Durant plusieurs semaines, le sujet de discussion principal des ménagères à travers tout le pays a tourné autour des prix des fruits et légumes, la majorité se plaignant d'une hausse exagérée et surtout artificielle... Or ce que l'on constate depuis quelques jours, c'est d'abord une profusion de l'offre et ensuite une importante baisse des prix, jusque-là inespérée. Analyse... Bizarrement, personne dans ce pays ne parle des points positifs quand il y en a ! Car après les dizaines d'articles et de débats enflammés dans divers médias, on n'entend plus ces voix alors que les prix des fruits et légumes ont connu une baisse importante... En effet, les tomates qui atteignaient deux Dinars varient à présent entre 400 et 600 Millimes. Les piments plafonnaient également à 600 Millimes, après avoir flirté avec deux Dinars.
Un « Khaddhar » explique : « les tomates et les piments sont des produits saisonniers. Il ne faut pas les consommer en hiver, mais à la saison chaude. Si vous en voulez en hiver, il faut payer le prix, puisque c'est une primeur, cultivée sous serre, avec des dépenses importantes. »
Toujours concernant les légumes, on constate également une importante baisse du prix des salades, des pommes de terre et des carottes. Mais, avec la chaleur, ces produits sont souvent fanés ou trop durs, car ils ont atteint leur maturité et se préparent à donner des graines, d'où la formation de ce que les agriculteurs appellent le bois, qui est assez dur.
Pour les ménagères soucieuses de faire des réserves, l'ail vert est en vente à 1D400 le kilo. Une aubaine que de nombreuses femmes prévoyantes saisissent, avant que les prix n'atteignent des sommets à plus de trois Dinars le kilo. Certaines femmes pensent déjà à faire des réserves d'oignons « Sifi » (oignons d'été), qui se conservent plus longtemps que les oignons verts, en saison.
Une dame d'un certain âge explique cette tendance à faire des réserves : « il faut acheter les produits qui se conservent en pleine saison. On gagne sur le prix, bien sûr, mais aussi sur la qualité, puisqu'on les conserve dans de bonnes conditions. Nos aïeuls remplissaient « Beit El Mouna » de tout ce qui est nécessaire au foyer. Mais les filles d'aujourd'hui préfèrent tout acheter au super marché, au double du prix. Après, elles disent que tout est trop cher... »
Côté fruits, c'est la profusion avec l'arrivée des pêches, des petits melons et surtout des abricots, si appréciés par le consommateur tunisien, mais qui ont une durée de vie très courte. Un agriculteur rencontré au marché central affirme : « l'abricot est un fruit fragile qui demande beaucoup de soins et arrive à maturité sur une très courte période. Résultat, il faut tout cueillir en deux semaines, sinon il pourrit sur l'arbre. »
Et comme l'offre arrive en masse sur les marchés, le prix des abricots est assez bas, entrainant celui des autres fruits, notamment les pêches et les melons, dont la longévité est également assez brève. Bizarrement, les nèfles, peu appréciées par une majorité de consommateurs, restent à des niveaux de prix assez élevé, autour de 1D600 le kilo. Ils se vendent très lentement, mais leur prix ne baisse pas.
Les bananes, elles, ne connaissent pas de baisse, évoluant toujours entre 2D500 et trois Dinars. Il parait que leur prix baissera bientôt, lors de la haute saison pour les bananes à l'échelle mondiale. La palme d'or des prix les plus élevés concerne sans surprise les cerises, dont le kilo entame sa course folle à 9D500 pour atteindre allègrement 14 Dinars.
Notons enfin que les prix sur les étals des marchés sont beaucoup plus bas que ceux proposés par les grandes surfaces. Une différence qui s'explique par le fait qu'au supermarché, on peut choisir la quantité et la qualité et cela laisse des déchets importants...