Pourquoi on ne se rend compte du malaise qui règne en Tunisie qu'après un problème se présente ? Pourquoi on laisse les choses se dérouler et on commence alors à se renvoyer la balle alors que nous devrions agir préventivement pour que ces choses n'y prennent place ? Les anciens nous ont laissé des trésors basés sur leurs vécus. Un des dictons universel qu'ils nous ont laissé dit « qui sème, récolte. Qui sème du blé, récolte l'or ( le blé dur). Mais celui qui sème les épines, récolte le sang » ou encore « ne fait rentrer dans ta maison sauf le blé et l'orge, car les fèves ne font que la cacophonie ». Plus d'un demi-siècle, le monde politique en Tunisie a semé beaucoup, de l'orge, du blé, des fèves, des petit-pois, des arbres, des connaissances, etc., mais un bon nombres de bases fondamentales pour le développement d'un Etat-nation a été mis de côté. L'égoïsme politique individuel, le despotisme, le paternalisme, le simplisme et la non-gouvernance ont mené d'une part à la déification de certains personnages ; d'autre part au développement de la dictature du simplisme. Cette déification s'est basée sur un populisme lequel a été fortement soutenu par un doble réseau : d'une par toutes les masses médias, et d'autre part par des renégats sans aucun patriotisme ou civisme. La majorité des intellectuels, des ministres, des secrétaires d'états, des gouverneurs, des délégués régionaux et des oumdas, sans oublier un bon nombre du corps sécuritaire, n'ont jamais soutenu cet Etat-Nation, mais ils ont appuyés deux présidents, donc deux hommes. C'est la raison pour laquelle les deux gouvernements lors de la Première République ont totalement échoué sur le plan du patriotisme et du nationalisme d'état. Il est très difficile de comparer les deux présidents. Bourguiba qui s'est déclaré « le combattant suprême » a commis trois fautes fatales. La première était l'élimination d'un bon nombre de combattants patriotes car ils se sont opposé à lui. La deuxième, il n'a pas osé faire assoir une république démocratique et citoyenne, pourtant il avait tout les atouts en mains pour la réaliser. Son charisme, l'esprit d'homme d'état, l'intelligence requise et la force de la parole, le permettaient d'être en position de tête pour en faire de la Tunisie une démocratie moderne. Et enfin, la faute fatale de Bourguiba était de se proclamer président à vie. C'est la raison pour laquelle que les tunisiens sont tombés en cascade au pieds du dernier président pour enchanter le changement. Hélas, ce dernier ne faisait que copier le premier. La différence entre les deux gouvernements, est que ni Bourguiba sr., ni Bourguiba jr., ne se sont enrichis sur le dos des citoyens. Mais dans les deux cas, les deux présidents n'étaient pas occupés ni par le développement et la mise en place de la démocratie, ni de l'octroi de la citoyenneté au citoyens, ni de l'apprentissage de la liberté responsabilisé aux citoyens, ni de mettre en exergue le patriotisme et le civisme, condition sine qua non pour la survie d'un état-nation. La notion d'Etat-nation n'était pas présente dans leurs têtes. Ils étaient seulement occupés par la réalisation d'un projet individuel, se déifier pour rentrer dans l'histoire de cet Etat-nation sans l'édifier. Ce n'est pas donc un hasard alors de voir ceux qui les ont entouré glisser dans la réalisation de leurs propres intérêt et ceux de leurs entourages. La mise en place d'un système politique, administratif, douanier et sécuritaire corrompu, n'a mené qu'à l'appropriation de cet Etat-nation aux détriments de ceux qui l'ont vraiment bâtis avec leurs propres forces et sueurs. Alors qu'une infime tranche de la population mène une vie surréaliste, la majorité des citoyens tunisiens s'est enfoncée dans la pauvreté, l'exclusion sociale et culturelle, dans la marginalité et le désarroi. Cette pauvreté patriotique pourra se mesurer par l'absence presque totale de la notion de l'état-nation dans l'enseignement, même au niveau supérieur. Il ne faut pas cependant s'étonner que la majorité des tunisiens n'aiment pas leurs pays et essayent de fouir cette Tunisie par le biais de l'immigration clandestine qui la payent même avec leurs propres vies. Le manque de patriotisme et de civisme ont développé un sentiment d'insécurité au lieu d'un sentiment de satisfaction et de reconnaissance, donc de loyauté. L'appropriation de l'état-nation a créé un sentiment d'amertume, de dégout et de fatalisme. Le patriotisme ou l'amour envers un pays ou une patrie ne naissent pas avec l'être humain. Ils sont conquis par les expériences positives, par l'apprentissage, par les chances, par l'égalités, donc par le vécu. Cette paix psychologique interne miroite la politique et les formes de gestion mises en place pour gouverner un pays. Le patriotisme se fait donc par l'apprentissage et le transfert intergénérationnel, parental et scolaire. La seule forme de système d'état qui pourra offrir ce sentiment à leurs citoyens, c'est l'état de droits dans son sens le large du terme. Et lorsqu'on parle de droits, on ne pourra jamais échapper à ses devoirs. La proportionnalité entre droits et devoirs forme l'assiette sous-jacente de la démocratie citoyenne et donc de l'état-nation. Or, on n'observe aujourd'hui en Tunisie de l'après 14 janvier que la défense de ses propres intérêts, ses propres droits. Mais, il y en a peu de citoyens qui pensent à l'avenir de cette nouvelle démocratie naissante. Comment pouvez-vous m'expliquer les grèves successives au moment où la Tunisie a besoin de l'effort de tout le monde pour sortir de sa crise profonde sur tous les plans. Comment les sociétés de transports en commun à Tunis ou ailleurs pourront m'expliquer leur patriotisme et civisme ou paralysant la capitale et par-dessus le toit toute la chaine économique ? Comment les contrebandiers pourront m'expliquer leur patriotisme et solidarité en spéculant sur les denrées alimentaires les plus élémentaires durant le mois sacré ? Encore mieux, le patriotisme est une spontanéité. Si on est patriote, on réagit lorsque la patrie est en danger sans réfléchir pour la protéger ou venir en aide. Prenons le cas de Mme Saïda Agrebi. Est-ce qu'elle est elle-même en faute d'avoir quitter le pays alors qu'un rapport accablant du ministère des finances daté et déposé contre elle au procureur de la république d'il ya 15 ans ? Même si elle est la plus grande fraudeuse du monde, son départ légalement à partir du plus grand aéroport de la Tunisie (et encore le plus surveillé), pose un grand problème majeur de patriotisme. La police des frontières pourra aussi, dans le cadre du patriotisme, agir spontanément en prenant une décision spécifique et arrêter Mme Agrébi pour être interpelée par après par la police, le juge, etc. On est occupé par un jeu de cache-cache pour se renvoyer la balle mutuellement, alors que le cancer s'est généralisé partout. Elle est partie et essaye maintenant de la faire retourner en Tunisie ? Je vous souhaite tous bonne chance ! Ceci nous mène à dire que tous les tunisiens ne sont pas élevé dans la tradition de la démocratie, du civisme et du patriotisme. Nous avons formé un troupeau avec un très mauvais bergers. Ils nous jeté tous tout d'abord dans sa propre gueule, puis il a jeté nos carcasses dans la gueule des autres loups, sa famille, ses ministres et tous ses corps sécuritaire. Résultat est que nous tous tombé dans la pauvreté, l'exclusion culturelle et sociale, l'inégalité, l'anarchisme, la corruption et le régionalisme, etc. Je lance par le biais de cet article un appel solennel à tous ceux qui se sentent patriotes, qui incarnent la Tunisie dans leurs cœurs et leurs esprits de mettre la main dans la main pour combattre le chaos et l'incivisme. C'est le moment ou jamais pour cultiver le patriotisme et le civisme. C'est au nom de la Tunisie, de tous ses martyrs de toutes les époques, que je vous prie, chers compatriotes de mettre fin aux actes inciviques, car cette Tunisie affaiblie dans toutes ses veines, ne sera pas capables de résoudre tous les problèmes de cinquante ans d'inégalités et d'injustice. Rebâtir la Tunisie de demain passe tout d'abord par l'aimer et l'incarner dans nos esprits. C'est ce sentiment national, plein de responsabilité, libre de tout régionalise et provincialisme, qui nous sortira de notre catastrophe. Il n'y aura jamais une autre bague magique. La magie est de faire de la faiblesse actuelle de ce petit né une force pour construire le futur. A ce moment là, nous pouvons tous crier ensemble victoire et les générations futures seront les témoins. Dr. Youssef Ben Abdelejlil Historien – géographe Belgique Malaise Patriote convaincu