Les derniers événements survenus à l'intérieur des enceintes universitaires ne doivent pas être perçus comme un acte isolé ou une simple réaction violente, sans graves conséquences de la part d'étudiants et d'étudiantes, grisés par la victoire d'un parti islamiste aux élections de la Constituante et ayant une certaine compréhension de la morale et des sublimes préceptes de l'Islam. Ce qui s'est passé est grave, car il s'agit d'usage de la violence et d'agression physique et morale contre des enseignantes et d'étudiantes dont la tenue n'est pas au bon goût de ces individus et jugée contraire à la morale. En fait, c'est plus qu'un phénomène qui va en s'amplifiant, c'est un véritable état d'esprit et d'un mode de vie que certains fanatisés veulent imposer à l'université et après à la société tout entière. S'ils s'attaquent aujourd'hui aux femmes, qui dit que demain, ils ne tenteront pas d'exiger le port de la barbe aux étudiants et aux enseignants, avant de transférer leur « combat » dans les rues au risque de provoquer une explosion de violence et un climat d'anarchie. Ceci mérite une réflexion approfondie, une dénonciation de ces agissements et une stricte application de la loi contre leurs auteurs. C'est la responsabilité du gouvernement, de la société civile et des partis politiques. Il est étonnant que ces derniers, ceux qui ont gagné aux élections en premier lieu, gardent le silence devant cette grave atteinte à l'esprit de la révolution. Les Tunisiens n'ont pas chassé la dictature pour être privés, par une poignée de fanatiques de leurs libertés individuelles chèrement acquises. Ils ne comptent pas y renoncer, ni se soumettre aux diktats des ennemis de la démocratie.