• Maher Hanini du PDP: « La donne politique actuelle installe un malaise qui pèse lourd sur la société » • Yacine Brahim d'Afek Tounes: « Nous n'avons pas précisé le mandat de ceux qui vont nous gouverner. C'est une faute politique. Et en politique les fautes se payent cher. » Un meeting au temps des ‘' illusions perdues''. C'est bien le qualificatif qui valait en cette rencontre entre les militants des trois partis décidés de s'unir, le PDP, Afek et le parti Républicain. Que pouvait dire Maher Hanini ou Yacine Brahim et les autres sinon de nous balancer en pleine figure une réalité qui fait parler d'elle sans équivoque « La scène politique ne reflète pas la diversité de la société tunisienne dont les attentes sont déçues. Le malaise s'installe et pèse lourd sur la société. Car avec la donne politique actuelle, non seulement les acquis de la femme sont menacés, mais d'autres franges de la société sont aujourd'hui plongées dans la confusion. Le journaliste, l'universitaire, l'artiste, etc éprouvent un mal être sans pareil face à la situation qui prévaut actuellement. » lance sans compromis Maher Hanini qui a commencé par présenter un diagnostic de la société tunisienne actuelle. Un corps malade certes, qui ne s'est pas rétabli, entre temps, des maux que lui a infligés la dictature de Ben Ali mais en a reçu bien d'autres : la dictature de la religion que veulent imposer ceux qui veulent diviser le pays pour mieux régner. Diviser pour mieux régner « La Tunisie a toujours été un modèle de modération religieuse. De par notre histoire notre pays était le passage obligé des oulémas qui voulaient s'initier à une vision modérée de l'Islam. Ce n'est pas maintenant qu'on va recevoir des prédicateurs wahabites qui viennent essaimer des idées invraisemblables et des manières d'être et de penser qui nous sont étrangères. » commente le représentant du PDP. Et notre identité dites-vous ? Maher Hanini y répond « L'Islam est l'âme de la Oumma. Et l'âme de notre peuple est une conception d'un Islam modéré et ouvert sur l'Altérité. » Notre interlocuteur rappelle par ailleurs la plus grande supercherie du soi-disant miracle économique tunisien, qui n'a fait que servir les intérêts des entreprises capitalistes mondiales lorsque des franges de la société tunisienne étaient marginalisées. Mais il ne faut pas se leurrer, car selon Hanini « actuellement les plus démunis le deviennent beaucoup plus sous nos cieux. Et les laissés-pour-compte le sont toujours. » La solution ? Elle est selon notre interlocuteur dans l'instauration d'un Etat civil avec tout ce que ce concept laisse entendre comme valeurs de justice et de démocratie. Cela n'est possible qu'à travers « un modèle politique de substitution » selon Maher Hanini, lequel est porteur de ces valeurs. Yacine Brahim, le directeur exécutif d'Afek Tounes a montré que le parti de Rached Ghannouchi ne peut incarner ce modèle. Où va-t-on? « J'ai été au cours de la semaine écoulée à une conférence donnée par Ghannouchi. Il est deux choses qui ont attiré mon attention dans son discours. Le leader d'Ennahdha a dit en effet que l'Islam n'est pas l'Eglise et que notre religion n'est pas incompatible avec les valeurs démocratiques. Il a continué en avançant que le but est de jeter les bases d'un Etat civil. Mais il se contredit en expliquant que son parti ne prévoit pas la séparation entre la religion et la politique autrement c'est la mafia qui va s'installer. Si l'on prend l'exemple de l'Iran l'on sera convaincu du contraire» rappelle Yacine Brahim qui décline à sa manière les différentes étapes par lesquelles est passée la Tunisie depuis les élections du 23 octobre. « On peut parler de deux actes » dit-il en continuant « Acte I : La Tunisie a gagné le pari des élections en un premier temps. Mais nous avons commis la faute de ne pas préciser la durée du mandat de ceux qui vont nous gouverner, sans laquelle le peuple ne peut se sentir rassuré. C'est une faute politique et en politique les fautes se payent. » Sauf que dans cette pièce qui se joue c'est le citoyen qui en sortira l'unique ‘'dindon de la farce'', hélas. « L'Acte II », toujours selon Yacine Brahim, concerne l'étape que nous vivons actuellement où il s'agit de relever deux défis. « Le premier consiste à définir le modèle politique de la deuxième République » qui selon ses propos ne pose pas vraiment problème. « Le vrai problème qui soulèvera un débat houleux consistera à définir nos références législatives. » fait remarquer Yacine Brahim. Le représentant du parti Afek Tounes exprime son vœu de voir un vrai débat s'installer entre les différents acteurs politiques pour en discuter. Avant d'y arriver le débat entre les partis et les militants démocrates semble commencer à devenir fructueux. Le meeting des trois partis, PDP, Afek Tounes et le parti Républicain en est la preuve. Il est par ailleurs, une manière de de montrer que le possible « Grand parti » prendra enfin forme sou peu dans la pratique et non pas au niveau des intentions. Reste à savoir maintenant si Le PDP sacrifiera nom de son parti ayant déjà trente ans d'existence au profit d'un parti unique, qui fera la force des militants démocrates ?… Mona BEN GAMRA mikadin khalsi imed Hesa Tiza Touz touz