Dans tous les pays, l'appréciation des élèves et de leurs résultats trimestriels ou annuels est une partie intégrante de l'enseignement et de l'apprentissage. C'est aussi un message adressé aux élèves et à leurs parents en vue de prendre les précautions ou les mesures qui s'imposent afin d'améliorer la qualité de leur travail scolaire et, partant, leurs résultats. Durant cette semaine, la plupart des collèges et des lycées envoient aux parents les bulletins de notes comptant pour le premier trimestre de l'année scolaire en cours. Si certains parents se contentent de voir les moyennes obtenues par leurs chérubins, d'autres, en revanche, accordent un grand intérêt aux appréciations accompagnant la moyenne de chaque discipline. Dans quelle mesure ces appréciations formulées par les enseignants peuvent-elles donner l'image réelle de l'élève et permettent-elles aux parents d'avoir une idée claire sur le niveau de leurs enfants, dans telle ou telle matière ? Un échantillon d'appréciations relevées dans les bulletins trimestriels de collégiens et de lycéens nous a fait constater que la plupart de ces appréciations étaient sommaires, subjectives, et souvent intuitives et spontanées. Cela est peut-être dû à l'espace limité réservé sur le bulletin aux appréciations du professeur qui ne permet pas la formulation d'un diagnostic personnalisé sur l'élève et ses résultats scolaires, ce qui oblige la plupart des enseignants à mettre des remarques standardisées qui correspondent plutôt au résultat obtenu qu'au niveau réel de l'élève concerné. D'où la nécessité pour le Ministère de tutelle de penser à la conception de nouveaux bulletins trimestriels où il sera pris en considération un espace plus large destiné aux appréciations du professeur. En effet, en parcourant plusieurs bulletins d'élèves, on a trouvé que les appréciations oscillaient entre « Très insuffisants » pour un élève ayant un résultat très faible et « Félicitations » pour un élève ayant obtenu une excellente moyenne, généralement entre 18 et 20, dans une matière donnée, en passant bien sûr par d'autres expressions comme « Bien », « Assez bien », « Passable » pour les élèves ayant obtenu des moyennes intermédiaires. Il y a rarement des commentaires ou des remarques concernant l'élève, son travail effectué durant le trimestre écoulé ou à propos de ses capacités à assimiler certaines compétences, ou encore des conseils sur les moyens de combler les lacunes déjà observées chez cet élève. C'est à peine qu'on rencontre l'illustre formule « Peut mieux faire ! », une invitation vague et peu efficace adressée aux parents soucieux d'améliorer le niveau de leur enfant. Les parents ont plutôt besoin de conseils précis qui leur permettent de mieux encadrer leurs enfants et les aident à suivre positivement leur cursus. C'est pourquoi pas mal de parents, peu ou non convaincus des appréciations reçues sur le bulletin, viennent contacter les enseignants pour d'amples éclaircissements sur la situation de leurs enfants en matière d'études et de conduite. Eviter les jugements de valeur Ces appréciations relevées dans plusieurs bulletins trimestriels comportent également des termes jugeant le comportement de l'élève abstraction faite de ses résultats scolaires. Des qualificatifs comme : « trop bruyant », « insolent », « distrait », « réservé » sont en vérité des avertissements adressés à l'élève pour corriger de sa conduite en classe dans l'avenir, mais surtout des appels lancés aux parents pour les mettre au courant de l'attitude déplaisante ou anormale de leur progéniture en classe. Toujours est-il que ces jugements portés par l'enseignant ne font pas toujours l'unanimité des enseignants du même élève et il arrive que sur le même bulletin du même élève on peut lire « élève sérieux » et « élève paresseux » ou « élève trop bavard », des remarques formulées par des enseignants différents ! Ces jugements de valeurs sont aussi à éviter quand il s'agit d'évaluer l'élève et ses résultats, car ils ne peuvent pas être toujours vérifiables, d'autant plus que l'élève pourrait être sérieux, poli et appliqué chez cet enseignant et durant ce cours bien déterminé et, en même temps, tumultueux, inattentif et désintéressé chez l'autre professeur et au cours d'une séance précise. C'est que le tempérament de l'élève s'accommode souvent en fonction de l'intérêt qu'il accorde à telle ou telle matière et selon son degré d'adaptabilité et d'acceptabilité de la personnalité et de la méthode de son professeur. Pour une appréciation personnalisée Il va sans dire que les parents d'élèves souhaitent recevoir dans les bulletins de notes des appréciations précises, claires, personnelles, justes et vraies, qu'ils préfèrent aux formules banales et insipides qui peuvent s'appliquer à toute la classe. Il est vrai que, souvent, les professeurs sont bousculés par le temps, n'arrivent pas à formuler tout ce qu'ils pensent de tel ou tel élève, de son comportement en classe, de sa participation, de son assiduité et de ses progrès ou de ses échecs. D'autant plus que certains profs, selon la nature de la matière enseignée, sont appelés à mettre des centaines d'appréciations, notamment ceux qui enseignent l'histoire-géographie, le dessin, la musique ou l'éducation civique et religieuse. Que ces matières soient considérées comme secondaires, il n'est pas évident que l'enseignant n'accorde pas le temps nécessaire à la formulation d'appréciations complètes et consistantes. Idem pour les profs des autres matières dites de base (mathématiques, langues, sciences…). Surtout que depuis que les bulletins sont informatisés, toutes les opérations concernant les notes, les moyennes et le rang des élèves ne sont plus faites par les enseignants comme avant. Sa tâche se borne donc à formuler ses appréciations sur le bulletin. Il est donc souhaitable qu'ils prennent le temps nécessaire à rédiger des appréciations qui soient personnalisées, dans la mesure où elles ne concernent que l'élève en question et ne sont pas adaptables à d'autres. C'est que les parents attendent le bulletin pour être suffisamment renseignés sur la vie scolaire de leurs enfants (niveau, travail, capacités, points faibles, points forts, comportement, assiduité, attitude envers les profs et les camarades…) N'empêche qu'il existe des professeurs qui accordent le temps nécessaire à la formulation des appréciations en rédigeant des phrases entières, quitte à empiéter les cases destinées aux autres collègues, pour attirer l'attention des parents sur certaines insuffisances remarquées au cours du trimestre chez l'élève en question. Cette appréciation pourrait être plus utile si le jugement du prof comprend à la fois le diagnostic et les possibilités de remédiation. C'est pour cela que les bulletins trimestriels doivent contenir un espace plus large pour les appréciations des professeurs pour en finir avec les adjectifs « bon », « passable », « moyen », « médiocre », « bavard », « sérieux », « agité » ; ce ne sont là que des jugements hâtifs qui risquent de ne pas faire réagir l'élève et qui laissent les parents sur leur faim.