A l'issue de la conférence de presse tenue la semaine dernière au Centre culturel de Hammamet par Mehdi Mabrouk, ministre de la culture et au cours de laquelle il a dévoilé aux représentants des médias la programmation de la prochaine session du festival d'été de Carthage, les trois syndicats tunisiens de la musique ont annoncé dans un communiqué commun, leur boycottage de la 48ème édition en raison de l'absence d'un certain nombre de chanteurs dans cette programmation. Le ministre, qui endosse toute la responsabilité de la programmation du festival, ne veut faire aucune concession à ce niveau qualifiant de « paresse patriotique » l'attitude des artistes qui ne proposent rien de nouveau permettant leur présence sur la scène de Carthage. « Pas de festival 100% tunisien » a-t-il martelé au cours de la conférence de presse.
Par ailleurs, une commission de sélection de spectacles tunisiens composée entre autres de Abdlekarim Shabou, Kamel Ferjani et Mohamed Gribaa a eu pour mission d'étudier les dossiers proposés par les artistes tunisiens. Au terme de ses travaux, elle a soumis au ministre de la culture un certain nombre de propositions. Selon Abdelkkarim Shabou aucune de leurs propositions n'a été retenue. Le ministre affirme que cette commission est consultative et que c'est lui seul qui a décidé de la participation tunisienne à cette 48ème édition.
Pour leur part, les chanteurs et musiciens tunisiens se sentant exclus et marginalisés dans une manifestation qu'ils considèrent comme un tremplin pour leur carrière, ont décidé non seulement de la boycotter mais de boycotter aussi tous les festivals tunisiens. Or, la programmation de ces festivals de l'intérieur du pays est à 99% tunisienne. Par ailleurs, la soirée d'ouverture du festival de Carthage est elle aussi compromise. Aura-t-elle lieu ? Et avec quel spectacle au cas où aucun compromis ne serait trouvé d'ici là ?.
Pourquoi en est-on arrivé là ? Fallait-il prendre des décisions aussi brutales à l'égard des artistes tunisiens qui sont en difficulté depuis la révolution du 14 janvier d'autant plus que les artistes arabes programmés cette année se sont produits à plusieurs reprises sur la scène de Carthage. Quant à la valeur artistique de certains d'entre eux, elle laisse beaucoup à désirer. Comment sortir de cette impasse ? Le retour sur sa décision fera-t-il perdre au ministre de la culture sa crédibilité ? Beaucoup d'hésitations et d'amateurisme. Un festival ne repose pas sur la programmation de quelques spectacles mais doit étudier une stratégie à même de le faire évoluer progressivement et en douceur.