Les différents processus d'union et de fusion des forces démocratiques et progressistes ne semblent pas avancer au rythme et cadence comme le souhaitaient leurs initiateurs. Les résultats des élections du 23 octobre ne font que semer encore le désordre et entraîner plus de divisions. Le Parti Démocrate Progressiste (PDP) ne fait pas exception. Son cinquième congrès tenu les 7, 8 et 9 avril et clôturé avec l'annonce de la naissance du Parti républicain, n'a pas fait que des heureux. Le courant réformateur du Parti Démocrate Progressiste (PDP) avait gelé son appartenance au nouveau parti et reporté sa décision définitive pour donner plus de chance à la possibilité de réconciliation. Réunis à Sousse durant le week-end dernier, plus de 180 représentants de ce courant ont exprimé leur dépit et amertume vue « l'impossibilité de réformer le parti de l'intérieur ». Ils ont pris la décision de se retirer tout simplement du nouveau parti. Lors d'une conférence de presse fort suivie, hier, Mohamed Hamdi coordinateur général de ce courant a porté des éclairages utiles sur ce pas franchi. Il a commencé par dénoncer les tentatives d'inféoder le secteur de l'information au pouvoir. Il précise que la décision de retrait du Parti républicain n'a pas été prise, contrairement à ce que colportent certains, de façon inopinée lors du dernier congrès du PDP. Depuis longtemps des divergences ont apparu, surtout lors de la réunion d'évaluation qui avait suivi l'échec essuyé le 23 octobre. A cette occasion, le courant réformateur avait présenté un rapport d'évaluation mettant à nu les défaillances constatées dans les domaines politique et organisationnel. « Ce rapport n'a pas été communiqué aux militants et la direction du parti a continué à agir en suivant la même voie, comme si de rien n'a été dit », affirme Mohamed Hamdi. Certains ont présenté le litige comme s'il se rapportait à des questions électorales. « C'est l'arbre qui cache la forêt », dit-il. Il pense que l'opération électorale avec toutes les défaillances qu'elle a enregistrées et qui peuvent amener jusqu'à l'annulation du congrès, ne représente rien par rapport à la question politique. Il existe une volonté de réformer alors que la direction du parti tient à suivre la même ligne. « Cette direction avec des mesures non transparentes, voulait écarter toute opinion critique. Autant, la ligne du parti était claire et ferme avant le 14 janvier, autant elle a commencé à flotter par la suite. Le parti est entré dans la tourmente, en perdant sa boussole politique. Des initiatives et des décisions sont prises sans se référer à la base et sans consulter les structures du parti. Ce comportement qui s'est poursuivi jusqu'au 23 octobre, n'a pas pour autant changé par la suite malgré l'échec du 23 octobre », dit Mohamed Hamdi. Les mêmes erreurs se reproduisent. Les derniers espoirs de rectifier le tir se sont effondrés lors du 5ème congrès du PDP. Un délai a été accordé pour mener des négociations avec la direction du parti. Des propositions avaient été faites pour contenter telle ou telle autre personne. « Le problème est plus profond », affirme le coordinateur. Lors des débats à Sousse durant le week-end dernier, la malheureuse décision de se retirer du parti républicain a été prise. « Nous sommes pour l'unification des forces d'opposition, tant qu'elle se fait sur des bases claires et solides. Il ne faut pas que l'unification soit une opération de fuite en avant qui fait suite à l'incapacité de solutionner les problèmes internes du parti », dit-il. D'ailleurs, il rappelle que lors du dernier congrès du PDP, la motion de fusion a été approuvée et l'opération finalisée avant même de discuter les motions politiques, économiques et autres du nouveau parti. Ces discussions avaient été renvoyées devant le comité central qui s'est réuni après le congrès. La logique s'est trouvée inversée. La charrue avant les bœufs. Les réformateurs regrettent la rupture de tout lien organisationnel avec leurs anciens camarades et souhaitent que leur passé militant commun les empêche de verser dans des rapports conflictuels. La scène politique est suffisamment vaste pour qu'il y ait de la place pour tout le monde. Ils comptent poursuivre leur action politique parmi les forces d'opposition démocratiques et modérées en se basant sur l'héritage militant du PDP et s'engageant avec les masses populaires pour la réalisation des objectifs de la Révolution. Ils comptent fonder un cadre politique nouveau conforme à leurs convictions et leur sens de l'ouverture sur toutes les forces patriotiques et démocratiques. Ils sont ouverts à toutes les formes de convergence allant de la simple coordination, jusqu'à l'éventuelle fusion dans un seul parti. Ce courant entreprendra une profonde restructuration à tous les niveaux. D'ici à deux mois, l'opération devra être achevée par la création d'un nouveau parti. Mohamed Hamdi, donne la promesse que les décisions seront prises de façon collégiale. Il ne veut pas reproduire les défauts qu'il reproche à la direction du PDP. Au sein de la Constituante, le courant réformateur ne compte pas quitter le groupe démocrate. Il continuera à défendre les constantes du PDP : liberté, identité et justice sociale. Parmi les réformateurs on retrouve neuf membres sur les 16 membres de la Constituante représentant le PDP, un grand nombre de représentants des régions, les deux tiers des membres du secrétariat de la jeunesse démocrate et progressiste, des militants du Canada, de la France, de l'Angleterre et de la Belgique. Ils souhaitent le rajeunissement de la classe politique. Hassine BOUAZRA ahmed