Parce que l'amour de la patrie n'a jamais cessé de couler dans leurs veines, ils se sont sacrifiés pour sa liberté, sa gloire et sa dignité. Ce plus haut degré de dévouement et de patriotisme n'est plus à démontrer. Il est plutôt à saluer, à retenir et à communiquer aux générations actuelles et futures. C'est là le thème de la deuxième édition du festival «Ado+», tenu samedi dernier, à la maison de la culture Ibn-Rachiq, coïncidant, cette année, avec la fête des martyrs. Conscients de l'ampleur de pareils sacrifices, des jeunes venus de différentes régions du pays n'ont pas trouvé mieux que le 9 avril, une date lourde de sens, pour rendre hommage aux martyrs de l'Indépendance, tout comme à ceux de la liberté et de la dignité, c'est- à-dire à ceux qui se sont récemment soulevés contre la dictature et l'oppression. Peinture, poésie, danse et cinéma ont été de la partie, en signe d'une nouvelle Tunisie où l'homme existe pour s'instruire, réfléchir, penser et créer. A l'ouverture de cette journée, figurait une exposition de peinture de Houda Bacha (lycée de La Manouba) et de Radhouane Ayari (Ecole des arts d'El Omrane). Des tableaux où le langage chromatique mime les insurrections ayant secoué le pays. Le rouge y prédomine, donnant à lire une quête interminable de pureté de la part de jeunes assoiffés de liberté. La musique a également été présente, à travers des spectacles assurés par le groupe «Les voix de la liberté» et le rappeur Atef Ben Rhouma du lycée Mustapha- Khaznadar, de La Manouba. Volet poésie, le public s'est réjoui d'un beau texte en arabe dialectal de Issam Abdennour du lycée Ibn-Charaf, de Douz. La jeune Tayssir Amri de Sidi Bouzid a, quant à elle, déclamé un poème intitulé «Figue de Barbarie». Sadok Meziane de Tunis a présenté un texte intitulé «Hommage». Inès Cherif de Tunis a, quant à elle, lu le poème «Shut up», alors que le jeune Chiheb Arfaoui de Tunis a lu son texte «La fête du martyr». Si ces jeunes ont eu recours à la poésie pour s'exprimer sur la révolution et les martyrs, d'autres ont choisi le théâtre pour donner libre cours à ce qu'ils intériorisent. L'on retient, dans ce sens, «Question de saisons», une pièce de Ayoub Rahoui où il révèle ce qu'il pense de ses compatriotes, avant et après la révolution, sur un ton légèrement ironique. Dans la même perspective, le jeune Mohamed Ali Marzougui, du lycée El Karama de Douz, a présenté un one man show intitulé «Je ne t'oublierai jamais». Nihel Lebchini et ses collègues ont interprété «La révolution carthaginoise», alors que les élèves de l'école d'El Omrane ont présenté «Point virgule». La révolution par l'image Désireux de dévoiler par l'image ce qu'il pense des différentes phases de la révolution du 14 janvier, Ahmed Zorgui de Kasserine a participé avec un film documentaire intitulé «L'histoire de mon ami Wael». Il s'agit d'un jeune Tunisien devenu handicapé, suite à une balle dans la jambe lors des évènements. Une manière de dire encore une fois que la révolution populaire est l'œuvre des jeunes et qu'il faudra toujours en tenir compte. Venus de Gabès, Houssem Ouederni et ses amis ont présenté un court métrage intitulé «Interactions» où ils reviennent sur des aspects anecdotiques du soulèvement populaire qu'a vécu récemment le pays. Après ces spectacles aussi variés que significatifs, les jeunes présents ont entrepris un débat portant sur l'après-révolution. Alors que certains ont manifesté un certain malaise quant à la poursuite des protestations, d'autres se sont montrés optimistes s'agissant quand même d'assurer l'avenir. Un optimisme bien véhiculé sur scène par le groupe de danse «Don't stop» de Menzel-Témime, qui a clôturé la journée.