Hamadi Jebali a donc choisi de minimiser, depuis Bruxelles, les graves affrontements de Bir Ali Ben Khélifa. On comprend, à la limite, avant-hier, alors que la traque de ces terroristes (oui des terroristes) battait son plein, que les ministère de l'Intérieur et de la Défense aient préféré s'abstenir de déclarations pour ne pas perturber le déroulement d'une opération aussi délicate. Mais, là, on s'attendait hier à une véritable conférence de presse, qui eut évité aux médias et, donc, aux Tunisiens de gamberger dans tous les sens. Sauf que la tranquillité placide de Hamadi Jebali contraste, mais alors totalement, avec celle du président de la République dont l'inquiétude a été rapportée par son porte-parole officiel, à la télévision tunisienne. Ce n'est pas la première fois, depuis la Révolution, que des affrontements se produisent entre groupuscules armés et militaires et éléments de la Garde Nationale. Mais la solution de facilité – et la version officielle toujours la même, le confirme – consiste en cette ritournelle concernant la perméabilité des frontières avec la Libye. Trop simple et trop facile. Car la vérité est que nos équilibres sécuritaires sont réellement précaires avec la montée de la criminalité, l'exacerbation de la violence sociale et, surtout, avec ces groupes armés dont on veut taire les motivations et « l'identité idéologique ». Des extrémistes d'Al Qaïda ? Des jeunes embrigadés par des forces occultes appartenant aux milices de l'ancien régime ? Et il y a pire : on relie ces affrontements à ceux de Soliman d'il y a quelques années, alors que nous étions en plein régime policier. Cela dit, il est clair que ce gouvernement n'est pas encore rodé en matière sécuritaire. La police elle-même se désengage, sans le dire, car les enjeux sont énormes. Mais que le complot de Port-Saïd devrait nous interpeller. Les vieux démons veulent faire capoter la Révolution égyptienne. Et il est certain que leurs homologues tunisiens cherchent à en faire autant. Relativiser et minimiser de telles dérives, comme le fait M. Jebali, ne tranquillise pas les Tunisiens. Au contraire, cela les inquiète. Raouf KHALSI moaten daassi Doula76