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Je vis entre mes deux amours, Tunis et Paris ; c'est ma faiblesse et ma force en même temps …
Mustapha Chelbi présente Paroles d'artistes à l'Acropolium de Carthage
Publié dans Le Temps le 30 - 06 - 2011

Ecrivain et critique d'art, Mustapha Chelbi a créé et dirigé entre Tunis et Paris, de nombreux livres et revues sur l'art, la mémoire, la musique etc…artistiques comme il a réalisé un travail monumental sur l'affiche d'art en Europe et en Turquie.
Tel qu'on a brossé son portrait, « il a eu une vie en dents de scie et de l'audace aussi. Un jour musicien, un moment journaliste. Un jour enseignant, un moment chercheur et sociologue. Un jour historien, un moment homme de lettres.
Un jour homme de communication, un autre scientifique. Un jour sédentaire, le reste du temps citoyen d'ici et d'ailleurs, mais surtout, artiste et pas n'importe quel artiste, car c'en est un : Je suis entré dans l'espace pictural non pas avec des pinceaux, mais avec ma plume, fort de l'excitation tragique de l'écriture», a t-il déclaré.
Mustapha Chelbi sera aujourd'hui à partir de 18H30, aux côtés de Mustapha Okby à l'Acropolium de Carthage pour la présentation de son dernier livre « Paroles d'artistes », qui rassemble un grand nombre d' artistes plasticiens de France et de Tunisie où chacun d'eux donne sa définition de la peinture. Entretien.
*Le Temps : Paris n'a aucun secret pour un homme de lettres né à Tunis, et cette double appartenance est à la source de votre ouverture sur l'Autre. Votre témoignage autant en peinture qu'en musique, s'est avéré déterminant pour mieux cadrer notre époque.
Mustapha Chelbi : Je vis entre mes deux amours, Tunis et Paris ; c'est ma faiblesse et ma force en même temps d'être partagé entre ces deux villes et quelles belles villes ! Toutes les deux sont la source d'inspiration de mes livres dont « Le chouchou de Paris », « Ya hasra la Goulette », « Sidi Bou-Saïd » etc…
Si je dois résumer ma vie, je pense que je n'arriverai pas à faire une unité de la vie d'un homme qui, comme moi, s'est choisi plusieurs voies…
J'ai trouvé dans la musique par exemple, un territoire fertile et fécond qui m'a permis de comprendre et d'expliquer les mécanismes de la société tunisienne traditionnelle. Vous constaterez cela en lisant l'une de mes œuvres, « La musique tunisienne en situation », (2009 , conception et réalisation, Sihem El Fehri)
Autant en peinture qu'en musique, j'ai trouvé mes plus grands bonheurs d'homme, de chercheur et d'écrivain… La peinture m'a appris à regarder et la musique m'a appris à entendre jusqu'à toucher l'âme des choses, des sons, des tons , des couleurs , des formes, des gammes, des rythmes et jusqu'à la face cachée de l'être.
*Vous avez beaucoup travaillé sur la mémoire comme voie motrice de vos recherches. Comment jugeriez-vous la situation après la révolution ?
-En effet, c'est la mémoire qui m'a donné cette espèce d'énergie qui me dépasse parfois. Dans ce contexte, j'ai écrit un livre « Culture et mémoire collective », paru en France et dans lequel j'ai mentionné en première page, une phrase qui m'a beaucoup marqué tout au long de ma vie: « La culture, c'est ce qui reste quand on a tout oublié » ; une sorte de guerre que j'ai menée contre l'oubli.
Par ailleurs, Je suis content de voir que la Révolution tunisienne ait atteint l'un de ses objectifs qui est la résurrection de cette mémoire.
Les 23 dernières années, j'en ai souffert moi aussi, dans la mesure où on a effacé l'évocation de Bourguiba par exemple… Il y a eu des moments où on a occulté de la mémoire collective, quelques pans de notre histoire qui dérangeaient l'ancien régime.
On est passé de l'état de l'infirmité à celui d'une vieille personne qui a perdu sa mémoire…Or, comment l'intellectuel ou l'artiste peut –il insuffler la vraie mémoire à un jeune corps qui a besoin de comprendre ce que veut dire être tunisien ?
La Tunisie vit aujourd'hui entre le miracle révolutionnaire et la catastrophe réactionnaire. Qui l'emportera, la mémoire ou l'oubli ? et c'est l'objet d'un de mes livres intitulé: « La quête de la tunisianité ».
Il faut dire que j'ai aussi en chantier, « la conquête de la tunisianité », un livre monumental dans lequel j'évoque tous les intellectuels tunisiens, de Ben Dhiaf, à Abdelwahab Meddeb », qui sortira au cours du dernier trimestre 2011.
*Dans « Le patrimoine juif en Tunisie », vous vous heurtez aussi, à une mémoire que le temps efface. Les juifs tunisiens ont donné à notre pays une contribution notoire dans les domaines de la musique, ((Raoul Journou et Habiba Msika) ; de la peinture ( Gergges Koskas, Moses Levy, Maurice Bismuth, Victor Sarfati), en littérature (Albert Memmi, Paul Sebbag…).
-L'objet de ce livre est de mettre en évidence la participation active et créative de la communauté juive dans l'édification de la « tunisianité »: le savoir-vivre, le parler, la musique, l'art culinaire, la peinture, les fêtes, les « taalilates », la musique, les contes, les proverbes, les mythes, les métiers traditionnels, l'économie, la politique et la littérature...
En écrivant ce livre, j'ai l'impression d'accomplir un devoir de mémoire. L'exercice de la mémoire dans un terrain miné par l'oubli, prend l'allure d'une entreprise fondamentale, pour tous les acteurs de la culture au-delà de toute confession. Je veux dire par là, que l'évocation de la mémoire des Juifs de Tunisie concerne également les Arabes et les musulmans.
*Vous avez déclaré une fois : je suis entré dans l'espace pictural, non pas avec mes pinceaux mais avec ma plume… Par quel truchement, s'est opérée cette orientation vers la peinture ?
-Le premier déclic s'est opéré en 1988, lorsque j'ai vu exposé à Lausanne, un tableau de Sidi Bou-Saïd, peint par Albert Marquet. J'en étais vraiment ému jusqu'aux larmes et depuis, je n'ai plus lâché la peinture qui est devenue ma raison de vivre.
J'ai fondé plusieurs revues à vocation arts plastiques dont « Courrier des galeries », « Impressions d'artistes », « Le Forum des Arts » et « Espace pictural ». Sans oublier le grand Album des Beaux Arts en cinq tomes qui se décline comme un annuaire des galeries qui vous permet de trouver les meilleures adresses artistiques de France, comme celles de Tunisie. L'album réunit quelque cinq mille artistes français et tunisiens, de Abardia Alain à Nadia Zouari, en passant par les grands noms de la peinture au nord et au sud de la Méditerranée. Le tout agrémenté de reproductions d'affiches qui permettent aux lecteurs de découvrir un pan de la création artistique actuelle dans sa diversité, son foisonnement et ses éclats de génie.
*Comptez-vous un jour, élire domicile en Tunisie plutôt qu'en France, ou l'inverse?
-Que je sois en France ou en Tunisie, ma posture est inconfortable parce que j'investis toute ma vie dans le livre et le livre est dépassé par les nouvelles industries de communication dont Internet et ce qui s'en suit. Le libraire autant que l'écrivain sont menacés de disparition.
La révolution d'Internet a franchi toutes les frontières et la Révolution tunisienne a eu lieu grâce à Internet et face book et non grâce au livre. « Dégage » est devenu un mot planétaire et en Chine où il ya un milliard d'habitants, évoquer le mot « jasmin », est passible de délit.
Propos recueillis par Sayda BEN ZINEB


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