• Détermination inébranlable à défendre tous leurs droits Après deux jours de débats et d'échange d'idées, les 200 jeunes qui ont participé au forum interactif intitulé « les exigences des jeunes lors de la phase constituante » organisé par l'Observatoire National de la Jeunesse (ONJ) les 13 et 14 du mois en cours ont formulé un ensemble de recommandations qui seront présentées à la Constituante. D'ailleurs, une commission composée de 12 jeunes ayant participé au forum veilleront au suivi et à la concrétisation des recommandations qui ont porté sur leurs exigences dans les domaines suivants : la politique et la société civile, l'économie et le développement, la culture et le social. Des jeunes qui s'expriment librement, à haute voix, il y en a de plus en plus en Tunisie de l'après 14 janvier. Cette tranche d'âge qui représente plus de la moitié de la population tunisienne, (soit 54,3 % âgés de moins de 30 ans) ne cesse de dire aux nouveaux décideurs que les jeunes sont déterminés plus que jamais à défendre bec et ongles leurs droits, même les plus élémentaires. « Nous sommes là, nous le serons toujours », témoigne Amin Barkallah, secrétaire général de l'association « Ma Voix » et qui était parmi les participants au forum. Venant des 24 gouvernorats, les jeunes se sont exprimés pour formuler à la fin des travaux des recommandations reflétant leurs préoccupations et surtout leurs aspirations. Ceux qui ont participé à l'atelier ayant comme thème « les jeunes et les exigences politiques civiles » ont structuré un ensemble de propositions défendant leurs droits à exercer leur citoyenneté librement et ce en s'exprimant, en s'organisant et en participant à la vie sociale. D'ailleurs, ils considèrent qu'il est temps de changer le regard et le jugement envers eux et surtout de ne pas les traiter en tant qu'une tranche d'âge à part entière. Se basant sur le principe de la citoyenneté, ils proposent de traiter les jeunes comme citoyens actifs et qui ont leur mot à dire. A cet égard, ils recommandent de déterminer l'âge de majorité « politique » de 18 ans pour le vote, 24 ans pour la présentation de candidature aux élections législatives et municipales et 35 ans pour les présidentielles. Structures de consultation Mieux encore, ils ont recommandé d'inclure le principe « de la démocratie participative » dans la nouvelle Constitution tout en créant des structures consultatives représentant les jeunes pour qu'ils participent dans la prise de décision dans la chose publique. Créer un parlement élu des jeunes ainsi que des conseils régionaux, locaux et municipaux élus pour assurer leur représentativité à tous les niveaux étaient aussi parmi les recommandations qu'ils ont proposé. Ce n'est pas tout. Ils ont suggéré aussi d'approuver l'indépendance financière et administrative de la société civile et de la considérer en tant que 5ème pouvoir. D'autres suggestions ont été formulées dans le domaine, entre autres la séparation des organisations et les unions de l'Etat, l'indépendance de l'administration tunisienne, l'incrimination de la torture et de l'implication des activités politiques dans le gouvernement ou l'Etat. Exigences économiques De leur côté, les participants à l'atelier des exigences économiques et du développement ont exprimé des recommandations autour de quatre axes à savoir : l'éducation, la formation et la recherche scientifique, le développement et le rôle de l'Etat, l'investissement et les micros crédits et le développement régional. Ils insistent notamment, sur la réalisation d'une étude sur l'adéquation de la formation avec le marché de l'emploi, de promouvoir l'esprit de l'initiative privée dès le jeune âge (du primaire), d'adapter les stages avec la formation poursuivie par le jeune et de réserver plus de fonds pour la recherche scientifique et les études tout en impliquant les jeunes dans les grands projets. Pour ce qui est du deuxième axe, ils considèrent qu'il faut que le développement local soit basé sur l'approche participative tout en accordant une attention particulière à l'infrastructure pour booster l'investissement. Toujours dans le même cadre, « l'Etat est appelé à réviser les législations organisant l'investissement tout en décidant des encouragements aux investisseurs. La lutte contre la corruption dans tous les domaines, l'encouragement de l'investissement étranger tout en garantissant la dignité des employés, la protection des secteurs stratégiques de l'économie tunisienne (pétrole, phosphate…) et la promotion des mécanismes de la concurrence ont été parmi les recommandations présentées par les jeunes. Ils ont aussi rédigé des propositions pour renforcer le rôle des privés et de l'Etat dans le développement économique et régional. Et la culture ? Quant aux jeunes qui ont participé à l'atelier sur « les exigences culturelles », ils ont appelé à l'instauration d'une culture de communication, d'échange, et d'acceptation de l'autre avec sa différence. « Les libertés culturelles et de création doivent être mentionnées dans la Constitution », recommandent-ils. Les participants ont par ailleurs, proposé d'instaurer l'équité culturelle entre les régions, comme ils ont lancé un appel au gouvernement pour qu'il prenne une position claire et déterminée par rapport à ceux qui constituent une menace contre la liberté de pensée, de création et qui refusent l'esprit du dialogue. La protection de l'identité tunisienne riche et variée, la consolidation de la langue arabe et la révision des horaires du travail des établissements à vocation culturelle ont été parmi les propositions formulées à l'issu des travaux de cet atelier. Le social Toujours dans la même optique, les préoccupations des jeunes ayant participé à l'atelier des exigences sociales ont porté sur l'emploi, la santé et l'éducation. Certains considèrent que l'Etat doit jouer encore un grand rôle pour attenuer le taux du chômage des maîtrisards et ce, en révisant les modalités de recrutement dans la fonction publique. Ils proposent d'annuler les concours écrits et de les remplacer par d'autres sur dossiers en se basant sur deux critères : l'année d'obtention du diplôme et l'âge du candidat. Les participants appellent aussi à la révision des mécanismes d'emploi, la structure « Espoir » pour la recherche active d'emploi et les Stages d'Initiation à la Vie Professionnelles qui ne font que soumettre les jeunes à l'exploitation par les employeurs. Le secteur privé doit également participer dans la lutte contre le chômage. Les investisseurs locaux sont incités à s'impliquer davantage dans ce processus. D'autres recommandations ayant trait à l'encouragement de l'initiative privée, l'insertion professionnelle des jeunes non diplômés, les jeunes aux besoins spécifiques ont aussi été cités. Dès lors, les participants considèrent que les jeunes ont besoin d'un accompagnement efficace et d'encadrement, d'un environnement d'investissement sain pour qu'ils réussissent mieux leurs projets. Le coaching reste aussi primordial pour ceux qui envisagent de lancer leurs propres projets ou qui sont en difficultés financières. La révision des procédures administratives et l'allègement des formalités restent d'importance majeure. Les recommandations dans les domaines de la santé et de l'éducation ont porté sur l'amélioration de l'infrastructure, des prestations, des équipements et de l'équité entre les régions. « La réforme de la structure de l'éducation à différents niveaux en faisant participer tous les concernés reste indispensable », d'après les jeunes.