*Recrudescence alarmante des occupations de routes et des voies d'accès aux entreprises économiques * Plaintes et réserves des investisseurs étrangers Les représentants de plusieurs ministères concernés ont lancé, ce jeudi 4 août, un véritable cri d'alarme concernant les retombées négatives des occupations de routes et de voies d'accès aux entreprises économiques (sit in), auxquelles recourent certains groupes minoritaires pour soutenir leurs revendications, et ce au double plan sécuritaire et économique. Lors du point de presse bihebdomadaire intergouvernemental, tenu ce jeudi 4 août, au palais du gouvernement à la Kasbah, Hichem Meddeb, représentant du ministère de l'intérieur, a fait état d'une recrudescence alarmante du phénomène, au cours du mois de juillet. Ainsi, l'occupation des routes a augmenté de 80%, passant de 103 cas en juin à 184 cas en juillet, tandis que les occupations des voies d'accès aux entreprises économiques, notamment les entreprises à caractère vital comme les entreprises pétrolières ont augmenté de 100%, passant à 156 cas en juillet, contre 78 cas en juin. Au même moment, des groupes de contestataires ne dépassant pas 20 personnes procèdent à la coupure de l'électricité ou de l'eau, en en privant, ainsi, à tort les abonnés qui n'ont rien à voir dans les affaires qui les préoccupent. Le nombre de ces cas est passé de 6 en juin à 17 cas au mois de juillet. Le représentant du ministère de l'intérieur a souligné que les manifestations à caractère pacifique organisés dans le cadre du respect de la loi sont garanties et reconnues, mais de telles occupations tendant à couper les routes et les voies d'accès devant d'autres personnes, portent atteinte aux droits et à la liberté d'autrui. Aussi, le ministère de l'intérieur appelle les citoyens à faire preuve de sens civique et à ne pas chercher à régler leurs problèmes particuliers aux dépens des droits et des intérêts des autres. Il a ajouté que les forces de l'ordre ne ménagent aucun effort pour circonscrire ce phénomène, en usant de dialogue et de persuasion et quand les protestataires ne veulent rien entendre, les forces de l'ordre interviennent pour normaliser la situation et éliminer les facteurs d'entrave au bon déroulement de l'activité. D'autant que les revendications ne sont pas toujours logiques. Certains protestataires avaient proclamé l'aménagement d'un réducteur de vitesse sur la route qu'ils occupaient. Sur un autre plan, Hichem Meddeb a indiqué qu'au vu de la normalisation de la situation dans le pays, après la Révolution du 14 janvier, seules les autorités judiciaires peuvent, actuellement, interdire le voyage à l'étranger de tel ou tel citoyen de sorte que tout citoyen peut se rendre, maintenant, à l'étranger à moins d'une interdiction dans ce sens à son encontre, émanant de l'autorité judiciaire. Des citoyens qui étaient interdits de voyage à l'étranger, sans décision judiciaire, avaient intenté des actions en justice à l'encontre de telles interdictions jugées par eux d'abusives. Dans ce même contexte, le représentant du ministère de l'industrie et de la technologie, Khaled Gaddour, directeur général de l'énergie, a dégagé les effets néfastes des occupations illégales des routes et des voies d'accès aux entreprises économiques sur le secteur de l'énergie et la production pétrolière, plus spécialement . Il a souligné que malgré les aléas de la Révolution, le pays n'a pas connu de coupure ni de graves perturbations dans la distribution et l'approvisionnement en électricité et en produits pétroliers comme l'essence et le gasoil, bien que les occupations et les sits in aient concerné toutes les composantes du secteur énergétique, au niveau de l'extraction, de la production et de la distribution. Il a signalé le sit in qui a eu lieu dans la zone pétrolière de la ville de Skhira. Aussi, la distribution est aujourd'hui effectuée, par voie de route, à partir de la Capitale Tunis. Plaintes et réserves des investisseurs étrangers Ainsi, sur le plan de la prospection, il a été procédé au forage de 6 puits seulement contre 14 programmés, tandis qu'au niveau de l'amélioration de la production pétrolière, il a été procédé au forage de 4 puits au lieu de 14 programmés. Or, les entreprises opérant dans le secteur énergétique et pétrolier sont pour la plupart des entreprises étrangères, et l'insécurité a augmenté les coûts de production, en raison, entre autres, de l'augmentation du montant des assurances du personnel. D'ailleurs, les familles des personnels étrangers de ces entreprises ont quitté définitivement le pays, et les directions de plusieurs entreprises concernées se sont plaintes officiellement aux autorités tunisiennes et ont émis toutes sortes de réserves quant à la poursuite de leurs activités en Tunisie. A cause de ces entraves, le projet d'alimentation du bassin minier de Gafsa en gaz naturel a été arrêté. La consommation de gasoil a chuté de 19% durant les six derniers mois, suite notamment à la régression de l'activité économique et de celle des entreprises industrielles. Par contre, la consommation de l'essence a augmenté de 12% durant les six derniers mois et ce taux d'augmentation a grimpé à 35% au mois de juillet. Dans les gouvernorats du Sud, la consommation de l'essence a été multipliée par 15. Or, les entreprises pétrolières participent directement au développement des régions, notamment celles dans lesquelles elles sont implantées. La participation d'une entreprise pétrolière en particulier au profit d'une certaine région s'est montée à 9 millions dinars. En conclusion, Khaled Gaddour a insisté sur la nécessité d'œuvrer à améliorer l'environnement des entreprises pétrolières et énergétiques, afin de les encourager à poursuivre normalement leurs activités en Tunisie, et ne pas nuire à la réputation de notre pays, sur ce plan. En effet, Jamel Belhaj, chef de cabinet du ministre des finances, a évoqué, dans son intervention, la baisse des notations souveraines attribuées à la Tunisie par les grandes Agences de notation internationales, à cause des perturbations et entraves au bon déroulement de l'activité économique, regardés par les experts économiques comme des risques pour l'investissement et les opérations économiques. La notation actuelle de la Tunisie est de 3 B moins, ou B B B négatif, ce qui est mauvais pour la polarisation des investissements directs étrangers, ainsi que pour l'obtention de prêts sur le marché financier international, car avec la notation signalée, les prêteurs vont demander des taux d'intérêts plus élevés sur les prêts qu'ils accordent à la Tunisie. Pour 2011, notre pays a décidé de ne pas recourir à l'emprunt dans le marché international financier, mais il pourrait en avoir besoin en 2012. Pour relancer l'investissement en misant sur les moyens propres du pays, le gouvernement de transition a procédé dernièrement à la création d'une Caisse des dépôts et des garanties dont le démarrage effectif est prévu dans trois semaines et qui doit contribuer à la relance de l'investissement dans le pays, après le recul constaté au niveau de l'investissement public en Tunisie, ces dernières années. Des établissements similaires existent en France, Maroc et Canada, entre autres. La Caisse tunisienne des dépôts et des garanties sera alimentée, dans une première étape, à hauteur de 3 milliards dinars (3000 millions dinars) dont 2,5 milliards proviendront de l'épargne postale. Donc, cette Caisse sera alimentée par de l'argent d'épargnants et servira notamment à financer les investissements engagés en projets d'infrastructure et en matière de développement régional dans les régions prioritaires. Trois directions régionales de cette Caisse seront créées dans le Sud, le Centre Ouest et le Nord Ouest. Ses interventions bénéficieront également aux PME et favoriseront la promotion de l'emploi, et ce conformément aux objectifs du Programme économique et social du gouvernement. La Caisse interviendra seule ou en partenariat avec d'autres opérateurs. Elle sera dotée de toutes les attributions et d'un système de gestion et de contrôle moderne et efficace qui lui permettra de remplir au mieux son rôle.