«Pour les indisciplinés, il y a le bâton », dit un jour l'ex ballon d'or africain, aujourd'hui patron de tous les ballons ronds et ovales, preuve de son élasticité qui lui permet de s'adapter à toutes les situations, qualité qu'on ne rencontre que chez les champions de sa trempe. Il fut rejoint et vivement soutenu par son confrère de l'Intérieur qui, lui, dit mieux en menaçant de recourir aux vraies balles pour punir les réfractaires. L'un et l'autre s'adressent aux opposants qui sabotent le travail titanesque réalisé par le gouvernement, ces gens irresponsables, les éternels insatisfaits, s'amusent toujours à ligoter les mains de nos sauveurs et à leur mettre le bâton dans les roues pour les empêcher de nous faire parvenir à bon port.
Une sévérité simulée
Décidément, chacun siffle la fin de la récréation à sa façon. Le 30 Mai, lors des allocutions télévisées tenues par ce dernier et le chef de gouvernement, en riposte à la vague de violence intégriste de ce début de semaine assez chaud et surtout à l'avalanche de protestations sociales qui ont pris la forme de grèves de deux jours dans plusieurs secteurs à la fois, l'accent a été mis par ces deux responsables de sévir. Il était question de l'application rigoureuse de la loi n 4 de 1969 à l'encontre de tous les contrevenants qui ne se soumettraient pas aux ordres. Jebali a même parlé d'incrimination des accusations d'impiété et on a cru sur le coup comme des naïfs à la bonne foi de l'homme et à sa détermination à mettre fin aux chevauchées effrénées de ces cavales de « barbus ». Mais les faits ont comme toujours démenti les beaux parleurs et le feuilleton des discours doubles voire plus continue son bon homme de chemin sans s'inquiéter aucunement des contestations et dénonciations.
Une tactique déroutante
En fait, cette fermeté affichée par ces responsables gouvernementaux s'adressait aux gens de la société civile qui comptaient manifester contre les actes terroristes commis par les « Salafistes », le 2 Juin sur l'Avenue. La preuve c'est qu'après ce jour d'accalmie décrété certainement par leurs patrons qui les font mouvoir à leur guise et en temps opportun, ces derniers ont repris de service le lendemain, dimanche, en jouissant de toute impunité comme d'habitude. Donc, ce jour de « chômage » était une tactique visant à donner de la crédibilité à la décision « souveraine » des hauts responsables et à justifier ainsi l'interdiction de manifester prononcée contre les « Pacifistes » en simulant de les traiter d'égal à égal avec les « Salafistes ». Cette mise en scène n'a pas réussi comme toutes les autres d'ailleurs à dissimuler leur parti-pris de violence, de terreur et de déstabilisation.
Bien reçu !
La dernière en date est celle de la semaine dernière provoquée par le faux scandale d' « Al Abdellia » qui a servi de prétexte à tous les islamistes, Ghannouchi en tête, à lancer un appel à une marche grandiose sur l'avenue Bourguiba le Vendredi baptisé « jour de l'indignation ». Le Ministre de l'Intérieur intervient et interdit le spectacle qui prend de la majesté justement par cette démonstration de rigueur et d'impartialité où le disciple ose dire non au précepteur, au père spirituel. C'est le comble de la comédie qui veut camper sous nos yeux des antagonistes et nous persuader de leur bonne volonté à établir l'équité. Là également, le message s'adresse à l'opposition et à tous ceux de la société civile qui projettent de défiler prochainement d'une manière pacifique sur la « zone interdite » désormais la chasse gardée du chef des lieux qui visiblement aimerait en faire un bien personnel pour avoir le temps et le plaisir d'en contempler la beauté et la grandeur depuis son balcon. Il faut le comprendre, il n'était pas là le grand jour du 14 Janvier, d'ailleurs ni ceux qui ont précédé ni ceux qui ont suivi... la privation déclenche des caprices.
Une absence suspecte
Il existe une autre preuve irréfragable qui milite en faveur de la complicité entre le gouvernement de « Ennahdha » et les « Salafistes ». Il s'agit de l'absence totale de ces derniers le Samedi 26 Mai, le jour de la manifestation culturelle organisée, dans le cadre du théâtre de la rue sous le slogan « Le peuple veut du théâtre », par l'Association Tunisienne des Diplômés des Arts Dramatiques. On rappelle que ladite manifestation était initialement interrompue, le 25 Mars, suite à l'invasion par les « barbus » de l'Avenue où ils ont bénéficié d'une autorisation de manifester eux aussi le même jour et au même endroit. A chaque fois qu'il y a atteinte aux libertés de la part de ceux-ci, les responsables de « Ennahdha » prétendent que ces « Salafistes » agissent spontanément et qu'ils ne font que réagir aux provocations visant le dénigrement de leur religion et de tout ce qui est sacré. On se demande vraiment où Ils sont passés ce jour du 26 Mai où pas un seul ne s'est infiltré parmi la foule « profane » en liesse. Et pourtant, il y avait des poupées, le symbole du paganisme...