Un prix littéraire non-remis au lauréat de cette année, l'écrivain algérien Boualem Sansal pour son livre Rue Darwin (Gallimard). Depuis son voyage controversé en Israël, en mai, le Hamas considère Boualem Sansal comme un traitre. Le conseil des ambassadeurs arabes en France qui avait créé ce prix en 2008, a décidé de reporter la cérémonie de remise de la récompense qui devait être organisée à Paris le 6 juin. Cette décision a suscité de vives réactions auprès des membres du jury, notamment celle d'Olivier Poivre d'Arvor. L'écrivain, diplomate et directeur de France Culture vient de démissionner du jury du Prix du roman arabe.
Olivier Poivre d'Arvor ne décolère pas. Il affirme que le Prix du Roman Arabe attribué à l'écrivain Boualem Sansal pourrait lui être retiré. « Boualem Sansal est allé en Israël, à l'invitation d'écrivains israéliens, explique Olivier Poivre d'Arvor. Je trouve cela indigne de lui retirer son prix. Ce qui est probablement en cause, c'est le fait que ce prix est financé par des ambassadeurs, par des diplomates en France, de la ligue arabe et du conseil des ambassadeurs. Aujourd'hui, la politique d'un certain nombre de pays arabes est de considérer qu'il ne faut pas avoir de discussions avec Israël, ce qui est un choix libre pour des Etats, mais quant aux individus... si des écrivains français ou algériens veulent rencontrer des écrivains israéliens, je ne vois pas en quoi c'est un crime contre l'humanité, ni même contre la cause des Palestiniens d'ailleurs. La remise du prix a été repoussée, je suis diplomate moi-même, et je sais ce que les mots veulent dire. J'ai lu le communiqué du Hamas qui, je pense, a fait peur à ceux qui mécènent ce prix. » Contacté par RFI, le Conseil des ambassadeurs arabes en France n'a pas souhaité se prononcer avant leur réunion du mardi 12 juin où une décision aurait été prise avec les membres du jury. (MFI)