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ECOLOGIE ORPHELINE
Environnement Promenade :
Publié dans Le Temps le 17 - 06 - 2012

Que des rivages singuliers puissent encore exister le long de la côte orientale du Cap Bon peut sembler paradoxal tant le golfe de Hammamet, les plages de Nabeul, le souvenir du « Club Med », la station balnéaire de la Maamoura et, plus loin, les plages de Beni Khiar et de Korba, ont été aménagés, « bétonnés » comme partout ailleurs. Pourtant, combien d'entre nous « s'aventurent » le long des lagunes qui bordent cette côte ?
L'APPROCHE

C'est un « monde » singulier où des cordons de petites dunes et de galets enserrent des étendues d'eau presque douce quand il pleut, mais salées quand les vagues marines les remplissent. 50 % de nos espèces d'oiseaux, dépendent de zones humides. Celles du Cap Bon, situées sur une des principales voies mondiales de migration, ont une importance primordiale en tant que refuge, aire de repos, étape nourricière, et lieu de nidification. Réservoirs de biodiversité, les zones humides recèlent de nombreuses espèces végétales remarquables. Elles jouent un rôle important encore méconnu dans l'hydrologie et le climat. Telles des éponges, elles absorbent les crues des oueds et épurent l'eau qu'elles rendent aux nappes souterraines et à la mer.
Aujourd'hui, nous allons nous promener aux alentours de Korba. Là-bas, le V.T.T. qui portera silencieusement la lunette d'observation, le « casse-croûte », le container d'eau fraîche et le maillot de bain, sera parfait le long d'un littoral plat, sablonneux et très « humanisé ».
Indépendamment des très belles routes de bord de mer venant de Nabeul ou de Kélibia, la diagonale qui, de Beni Khaled, mène aux collines des environs de Somaa, nous séduit.
Cet « arrière-pays » vallonné, souvent reboisé, se prête à de multiples promenades qui, pour nous, occupent un quart matinal de la journée en été. Le reste sera partagé en parts égales entre le voyage, la baignade et l'information dans les lagunes.
Mais non, on ne risque rien, même pas de s'égarer, dans les pinèdes autour de Somaa. Les moins aventureux suivront une grande piste puis reviendront sur leurs pas. Très vite, ils apprendront à observer, à prendre des repères, à s'orienter avec le soleil, presque inconsciemment ... Puis, ils se mettront à connaître et à aimer la Tunisie avec ses couleurs, souvent vives, ses parfums très divers, ses formes douces, ses oiseaux – il y a ici des millions de grives en automne ! – et ses campagnards toujours accueillants.

KORBA
Puis, on arrive à Korba, l'antique Curubis dont tous les vestiges ont disparu. Mais ses maisons, ses rues, ses étals et les devantures de ses magasins ainsi que ses places très conviviales en font un des bourgs les plus agréables de la région. La ville, certainement d'abord punique, fut très prospère à l'époque romaine. Elle fut la première « colonie » de la province Africa Vetus, un an avant la fondation de Carthage romaine. Elle était dotée d'un port dont les négociants traitaient avec ceux d'Ostia, port de Rome.
Saint Cyprien, « tunisien » célèbre, avocat chrétien, rhéteur, Père de l'Eglise, évêque de Carthage en 249 a soutenu la résistance des chrétiens persécutés par l'Empereur Decius. Exilé à Korba / Curubis, il a été rappelé à Carthage pour y être décapité lors des persécutions sous le règne de Valérien. La petite nécropole punique, de Ksar Es-Saad, au Nord de la ville, mérite une visite pour ses décorations peintes ou sculptés et ses « auges sarcophages » dotées d'oreillers ! Les alentours de Korba ont même été peuplés dès la préhistoire. Durement disputé à toutes les époques, le Cap Bon a toujours été couvert de forts et de ribats fortifiés. La « Course » à l'époque ottomane, a engendré la présence de garnisons turques qui ont revitalisé les activités économiques. Ce sont les musulmans espagnols : les « Andalous », qui sont, semble-t-il, à l'origine de la renaissance économique. La résistance à la colonisation française a été active et durement réprimée dans toute la région.

LES ZONES HUMIDES
La côte Est du Cap Bon, entre Kélibia et La Maamoura, est bordée d'une série de Sebkhas et de lagunes naturelles qui ont été classées « zone humides d'importance internationale » et qui sont protégées par une convention internationale signée dans la ville iranienne de Ramsar, d'où son nom de Convention de Ramsar à laquelle La Tunisie a adhéré le 2 Février 1971. Cette journée est devenue la « Journée mondiale des zones humides ».
Un important projet de gestion environnementale : le « Med Wet Coast Cap Bon » a permis la construction d'un agréable centre écotouristique et un début d'aménagement de la lagune. Il faudrait maintenant former des éco-guides et promouvoir un véritable écotourisme. Que devient ce projet qui englobe Dar Chichou incendié ? Qui s'en préoccupe encore ?
Nous ne décrirons, dans cet article, qu'une seule lagune : la plus importante, celle qui est située au Nord de Korba. Elle s'étend sur 307 hectares, les 3/5 des zones humides de la côte Est du Cap Bon. Elle a une profondeur maximale de 40 cm. Elle est alimentée par la mer et, en eau douce, par les oueds qui descendent du Jebel Abderrahmane. Elle reçoit aussi des eaux usées urbaines et industrielles, aujourd'hui heureusement retraitées, nous a-t-on dit. Ces rejets, qui constituent l'essentiel des apports d'eau expliquent que cette lagune ne s'assèche pas en été.
Pourquoi la décrire en ce moment ? D'abord parce qu'elle peut être un objectif de promenade pour tous les baigneurs, las de se faire cuire, immobiles, sur le sable. Ensuite, parce que la reconnaissance de cheminements, très utiles dès les premières pluies, est facile en période sèche. Enfin, parce que, dès la mi-août et même depuis le début de l'été, « Korba Nord » reçoit de nouveaux oiseaux.
Les migrateurs sont de retour ; en particulier les limicoles tels que les bécasseaux et les guifettes ainsi que les sarcelles : les sarcelles d'été, très rares, plutôt « asiatiques » et les sarcelles d'hiver superbes avec leur « loup de velours » vert foncé sur les yeux. Les flamants, surtout des immatures, sont très nombreux certains jours d'été.
Toute l'année, des « oiseaux de mer » : la mouette rieuse et le goéland d'Andoin en particulier, sont nombreux. Le canard Tadorne au plumage bariolé de blanc, de noir et de roux y séjourne volontiers. C'est un curieux canard qui, au printemps, niche dans un terrier qu'il creuse loin de l'eau avec sa femelle tout aussi belle. Bien d'autres animaux peuplent les petites dunes qui entourent les lagunes : des amphibiens tels que la grenouille rieuse, des serpents comme la couleuvre de Montpellier, des caméléons menacés par le commerce, illégal mais public, et des seps qui sont des sauriens méditerranéens aux corps allongés et aux pattes réduites.
Ces animaux sont abrités par une flore tantôt dunaire formée, d'euphorbes, de l'eryngium maritimum : une plante vivace, piquante, teintée, en bout de tige d'un beau bleu-vert ainsi que par de courts tamaris et même de petits genévriers, tantôt halophile sur le cordon littoral.
Sur les berges continentales, la végétation naturelle est concurrencée, pour le moins, par les cultures de tomates, de piments, par la dent des moutons et même par de petites parcelles de céréales. Cela prouve à quel point la protection de ces zones était nécessaire et urgente.
En toutes saisons, tant que la vie « sauvage » subsistera dans ces lieux singuliers que sont ces lagunes du Cap Bon, il nous incombe de tout faire pour les protéger. Nous en avons la responsabilité non seulement vis-à-vis de nous-mêmes mais surtout vis-à-vis des générations futures.


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