Stefania Craxi, Présidente de la Fondation Craxi, ex secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères dans le gouvernement de Berlusconi, députée et membre du mouvement Riformisti italiani était le week end dernier à Hammamet à l'occasion de la commémoration du 12ème anniversaire du décès de son père Bettino Craxi, ancien Président du Conseil des ministres italien. Elle a bien voulu se confier à notre collaborateur. Le Temps : Tout d'abord, comment jugez-vous cette transition politique en Tunisie ? Stefania Craxi : L'Italie regarde évidemment avec sympathie et admiration les transformations politiques en cours en Tunisie. Nous avons connu la démocratie depuis 60 ans en Italie. La Tunisie était le premier pays arabe à montrer la voie de la liberté aux autres pays arabes. Ce printemps tunisien a tous les atouts de réussir dans l'avenir. Je pense que la maturité dont a fait preuve le peuple tunisien prouve qu'il est en mesure de relever les défis auxquels il fait face.
Quelle est la contribution de l'Italie en matière de soutien à la Tunisie sur le plan économique ?
Nous soutenons cette transition démocratique. D'ailleurs un montant de 250 millions d'euros (environ 475 millions de dinars), sous forme de dons et de prêts, a été alloué à la Tunisie pour soutenir son processus de développement et dynamiser le secteur privé, à travers la création de petites entreprises, l'impulsion du développement régional et le renforcement de la formation professionnelle.
Quelle est votre opinion sur le problème de l'émigration clandestine vers l'Italie ?
C'est un problème complexe car on le partage ensemble et là il faudrait définir une vraie politique européenne de l'immigration, prévoyant des règles communes en matière d'asile et d'accueil temporaire, et permettant une planification raisonnable et la répartition des charges entre tous les pays de l'Union. Le contexte européen demeure fondamental dans cette optique. Il faudrait élaborer une législation européenne commune. Un premier volet pourrait être certainement la réforme de la politique européenne de voisinage, à travers l'amélioration des instruments existants de coopération dans les divers secteurs, y compris ceux qui visent à soutenir le processus de transition démocratique. Le deuxième volet consisterait à augmenter les fonds disponibles destinés à des projets de développement et à impliquer davantage les acteurs privés. D'autres mesures d'accompagnement devront être adoptées telles que la libération progressive et l'intégration des marchés, une plus grande mobilité des jeunes et des étudiants.
Les indicateurs pointent vers une régression de 60 % du marché touristique italien. Doit-on s'attendre à un retour des Italiens en 2012 en Tunisie ?
L'Italie veut reprendre sa place parmi les marchés leaders du tourisme tunisien après la baisse de 60% enregistrée en 2011 des flux de touristes italiens vers la Tunisie. Au regard de la proximité géographique et des affinités culturelles qui existent entre les deux pays, la reconquête du marché italien s'impose et nous espérons voir plus d'Italiens en 2012.