• Les manifestants demandent la libération de Samir Feriani Le soir du 14 janvier…Pas une âme qui vive dans la rue. Abdennacer Laouini, le fameux avocat sorti le soir même du 14 janvier scandant ‘'ô Tunisiens, Ben Ali Hrab'', (Ben Ali a pris la fuite), a été filmé dans une vidéo qui a fait le tour des réseaux sociaux. Sept mois après, du côté de l'Avenue Bab Banat, le tout Tunis a répondu à l'appel de cet avocat et celui de ses confrères, venus renouer avec ces instants magiques de la Révolution… Hier matin, en face du Palais de la justice, une foule énorme, se comptant par centaines, est venue crier une injustice qui ne compte plus ses vitesses, lorsque des enjeux de pouvoir et de manipulations font de l'innocent un coupable en puissance. Des banderoles portent des messages appelant le gouvernement à « Libérer les hommes intègres ». D'autres portent l'effigie de « Samir Feriani » l'agent de l'ordre incarcéré suite à des déclarations qu'il a faites à un journal de la place sur ce qu'il a appelé, « une cabale organisée à l'intérieur du gouvernement. ». Moncef Marzouki dans la foule Le leader historique du Congrès pour la République (CPR), Moncef Marzouki y était et des membres de son bureau exécutif. Il portait une banderole où on lisait « Libérez mon père ». Le fils de Samir Feriani sous les verrous marchait tout juste à côté de lui. Sans tomber dans le pathos et la parole superflue, les slogans qu'on scandait jetaient également, un regard vitrioleur sur les verdicts prononcés dans des affaires liées aux symboles de la dictature. C'est dire le crédit porté par un très grand nombre à cette supercherie de la justice sous nos cieux. D'après Me Sémir Ben Amor membre du bureau exécutif du CPR « Nous demandons à ce que le ministre de la justice soit limogé, nous appelons à l'indépendance de la magistrature et à la libération de Sémir Feriani ». «Le groupe des 25 », rappelons-le, ce cénacle très select composé du gratin des avocats entre novices et chevronnés, était également présent. Ce groupe venu briser la ‘'normalité'' des procédures judiciaires quant aux affaires liées au clan Ben Ali et de ses proches, et ayant présenté quelque 40 plaintes contre ces personnes en question, brandissaient telle une oriflamme un message si révélateur « Pas de réconciliation avant même de régler des comptes »… avec un ‘'clan d'infâmes salauds'', bien entendu. Le PCOT le parti de Hamma Hammami aurait été présent, sauf qu'on n'a pas repéré le représentant du parti dans la foule. « Le peuple veut… » Mais la foule compacte et hétérogène était notamment composée du peuple, qui n'a pas encore dit son dernier mot après une période d'accalmie. Ce peuple qui a battu le bitume le 14 janvier pour détrôner Ben Ali veut aujourd'hui faire pareillement à ses alliés. Le peuple veut un jugement équitable de ses anciens tortionnaires. « Le peuple n'est plus dupe des discours des démagogues et des politiciens qui viennent flatter la passion populaire par des messages qui n'ont plus aucun effet. Sinon de l'amener au sentiment d'être pris pour le dindon de la farce dans une histoire pas encore arrivé à son dénouement. », nous dit un manifestant dans sa robe d'avocat en ajoutant « Nos bourreaux n'ont pas encore ‘'compris'' que les vers si célèbres d'Abou Kacem Chebbi fonctionnent encore comme une mémoire et une référence ‘'Lorsque le peuple un jour veut la vie, force est au destin de répondre, aux ténèbres de se dissiper et aux chaînes de se briser'' » Bombes lacrymogènes On n'oublie pas aussi de rappeler, par ailleurs, que la répression était aussi au rendez-vous. Sitôt déplacée à l'avenue Bourguiba, la manifestation a été sitôt dispersée. Des bombes lacrymogènes lancées ont suffi pour éparpiller la foule. Les manifestants étaient obligés de rentrer chez eux, en laissant derrière eux cette odeur pénétrante de terre brûlée… Désemparés, sans trop comprendre, des passants se demandaient comment ils allaient rentrer chez eux. Surtout, que le soir à la télé, il y a plein de programmes aussi médiocres les uns que les autres à ne pas rater. Et puis qui le sait, peut être qu'on aura le luxe de regarder un autre épisode du feuilleton ramadanesque sur la ‘'Transition démocratique''.