La Cour Pénale Internationale étant une instance ayant pour but de promouvoir le droit pénal en matière de génocide et de crime contre l'humanité, il est évident que tous les Etats se proclamant de la démocratie et de la défense des droits de l'Homme y adhèrent. Or ceux parmi les Etats qui sont réticents, sont ceux dont les dirigeants n'ont pas encore remis leurs pendules à l'heure, souvent par crainte de se voir remis en cause voire d'être eux-mêmes impliqués pour les exactions qu'ils font subir à leurs peuples. Le règne de l'impunité trouve ses limites par la création de la Cour Pénale internationale. Aussi l'idée d'inciter les Etats à y adhérer à cette instance judiciaire international, s'est-elle fait sentir d'une façon de plus en plus pressante et nécessaire aussi bien par les multiples associations et les ONG d'une manière générale. Dans le cadre du séminaire sur la Cour Pénale de Justice, qui s'est tenu depuis lundi dernier à l'hôtel Ramada Plaza (voir notre compte rendu du 21 courant) nous avons rencontré Madame Abeer Al-Khraisha, Jordanienne, conseillère régionale au sein de la Coalition pour la Cour Pénale Internationale (CCPI) pour le Moyen Orient et le Maghreb, qui a bien voulu nous accorder un entretien au sujet de ladite Coalition…
Le Temps : C'est quoi au juste la CCPI ?
Mme Al Khraisha : Cette organisation a œuvré à l'idée d'inciter les Etats à se joindre à une cour pénale internationale depuis 1995, c'est-à-dire bien que le Statut de Rome adoptée en 1978, et qu'il ne fût ratifié en 2002, le quorum de 60 Etats ayant été atteint. Toutefois, le travail que mène notre organisation est de longue haleine car il nécessite de l'endurance et de la patience. A titre d'exemple la Coalition française pour la Cour pénale internationale (CFCPI) regroupe 45 associations, ordres et syndicats professionnels représentatifs des sensibilités de la société civile aux divers aspects de la justice pénale internationale. La Coalition française est membre de la Coalition internationale pour la Cour pénale internationale qui fédère plus de 2.500 ONG. Est-ce que vous trouvez autant d'échos de la part des ONG et des associations, au Moyen Orient et au Maghreb. Nous oeuvrons ans cesse à informer et à sensibiliser toutes les ONG et les associations en vue de mener une action dans le sens d'inciter leurs Etats à adhérer à la Cour Pénale Internationale, et ce par tous les moyens.
Quels sont les pays Arabes et Maghrébins qui sont membre de la CPI ?
Pour le moment il n'y a que la Jordanie, Djibouti et les Comores. Nous menons une action afin d'inciter les autres pays tels que l'Algérie, le Maroc, et nous trouvons actuellement quelques difficultés.
Qui de la Tunisie et tous les Etats qui ont été concernés par le souffle du printemps arabe ?
En ce qui concerne la Tunisie, elle est devenue membre de la CPI, depuis le 1ier septembre. C'est le premier Etat Maghrébin qui a adhère à la Cour Pénale Internationale. Ce n'est pas le cas pour l'Egypte dont les responsables ont préféré attendre l'issue des élections pour voir plus clair et le faire sur des bases solides, arguent-ils. Evidemment, en ce qui concerne l'Algérie il n'y a pour le moment aucun écho à notre appel. Au Maroc par contre, cela est tributaire de la mise en application des réformes entamées par l'exécutif. Ceci dit nous continuerons notre action et nous appelons toutes les organisations à œuvrer dans le même sens, l'adhésion à la Cour Pénale Internationale, étant la meilleure façon de mettre fin aux abus et à la violation des droits de l'Homme.