« Où va le pays ? » c'était la question posée par le secrétaire général du PCOT à l'ouverture de la conférence de presse qu'il a tenue hier, Mardi 19 Juin, dans un hôtel de la place. Par cette question, il veut mettre l'accent sur les inquiétudes et les tourments du citoyen tunisien dans cette conjoncture extrêmement difficile où règne un climat d'insécurité qui menace les biens ainsi que les vies. Pour désigner tous ceux qui se trouvent derrière les événements ; il procède à la manière d'un juge qui se trouve face à un crime et auquel manque le ou les criminels, pour remonter jusqu'à celui-ci, il doit répondre à la question « à qui profite le forfait ? ». Les bénéficiaires des crimes perpétrés indistinctement contre toutes les catégories sociales, hommes, femmes, grands et petits sont, selon lui, les responsables actuels et les privilégiés de jadis qui ont un grand intérêt à ce que la situation ne se calme pas, les premiers pour occulter leur impuissance à répondre favorablement aux attentes des citoyens sur les plans économique et social, les seconds pour échapper au châtiment. Donc les deux parties n'ont pas intérêt à ce que la Révolution aboutisse.
La barbe, le nouveau laissez-passer
La violence de ces derniers jours a pris de l'ampleur et un visage plus sanguinaire, « mort aux mécréants ! » devient un slogan scandé par les fanatiques religieux à longueur de semaine et à travers les hauts parleurs des mosquées suite au scandale provoqué d'Al Abdelliya , une violence jamais vue dans notre histoire récente et lointaine, fait remarquer Hammami. Ghannouchi et les députés nahdhaouis de l'Assemblée Constituante n'essayent pas d'apaiser les esprits, bien au contraire ils les attisent davantage et les trois présidences ne font pas mieux par leur communiqué, affirme-t-il. Les choses saintes sont bien protégées et la religion n'est pas menacée, ce qui veut dire que l'action menée par ces acteurs a des fins politiques bien évidentes et désormais connues de tous consistant à détourner l'opinion publique nationale des objectifs de le Révolution. D'après le secrétaire général du PCOT, ces orchestrations visent également à porter atteinte aux libertés et servent de trompe-l'œil aux attaques contre les locaux des partis politiques et de ceux de l'UGTT. Il estime que ces actes sont criminels et fascistes, car ils touchent à la liberté de création et à toutes les autres libertés publiques et personnelles. Parmi les « barbus », il y a des figures illustres et très notoires et d'autres qui sont en train de le devenir, certains d'entre eux sont des marchands de vin et de stupéfiants clandestins qui ne le sont plus grâce à la barbe qui devient une sorte d'autorisation à tout faire dans ce contexte de barbarie extrême où ces hors-la-loi veulent imposer la charia. Il rappelle dans le même cadre que les régimes fascistes et nazis ont fait usage de la même tactique à savoir l'instauration de la terreur au moyen de leurs hommes de main.
Sataniser l'autre
D'autre part, Hamma Hammami affirme que la violence n'a pas cessé depuis le 14 Janvier mais qu'elle a tout simplement revêtu plusieurs visages, à l'époque de Ghannouchi et de Sebsi, elle a enfilé l'aspect du tribalisme et du régionalisme, puis à la nouvelle ère, celle du « gouvernement légitime de la Révolution » elle se fait farder d'habillement religieux. A chaque fois qu'il y a trouble, « Ennahdha » dirige son doigt accusateur vers la gauche, les laïcs et les modernistes et fait épargner les « Salafistes » qu'elle amadoue et considère comme ses enfants innocents et gâtés que les premiers n'arrêtent pas de provoquer oubliant par là l'histoire militante irréprochable de ceux à qui elle veut faire porter le chapeau et qui n'ont à aucun moment fait usage de violence et qui ont toujours protégé tout ce qui est sacré, note Hammami.
Les menaces internes et externes
Aux protagonistes internes de la contre-révolution, ce dernier en ajoute d'autres qui sont les services secrets étrangers dont le Mossad représenté par trente de ses agents et ce en se basant sur les affirmations de Abderraouf Ayadi. Dans le même contexte sécuritaire mais interne cette fois-ci, il rappelle les propos des syndicats des forces de l'ordre selon lesquels les responsables leur demande de faire la sourde oreille à chaque fois qu'il y a des actes violents, ces syndicats affirment qu'en pareilles circonstances ils ne reçoivent pas de consignes de la part de leurs supérieurs hiérarchiques. Ces syndicalistes appellent à l'épuration de la sureté nationale et ce par sa mise à l'abri de tout calcul politique, sa réforme, réclame Hammami avec ces instances, doit en faire une sureté républicaine au service de la patrie et du citoyen.
Pénaliser les accusations d'impiété
Il répond à ceux qui réclament de légiférer une loi sanctionnant les atteintes portées au sacré que cette loi existe et que la loi qui fait défaut et qui doit être par conséquent codifiée est celle qui châtie l'incitation au meurtre et les accusations d'impiété, Hammami rappelle dans ce cadre l'initiative du Président Provisoire de la République qui a déposé un projet dans ce sens auprès de la Constituante et qui est resté lettre morte. Concernant la sanction des crimes, il manifeste une opposition farouche à l'application de la loi contre le terrorisme dont il réclame l'annulation et le remplacement par les lois du code pénal en vigueur.
Dans le chapitre financier, il reproche aux députés de la l'Assemblée Constituante d'avoir consenti des exonérations au niveau de l'imposition pour les hommes d'affaire et de ne pas avoir agi de la sorte vis-à-vis des petits agriculteurs en votant la suppression des crédits très modestes qu'ils ont perçus par d'autant plus que c'est ce secteur qui a sauvé l'économie nationale l'année dernière où il nous a fourni 11/00 du PNB. Enfin, le secrétaire général du PCOT ne manque pas de revendiquer comme il l'a fait auparavant et à maintes reprises la suspension pendant trois ans des dettes tunisiennes, leur échelonnement et la suppression de celles que l'audit en aura prouvé le caractère odieux.