Le «Mouvement Tunisie Nouvelle» (parti centriste progressiste) a tenu hier, dans le restaurant féérique «Le Diamant Bleu» (aux Berges du Lac), un point de presse donné par son secrétaire général, Mustapha Masmoudi devant une assistance appréciable parmi ses adhérents ainsi que des représentants des médias. Dans la brochure mise à la disposition des adhérents figure une icône, l'emblème du parti : un cheval blanc, symbole de retour à la pureté, à la noblesse, à notre identité arabo-musulmane. La situation dans le pays est inquiétante. Les récents événements ne sont que le reflet d'une contre-dynamique « révolutionnaire », la résurgence des forces de rétention et de celles qui ne veulent pas que la Tunisie réussisse sa métamorphose démocratique. Mustapha Masmoudi, ancien secrétaire d'Etat à l'information avec Bourguiba et ancien député essayait de positiver et de cultiver un certain sens de la modération. «Tout cela, affirme-t-il, est déplorable ; M. Caïd Essebsi évite les outrances et agit en libéral et en homme d'Etat. Il sait, en effet, dégager le bon grain de l'ivraie et j'ai confiance en le sens de la mesure de notre peuple qui ne se laissera pas obscurcir la vue par les éternelles forces occultes ! ».
150.000 postes d'emploi dans l'immédiat
Dès lors le « Mouvement Tunisie Nouvelle », propose d'abord, un modèle de société et, par ricochet, un modèle de gouvernance. Ainsi, tous les domaines sont-ils appelés à la rescousse et seront-ils, dans la logique oblique du parti, à se mettre à niveau grâce à des recettes certes universelles, mais qui tiendront compte des réalités et des dysfonctionnements sectoriels. Ainsi, de l'agriculture, qui n'assure que les 15% du PNB, pour une terre qui a été le grenier de Rome. Ainsi, du tourisme, qui, lui, bat tous les records de médiocrité avec, à peine 7% du PNB. Il est évident que le nœud gordien, dans cette confusion socio-économique – confusion qui avait fini par s'institutionnaliser – tient d'abord à l'emploi avec 700.000 chômeurs sur les bras et à une archéologie économique clientéliste jusqu'à perdre ses repères basiques. Dès lors, le programme du « Mouvement Tunisie Nouvelle » exposé en dix points par Mustapha Masmoudi se focalise à la fois sur l'économique que sur le social avec pour corollaire un cadre systémique dont les adhérents du parti ne cachent pas qu'il soit de type régime parlementaire. Mustapha Masmoudi justifie cela par le fait que le régime présidentiel est enclin à la personnification et à la concentration du pouvoir et qu'il favorise tous les abus. Le régime parlementaire offrirait ainsi, aux yeux du « MTN » de meilleures garanties démocratiques. Il se définit, d'ailleurs, comme un Parti Centriste Progressiste. Et cela signifie qu'il nouera des alliances parlementaires dans le cadre d'une coalition consensuelle. C'est finalement le chemin obligé des petites formations.
L'esprit de Mansour Moalla
Tout le long de la conférence de presse, l'ombre de Mansour Moaâlla, qui parraine sans commande qui assiste sans décider – c'est tout comme ! - planait comme une espèce d'auréole. Mustapha Masmoudi le dit, d'ailleurs, ouvertement : « Si Mansour se veut proche de toutes les sensibilités libérales et démocratiques et de tous ceux – partis, hommes de bonne volonté – qui veulent mener à bon port la métamorphose du pays. « Nous nous sommes inspirés de son ouvrage-référence pour échafauder notre vision économique de l'avenir ». Il est vrai que le livre de Mansour Moâlla remet au goût du jour des principes sacro-saints de bonne gouvernance. C'est sa façon à lui d'épouser les valeurs auxquelles aspire la Tunisie et c'est aussi sa façon d'en être. Il reste qu'au-delà des normes, dont chaque parti croit détenir la panacée miraculeuse et dans cette frileuse confusion des genres, chaque parti gagnerait à se forger une identité, en dehors de celle –arabo-musulmane – galvaudée et, aujourd'hui, instrumentalisée. Le « MTN » s'est choisi le cheval pur sang (blanc). Mais c'est quelque part subtil : un cheval qui ressemble à l'icône de la dynastie hafsite et en même temps l'intensification, par le parti, du concept cybernétique. Le 14 janvier fut – selon beaucoup – une cyberrévolution. Dans cette même logique, Mustapha Masmoudi et son parti préconisent un cyber parlement et un cybergouvernement avec, pour icône,le cheval blanc. Attention, cependant : les incidents des derniers jours ont montré qu'il y a aussi, quelque part, un cheval de Troie.