Depuis le début de cette semaine, le ministre des Affaires étrangères finlandais, monsieur Errki Tuomioja, poursuit son périple dans les pays d'Afrique du Nord (Egypte, Libye, Tunisie). À l'occasion de sa présence en territoire tunisien il s'est rendu au-devant de nombreux représentants de la société civile afin d'entendre leurs différents points de vue ; dans le même ordre d'idées, il a tenu à donner une conférence au Collège International de Tunis, dans la médina, le mardi 22 novembre à 19 heures. En plein cœur du quartier de Bab Jdid, en présence de Madame Tina Jortikka-Laitinen, Ambassadeur de Finlande en Tunisie et devant un parterre de journalistes et d'invités internationaux, il a tenu à rappeler son soutien indéfectible au processus démocratique en cours et a souhaité aborder un certain nombre de points susceptibles d'enrichir davantage les rapports existants entre des deux pays, puis, en fin de séance, il s'est aimablement prêté au rituel des « questions-réponses ». Monsieur Errki Tuomioja a tout d'abord souligné des épisodes particulièrement marquants qui ont émaillé l'histoire de son pays d'origine : les terribles famines de la fin du 19e siècle, la guerre civile du début du 20e, la montée des groupuscules fascistes lors des années 30, etc. Il a rappelé que ces dramatiques soubresauts historiques n'avaient toutefois pas empêché l'avènement d'une démocratie « à la Nordique » et que les épreuves avaient finalement consolidé la société finlandaise autour d'un noyau dur de valeurs reconnues et respectées par tous : égalité des droits, accès aux soins et à l'éducation et liberté d'expression. Monsieur Errki Tuomioja n'a pas manqué de rappeler l'importance du rôle joué par les femmes dans l'édification de ce qui constitue l'une des démocraties les plus progressistes au monde (suffrage universel féminin et masculin adopté dès 1907). Commentant ensuite les évènements récemment survenus en Tunisie, il a déclaré que, d'après lui, il était désormais impossible de faire « machine arrière » et a répété sa confiance en une dynamique historique mise en place après le 14 janvier dernier. De plus, et répondant à une question posée par le public, il a notifié que la religion ne jouait absolument aucun rôle dans la politique de la Finlande, il est d'ailleurs intéressant de relever qu'à aucun moment le ministre des Affaires étrangères n'a utilisé le terme de « laïcité ». Par ailleurs, interrogé sur le sujet, il a déploré l'absence d'une position commune à l'Union européenne quant au soutien de la candidature de la Palestine à l'ONU (candidature soutenue par la Finlande). En guise de conclusion, Monsieur Errki Tuomioja, a précisé que le temps des Etats « indépendants » était désormais un songe creux, à reléguer au passé au profit d'une interdépendance enrichie par la diversité des cultures et la collaboration technologique ; il a répété son attachement à des notions telles que les échanges économiques, la collaboration entre les peuples et la libre circulation des marchandises et des hommes. Pour une approche un peu moins conventionnelle de la Finlande, on pourra se pencher avec intérêt sur la filmographie d'Aki Kaurismäki dont les œuvres à la nonchalance cocasse sont empreintes d'une langueur toute poétique (Leningrad cowboys go America, L'homme sans passé, etc.) ; pour les plus mélomanes, l'album Serendipity du jeune producteur Fanu est chaudement recommandable.