• «Miser sur la jeunesse», recommande Ahmed Ben Salah • « La Révolution est permanente », rappelle Hajer Bourguiba, fille de Habib Bourguiba • Mohamed Sayah met en garde contre les risques de perte des acquis du pays Sous le slogan « Militantisme continu à travers les temps et les générations pour la liberté, l'unité nationale et la promotion sociale », ont démarré hier, à Tunis les travaux du 1er congrès du Parti Libre Destourien Tunisien et Démocrate (PLDTD) qui dureront deux jours. Coïncidence et signe particulier, rappelant un certain premier juin, fête de la victoire, devenue désormais un jour ordinaire depuis déjà deux décades et plus, célébrant le retour du « Combattant Suprême » Habib Bourguiba au pays à La Goulette. Dans une ambiance teintée de nostalgie et de détermination à servir l'avenir, nombreux représentants de partis destouriens et des figures de proue de la Tunisie indépendante comme Ahmed Ben Salah, Mohamed Sayah, et de nouveaux leaders comme Ahmed Mansour, Mohamed Ben Sâad, rehaussaient par leur présence les travaux. Hajer, la fille de Bourguiba était là.
Dès l'ouverture des travaux, Fayçal Triki, président du parti, ne manquera pas de préciser que ce premier congrès des Destouriens après la Révolution se veut une occasion pour faire la synthèse de toutes les sensibilités destouriennes en fidélité aux différents leaders fondateurs comme Abdellaziz Thâalbi, Habib Bourguiba, Salah Ben Youssef, Farhat Hached et Mohamed Daghbaji. « Un véritable Destourien est celui qui soit fidèle à la Tunisie, respecte les personnes et tous les leaders qui s'étaient voués à la cause du pays, quelles qu'en soient les divergences. D'ailleurs, tous ceux qui avaient quitté le parti destouriens s'en réclament. Nous voulons unir la famille destourienne. Les Destouriens ont leur place dans le processus démocratique. On ne peut leur faire porter les erreurs du pouvoir », dit-il. Il déplore le discours négativiste, niant tout acquis durant les 50 dernières années. Il y avait des formes d'absolutisme, mais il y avait aussi, un essor économique, social, éducatif...Il faut faire évoluer les choses. « La Tunisie n'est pas née le 14 janvier. Ceux qui veulent l'exclusion des Destouriens de la vie politique ignorent l'histoire du pays, ne reconnaissant pas la République, ni l'Education généralisée, la santé gratuite, les universités », affirme le président du parti. Il reconnaît néanmoins que la période d'exercice du pouvoir par les Destouriens était entachée d'erreurs, comme la présidence à vie, la restriction des libertés, la falsification des élections de 1981. Il rappelle que les premiers partis d'opposition comme le Mouvement des Démocrates Socialistes (MDS), ou le Mouvement de l'Unité Populaire (MUP) trouvent leurs origines dans le parti destourien. Il précise que les Destouriens ne reviennent pas pour dominer la scène politique, mais pour participer avec les autres au processus démocratique. « L'électeur à travers les urnes est le seul juge », dit-il avant d'enchaîner, pour la première fois : « Nous présentons nos excuses au peuple tunisien pour toutes erreurs commises. Des excuses que nous sollicitons, en toute responsabilité morale et politique ». Un appel est lancé à toutes les forces destouriennes pour qu'elles s'unissent et se rassemblent pour mieux servir la Tunisie, en dehors de tout leadership bidon. Les leaders doivent émaner de la base.
Evoquant la situation dans le pays, Fayçal Triki propose la tenue d'une conférence nationale qui unit tous les partis politiques afin de sortir le pays de la crise. « C'est à la Troïka de prendre l'initiative de la tenue de cette conférence, pour servir le peuple ». A une question du Temps sur sa position concernant l'initiative de Béji Caïd Essebsi, Fayçal Triki, répondra : « Nous adhérons à toute initiative de rassemblement et d'unification de forces pour servir la Tunisie ».
Mohamed Sayah espère que la volonté d'unification se poursuive et met en garde les congressistes contre les risques de perte des acquis de la Tunisie.
Ahmed Mansour, rappelle que les Destouriens ont trois constantes : la probité, le travail sérieux et l'amour de la patrie, terre et peuple. Il déplore le caractère opaque de l'avenir. « Le rôle des partis est de faire revenir l'espoir, pour que les Tunisiens se réconcilient entre eux et que le développement devienne un droit pour tous ». Des erreurs ont été commises. Il rappelle qu'en 1987 Ben Ali, avait été soutenu par tous. En 1989, il était le candidat de tous, à l'exception du Mouvement de l'Unité Populaire (MUP) à la présidence de la République. En 1988 tout le monde avait signé le Pacte National. Ahmed Mansour dit qu'il ne faut pas généraliser et être injuste.
Hajer Bourguiba, rappelle que Bourguiba défendait « la Révolution permanente ». Il ne faut pas s'embourgeoiser et s'auto-satisfaire. Il faut éviter le retour du despotisme.
Ahmed Ben Salah, a invité les congressistes à « digérer le passé et n'en garder que ce qui est positif ». Il les exhorte à se concentrer sur la jeunesse, « car personne ne peut vaincre l'avenir ». Il propose aux jeunes de constituer des parlements populaires dans les différentes régions et contrôler ce que vont faire leurs aînés. Ils doivent aller au-delà des rencontres sur facebook. Il rappelle que le MUP est le fruit du congrès de Bizerte du parti destourien. Il a lancé un vibrant appel à l'unification des partis destouriens. Concernant la situation générale dans le pays, il appelle à mettre fin « au doute et au désespoir en s'attachant à l'avenir et ne pas céder à la peur ».