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La victoire d'Ennahdha et le triomphe de Bourguiba
Publié dans La Presse de Tunisie le 09 - 11 - 2011


Par Habib CHAGHAL
Qui menace aujourd'hui l'identité arabo-musulmane de notre peuple ? Ce n'est certainement pas le mouvement destourien qui a élaboré la première Constitution en 1959 dont le premier chapitre stipule que la religion de l'Etat tunisien est l'Islam et sa langue est l'arabe et ce ne sont pas non plus apparemment les partis politiques qui viennent de participer aux récentes élections car rien n'indique dans leurs programmes politiques une quelconque remise en cause de l'identité arabo-musulmane de notre pays même si certains d'entre eux ont pris des positions sur des événements récents au nom de la liberté qui ont été mal perçues par le commun des mortels. Celui-ci considère en effet que les libertés individuelles ne se limitent pas uniquement à celles d'autrui comme c'est le cas en Occident mais aussi et surtout à une frontière infranchissable car sacrée :la foi
Il faut rappeler que la controverse au sujet des menaces contre notre identité arabe provenant du pouvoir politique a été posée pour la première fois par les teneurs du mouvement nationaliste arabe à la faveur du yousséfisme mais ce n'est qu'au début des années soixante-dix à la suite de la création de l'association pour la préservation du Coran et de la morale islamique relayé un peu plus tard par des militants islamistes regroupés autour de R.Ghannouchi qu'on découvrit la littérature au sujet de la menace qui pesait sur l'identité arabo-musulmane des Tunisiens par le fait du Code du statut personnel promulgué en 1956 par la première Constituante à majorité destourienne.
L'identité musulmane de notre peuple était-elle vraiment en danger au point qu'un mouvement contestataire se mue en parti politique pour se hisser au pouvoir quelque quarante ans après? L'ancien pouvoir avait-il une politique contraire aux sentiments religieux de la nation au point de justifier ce vote massif de la population lors des récentes élections en faveur d'Ennahdha?
Fin connaisseur de la mentalité tunisienne, Mohamed Masmoudi l'ancien ministre des Affaires étrangères déclarait souvent que «La mémoire des Tunisiens est courte». Il est indéniable que cette affirmation s'applique totalement aux allégations concernant la menace qui pèse aujourd'hui sur notre identité puisque, et en dépit de soixante quinze ans de présence française avec ses églises, ses écoles religieuses,ses hôpitaux,ses «pères et autres soeurs» et toutes les institutions caritatives chrétiennes, le peuple tunisien a pu garder intacte son appartenance exclusive à l'Islam et à l'arabité durant la période coloniale.
Sommes-nous à ce point ignorants de notre passé récent pour permettre aux islamistes de nous transmettre cette peur concernant la perte de notre identité? Comment Ennahdha a-t-elle pu susciter l'adhésion relative des électeurs tunisiens autour de son programme politique qui ne remet nullement en cause le Code du statut personnel et les droits de la femme, éléments essentiels,aujourd'hui, de cette peur et de l'hostilité des islamistes conduits par R. Ghannouchi, au pouvoir de Bourguiba il y a plus trente ans ?
Apparemment ce sont les islamistes qui ont dû changer de projet puisqu'ils affirment aujourd'hui leur adhésion aux réformes introduites par Bourguiba pérennisant les droits de la femme à travers le Code du statut personnel en 1956.
Alors si Bourguiba avait raison, pourquoi R. Ghannouchi et ses compagnons continuent-ils de s'acharner sur le leader qualifié injustement de dictateur alors que par définition un dictateur n'est pas aimé par son peuple,ce qui n'est pas le cas de Bouguiba?
On est alors en droit de croire que R.Ghannouchi, qui déclare avoir révisé,avec d'autres, la charte du mouvement de la tendance islamique pour en fin de compte se rallier au modèle de société mis en place par Bourguiba ,ne s'était opposé à ce dernier que par amour du pouvoir,ce qui serait en soi légitime n'eût été l'utilisation de l'Islam comme base idéologique. Il faut rappeler à cet effet que le recours à la religion comme base idéologique avait été, malheureusement, à l'origine de ces années de braise qu'ont vécues des milliers de jeunes Tunisiens ayant adhéré sincèrement au projet du mouvement de la tendance islamique et de la défiguration de dizaines de femmes innocentes condamnées à l'anonymat.
En outre comment pourrait-on expliquer le paradoxe entre le programme libéral d'Ennahdha,qui ne remet pas en cause les acquis de la société tunisienne hérités de l'ère Bourguiba et cet important vote «islamiste» encadré par des milliers de militants qui avaient adhéré à l'origine à la charte extrémiste du MTI ?
Je voudrais bien exclure le double langage dont sont accusés, insidieusement, les responsables d'Ennahdha évitant ainsi les procès d'intention qui ne servent pas à élucider la question et qui suppose que les Tunisiens sont à ce point naïfs pour ne pas déceler ce double langage et d'en tirer les conséquences lors du scrutin du 23 octobre .
Il est incontestable que le Parti Ennadha a profité d'un sentiment de résistance à la modernité diffus dans certaines couches sociales appréhendant mal l'avenir des générations futures face aux menaces du modèle occidental qui exclut toute référence à la morale religieuse. La transformation rapide de la société durant les cinquante dernières années a créé temporairement un malaise chez toute une génération conservatrice — on le constate clairement dans la grande ville de Sfax — ce dont a profité Ennahdha pour en faire imputer les raisons à la politique émancipatrice de Bourguiba et à son parti le Destour.
L'ouverture de l'espace médiatique et la profusion des moyens de communication a engendré, ces dernières années, un engouement de la jeunesse de la classe moyenne dans les villes pour le mode de vie à l'occidentale qui est perçu par une partie de la population comme un comportement contraire à l'enseignement de l'Islam.
Partout en Tunisie (et aussi chez nos ressortissants en Europe) on observe la détérioration des relations dans la famille favorisée par l'augmentation vertigineuse du nombre d'étudiantes, la décentralisation universitaire ainsi que la généralisation du travail de la femme;les conflits de génération, dus à la volonté des filles y compris celles de l'intérieur de se libérer de la tutelle parentale à l'instar des filles européennes, ont fini par susciter chez certains parents une volonté de retour à l'enseignement strict de l'Islam considéré comme le dernier et l'unique rempart contre cette évolution «dévastatrice» de la famille tunisienne.
Il n'est donc pas étonnant qu' une grande partie de la population a cru en votant en masse pour Ennadha, que celle-ci allait la délivrer de ce «fléau social» sans pour autant se référer à son programme présenté lors de la campagne électorale. Ces électeurs prennent ainsi le risque de croire au double langage de ce parti.
Il est vrai que le parti Ennahdha, en exigeant une nouvelle Constituante alors que ses responsables politiques savent que la Constitution de 1959 était l'une des meilleures Constitutions au monde, ne pouvait que suggérer le retour au modèle d'une société conservatrice d'avant l'indépendance.
L'évolution de la société tunisienne est une fatalité dans ce monde ouvert surtout que la Tunisie est très proche de l'Europe et que le niveau culturel de sa jeunesse est l'un des plus développés dans la région;ainsi quand la génération des déçus de la «modernité» se rendront vite compte qu'un parti politique quel qu'il soit ne peut en aucun cas agir sur le comportement des hommes et des femmes par le biais de la législation ils se rendront à l'évidence que ce n'est pas Bourguiba qui les a trompés, loin de là ,surtout quand on lit ses discours sur l'Islam notamment celui de Monastir de1963.
Les responsables d'Ennahdha ont compris qu'il n'est plus possible de toucher aux acquis sociaux de l'ère Bourguiba car la révolution du 14 janvier a libéré définitivement la jeunesse tunisienne de la peur. En somme cette révolution a rendu le modèle de société de Bourguiba irréversible et c'est seulement aujourd'hui que triomphe la pensée de Bourguiba. Faut-il conclure en soulignant l'ingratitude de ceux et surtout celles qui n'ont pas osé brandir la photo du père de la nation lors de la révolution du jasmin alors que le Premier ministre turc l'islamiste Erdogan, le modèle de R. Ghannouchi, ne se fait pas prier pour se faire photographier sous le portait de Kamal Ataturk dont on connait l'hostilité à l'Islam.


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