La Tunisie a-t-elle besoin de mettre en place une stratégie de lutte contre la violence à l'égard de la femme ? Pourquoi a-t-on choisi de développer ce programme en ce moment ? Phénomène universel, la violence contre la femme préoccupe les organisations internationales et les gouvernements. Dans ce cadre, le ministère des Affaires de la Femme, de la Famille, de l'Enfance et des Personnes Agées organise depuis hier la rencontre hispano-maghrébine sur la prévention de la violence fondée sur le genre. La manifestation se tient en collaboration avec la Coopération Technique Espagnole et l'Office National de la Famille et de la Population. Finalité ; échanger le savoir-faire dans le domaine.
Le projet de la stratégie nationale de prévention des comportements violents dans la famille et la société ; la violence fondée sur le genre, violence à l'égard des femmes à travers le cycle de vie autant de thèmes dont on a débattu lors d'une rencontre maghrébine organisée depuis hier à la capitale. Le problème se pose-t-il réellement en Tunisie et de manière accrue ? La femme tunisienne est-elle victime de ce comportement irresponsable ? Jusqu'à maintenant nous ne disposons pas de données fiables qui reflètent l'état des lieux. C'est dans ce cadre d'ailleurs que s'inscrit le projet de la stratégie établie dans le domaine et qui n'est pas encore adopté par les autorités de tutelle. « La concrétisation de ce projet s'inscrit dans la vision de la Tunisie dans le domaine du droit de la femme et par conséquent le droit de l'Homme », nous répond Mme Jazia Hammami, représentante du ministère des Affaires de la Femme, de la Famille, de l'Enfance et des Personnes âgées. Aucun milieu socio-économique n'est épargné par ce problème. Il s'agit même d'une question d'ordre universel. Reste qu'il est important de cerner l'ampleur de ce phénomène. C'est dans cet objectif que la Tunisie a établi un projet de stratégie. « La violence à l'égard de la femme varie d'une société à une autre sauf que chez nous, on ne dispose pas de chiffres pour avoir une idée précise de la situation», toujours d'après la même source. Et Mme Hammami d'ajouter ; « Notre objectif est d'avoir des informations pertinentes pour cerner le problème ». Ainsi, le ministère envisage de « former une base de données sur la violence au sein de la famille pour qu'elles soient exploitées par la suite dans les programmes d'évaluation, dans les recherches, etc ». « Dans ses plans de développement la Tunisie réserve un volet aux femmes aux besoins spécifiques. La nouvelle stratégie s'inscrit ainsi, dans le fil droit de ce choix », ajoute Mme Hammami.
Une stratégie diversifiée En quoi consiste le projet de la stratégie ? Quels sont ses objectifs ? Quels sont ses domaines d'intervention et quels sont ses mécanismes de mise en œuvre et de suivi ? Le projet de la stratégie nationale de prévention des comportements violents dans la famille et la société ; la violence fondée sur le genre violence à l'égard des femmes à travers le cycle de vie a pour but de réduire les comportements violents au sein de la famille et de la société en luttant contre toutes les formes de violence dont est victime la femme. Le ministère tend à travers ce projet à mettre en place une base de données et d'information pour mesurer l'évolution de ce phénomène, de promouvoir les dispositifs existants et de renforcer les moyens pour assurer aux victimes une meilleure prise en charge à tous les niveaux. Les autres objectifs consistent dans la réduction du comportement violent au sein de la famille et de la société, le changement et le renforcement des capacités des femmes exposées à la violence et la mise en commun des efforts des institutions gouvernementales, des instances élues, des médias et des ONG en vue de renforcer les changements nécessaires.
La stratégie sera concrétisée à travers quatre domaines à savoir ; la collecte et l'utilisation des données, les services appropriés la mobilisation institutionnelle et la sensibilisation sociale et la préservation et le renforcement des acquis juridiques. Plusieurs résultats sont attendus suite à la concrétisation de chaque domaine, notamment, l'enracinement du principe de l'équité et de l'égalité et l'élimination de toutes les formes de discrimination et de violence fondée sur le genre. Parmi les autres résultats prévus, la création de nouveaux centres d'hébergements et d'espaces d'écoute et d'accueil, la mise en place d'un système de veille et de suivi et la réinsertion sociale des victimes. Pour ce faire, une commission nationale pour l'élaboration, la mise en œuvre et le suivi de la stratégie sera formée. Elle regroupe les instances gouvernementales et non gouvernementales.
A rappeler dans ce cadre que l'Office National de la Famille et de la Population œuvre entre autres pour la lutte contre la violence à l'égard de la femme. Un projet est en cours de réalisation avec le soutien de l'Agence Espagnole de Coopération Technique, étant donné que ce pays dispose d'un savoir-faire dans le domaine. L'office vise à contribuer aux efforts nationaux de promotion de l'égalité des sexes et des droits fondamentaux des femmes au sein de la famille et de la société. La violence contre la femme est un problème universel. Il est étroitement lié aux mentalités, à l'éducation des agresseurs. Serait-il ainsi possible de changer les mentalités figées. C'est en fait un travail de longue haleine et de persévérance.