L'occulter ? Faire abstraction de ce qui s'était passé, un certain 14 janvier 2011, et passer l'événement sous silence ? Voilà qui n'est pas du tout dans les desseins d'une quinzième édition des JTC, qui sera placée, bien évidemment, sous le signe de la Révolution, comme un hommage, histoire de fêter, sous les auspices du quatrième des arts, ce « miracle » tunisien que nul n'appréhendait, en réalité, avant son avènement, et qui a bien eu lieu. Cela étant, et même avec la crainte de voir le rêve avorter et les attentes des Tunisiens, déboucher sur un « cul-de-sac », inviter le théâtre, à dire, et à chanter, les espoirs et la joie de tout un peuple, qui a eu le cran de déboulonner le tyran, c'est commencer l'année, en beauté, en refusant de voir cette moitié vide du verre, qui nous nargue parfois, et que la magie du théâtre invite à chasser, du revers de la main, comme un cauchemar qui doit prendre fin, toutes affaires cessantes. Sans tambour ni trompette ? Certes pas, car il paraît qu'il y aura du bruit et de la fureur, mais, toujours dans la joie et la bonne humeur, soyez rassurés, en compagnie de « Living », l'une des deux contributions françaises à ces « Journées Théâtrales de Carthage », que le public tunisien attend, sûrement sur des charbons ardents. La pièce qui sera donnée à voir, le samedi 7 janvier au Kef (Centre des Arts dramatiques), et le 12 janvier à Sfax (Théâtre municipal), proposera, de la jonglerie, de la magie, du théâtre et de la musique sous forme d'une ode à la vie, tonitruante et bruyante, comme un cadeau fait aux enfants et à leurs parents qui ne regretteront pas le détour. « Living » (la Compagnie décalée) est signée par Erwon Normi, Brunot Labouet et Sébastien Baron (auteurs et interprètes), la mise en scène ayant été assurée par Jani Nuténen. « Latcho Drom » Sur un autre ton, s'exprimera la deuxième création théâtrale française qui célèbre également la révolution, à sa manière ; « Urgent crier » de Philippe Caubène, metteur en scène et acteur de génie, constitue une sorte d'appel du cœur à vénérer encore plus le théâtre, qui sait être le « passeur » de toutes nos émotions, en finesse et aux poésie avec la passion du Marseillais qu'il est, qui ne connaît pas demi-mesure sur cette frêle planche où il joue la vie, à la vie, à la mort avec un talent incomparable. Philippe Caulière, inoubliable interprète de Molière dans la pièce éponyme d'Ariane Mnouchkiné, ne jouera pas, mais incarnera le temps qu'il faudra pour dire toute son admiration), le poète et dramaturge André Benedetto. Ainsi, le samedi 7 et dimanche 8 janvier à Tunis, (salle du 4ème Art) et le mardi 10 janvier à Sousse (Théâtre municipal), rendez-vous est pris avec un grand moment de théâtre, en musique, avec la guitare survoltée de Jeremy Campagne, qui accompagnera les textes, comme une seconde respiration. « Urgent crier » et « Living » sillonneront donc la Tunisie à cette occasion, grâce au concours de l'Institut français de Tunisie. Nous en redemandons…