut toujours être pour ou contre, sinon on est taxé de traître dans l'histoire. Et d'un autre côté, parfois les plus modérés affirment que les médias font trop d'éloge à la révolution, deviennent populistes, se rachetant ainsi aux yeux du peuple, alors qu'à la base ils devraient être tout simplement neutres. Et en matière de neutralité, on est à mis chemin… Neutralité Malgré le manque qui persiste dans la qualité de ce que présentent nos médias, nous ne pouvons pas vraiment les accuser de non neutralité, surtout aux infos. Ils essayent de couvrir un peu partout et il se passe tellement de choses en Tunisie. Ce qui est bien aussi est que parfois ils invitent des experts expliquant tel ou tel évènement. Ainsi, nous pouvons dire qu'ils essayent d'être neutres, donnant la parole à tout le monde. Donc l'appellation des médias de la honte dont raffolent beaucoup d'internautes semble disproportionnée… Croira-t-on à une certaine manipulation faisant en sorte que le citoyen n'accorde jamais sa confiance aux médias, principal vecteur de l'information? Est-ce que le peuple a encore du mal à pardonner les décennies de silence? Et cela semble tout à fait compréhensible, seulement, pour pardonner, il faut en avoir la volonté et ne pas être contre chaque chose que passent nos médias, mais plutôt les suivre et en faire la critique, une critique objective, sans attaque, sans accusation… Les médias doivent-ils encore travailler leur qualité, même si les moyens restent quelconques et que le chemin n'est pas encore déblayé, mais parsemé d'embûches? Il est clair que cela devrait se faire, mais de l'autre côté, la confiance devrait être retrouvée…