On ne sait quel sort prévoir à l'opération des inscriptions sur les listes électorales. Tout ce qu'on sait est que les résultats des premiers jours ne sont guère encourageants et que le Tunisien ne manifeste ni empressement à s'inscrire, ni intérêt pour le scrutin le plus important de sa vie. Pourquoi ce désistement, cette démission du citoyen alors que l'Instance supérieure indépendante pour les élections a mobilisé toute son énergie et ses moyens dans cette opération, a engagé des fonds considérables dans la promotion et les campagnes publicitaires et a réussi à aplanir les difficultés logistiques des premiers jours ? Elle convient que le taux de participation est faible, mais elle note une constante progression et s'attend à un pic des inscriptions au cours de la dernière semaine. Ce n'est, en tout cas, pas une raison pour s'enthousiasmer, car cette campagne s'avère plus compliquée que prévu et ne dépend pas de la seule volonté de l'Instance supérieure indépendante. Il est indéniable que la chaleur torride du mois de juillet, la tendance à profiter de la saison estivale, ne sont pas pour aiguiser le sens de responsabilité et le devoir citoyen, mais les raisons de l'absentéisme sont encore plus profondes. Le Tunisien ne trouve, sûrement, aucune motivation pour un scrutin sur lequel il ne sait pas grand-chose, sauf une agitation troublante sur la scène politique, un foisonnement de débats stériles sur les plateaux et un déferlement de violence dans la rue. Pourtant, il ne s'agit pas d'un vote ordinaire mais d'un scrutin qui engage l'avenir du pays pour des décennies. Comment faire, alors, réussir cette échéance cruciale. La responsabilité incombe à tous, sans exception. D'abord, l'Instance supérieure indépendante qui doit absolument réviser sa stratégie et réfléchir à d'autres solutions de promotion avant qu'il ne soit trop tard. Ensuite, c'est au tour des partis politiques et de la société civile pour engager une campagne de sensibilisation tous azimuts loin des sentiers battus, des slogans creux et de la propagande partisane. Et, enfin, c'est au citoyen de démontrer qu'il est conscient de la gravité de l'étape et des enjeux du futur.