De Hechmi GHACHEM - On ne croyait plus à son retour, et pourtant il est de nouveau-là, entre vos doigts, si longtemps privé de caresser un papier qui vous soit cher. Le Maghreb est là ! Mais où était-il auparavant, durant toutes ces longues et infructueuses années ? Aux oubliettes, pardi ! Son proprio, cité comme l'exemple d'un grand journaliste, a d'autres ambitions que celle de se confiner dans la fabrication et l'entretien d'un quotidien, paraissant en arabe, épaulé par un autre, qui paraitrait, incessamment, sous peu en français, et par un magazine mensuel qui ne tardera pas à prendre le rythme d'un hebdo. Et, rassurez-vous : ce proprio n'est pas Berlusconi, qui a une ville à chaque doigt et à chaque doigt, trois à quatre médias. Non, son proprio est un militant tunisien en chair et en os. Le grand Omar Shabou qui, justement avec quelques amis, vient de fonder un parti : le Mouvement Réformiste Tunisien, dont le premier souci est de « réussir là où Bourguiba a échoué ». Et c'est là qu'Omar –comme beaucoup d'autres se référant au legs Bourguibien- m'a « scier ». En effet, on aimerait bien savoir où le Combattant Suprême a échoué ? A notre humble avis, nulle part. Il a réussi partout. Non, non dira la majeure partie de ses héritiers magnanimes : il a malheureusement raté le coche de la démocratie. Laissez- moi rire ! Il n'a jamais été question de la moindre poussière de démocratie, dans le projet de libération nationale, ou celui de la construction d'un Etat moderne, chez Bourguiba. Personne ne nous dit ce que sont devenus la majeure partie de ses compagnons de route, qui ont, à un moment ou un autre, émis un avis contraire au sien. Ils ont tout simplement disparu, virtuellement, mais aussi physiquement. Est-ce ce charmant Monsieur qu'on veut aujourd'hui, après l'avoir aseptisé et encensé, présenter aux générations actuelles et futures, comme la seule alternative possible de gouvernance moderne ? Bourguiba n'a échoué nulle part. Il a réussi en tant que dictateur notoire, éclairé ou ténébreux, cela importe peu. Ben Ali fut tout simplement l'un de ses héritiers les plus chanceux. La torture, les liquidations physiques, le muselage de toute expression libre, la prise en otage de l'Histoire de la Tunisie et de son devenir sont l'apanage de Bourguiba, et non celui du flic qui a gardé ses restes, au propre comme au figuré. Ben Ali fut un despote, style Bac -20… Ok. Mais c'est le cancre, héritier de tout ce qu'a laissé au pays, le père fondateur de la nation. Monsieur Omar Shabou va réussir, là où Bourguiba a échoué. On aimerait vraiment savoir, où exactement, il ne va pas échouer. Lui qui a un projet de jeunesse pour la Tunisie, pourquoi ne le présenterait-il pas en son propre nom ? Pourquoi chercher une filiation, qui malgré les dizaines de couches de fond de teint, ne peut suffire à nous offrir, un visage irradiant de sainteté ? Nous avons eu notre dose de Bourguiba, basta ! Nous avons eu notre dose de Ben Ali, ça suffit ! Nous aimerions que ceux qui aujourd'hui, veulent guider le pays, puissent le faire en sortant de leur égo étroit, pour aller chercher ce qui se passe exactement dans la tête et les cœurs de ceux qui ont fait la révolution : à savoir les pauvres et les jeunes. A part cela, tout le reste est faiblesse… daassi [email protected]