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Des sombres desseins d'Ennahdha
Commentaire
Publié dans La Presse de Tunisie le 02 - 04 - 2012


Par Slaheddine GRICHI
Dans un vieux film à succès, un vieil avocat, véreux sur les bords et rompu aux affaires mafieuses, discutait avec son équipe de la stratégie à adopter dans une affaire de meurtres commmandités par un célèbre «parrain». Il finissait par décréter : «Noyons l'essentiel dans un flot de détails et d'à-côtés secondaires que vous vous chargerez de dénicher. Nous sèmerons le flou et la subversion dans l'esprit des juges et du jury pour obtenir gain de cause». Et cela a marché…
Cela a marché parce que le représentant du ministère public a, tout au long du procès, été pris de court, se laissant submerger par de «petits» éléments qui allaient décider du verdict. Il n'a pas pris le temps de s'arrêter à chacun d'eux et de démontrer qu'ils n'étaient là que comme «poudre aux yeux», afin d'installer un «désordre» salvateur pour le mafieux et occulter l'essentiel.
Si Ennahdha n'est pas, aujourd'hui, dans le box des accusés, bien qu'elle se comporte, souvent, comme si elle y était (peut-être parce que ses dirigeants savent qu'il est difficile d'oublier les années 1990 avec les affaires des agressions des plages, de Bab Souika, des hôtels du Sahel…), sa politique n'en demeure pas moins quasi identique à la stratégie du vieil avocat : occuper l'opinion publique par les détails — sans leur donner suite — et camoufler le primordial.
Par-delà les détails
L'agression inqualifiable que plus de 10 millions de Tunisiens ont subie dans leur chair et dans leur âme, en voyant leur drapeau, celui de leur pays et de leur République, arraché et jeté par terre, sans que l'auteur, devenu un symbole pour une poignée de barbus, ne soit jusqu'à aujourd'hui inquiété, est justifiée, selon des constituants nahdhaouis, par la «marginalisation et l'insuffisance de la formation islamique, à tous les niveaux du système éducatif». Entendre et s'attendre à l'introduction de changements dans les programmes du primaire, du secondaire et du supérieur, allant dans le sens du type de société auquel Ennahdha et ses adeptes aspirent. Un objectif principal.
Les énergumènes qui se sont, physiquement et brutalement, attaqués à des journalistes du Maghreb et du Temps devant le Palais de Justice et du ministère de l'Enseignement supérieur, courent toujours. Tout comme les salafistes qui s'en sont pris — exactement comme le firent les sbires de Ben Ali le 12 janvier —, il y a huit jours, aux artistes à l'avenue Bourguiba. Mieux, ils s'en sont sortis avec un communiqué officiel du ministère de l'Intérieur signifiant une «absence d'agression», donc une absolution et un sentiment d'impunité.
Serions-nous en train d'assister à la formation officieuse d'«unités d'intervention», nahdhaouies de fond, salafistes d'apparat ? Seraient-elles recrutées, grâce aux «cellules» qu'Ennahdha est en train de créer (quelle différence avec celles du RCD ?) Un peu partout à travers le pays et dans les 400 mosquées contrôlées par ces extrémistes, d'après le ministre des Affaires religieuses lui-même ? Ces «unités» parallèles joueraient-elles, le jour venu, le rôle de la garde de la révolution de l'Iran ?
Sinon, comment expliquer que le gouvernement provisoire, trop occupé, apparemment, par l'implantation, les structures d'Ennahdha, n'ait pas vigoureusement réagi à ces dépassements et à d'autres, comme ceux de l'université de La Manouba, et plus grave encore, l'exaltation à l'assassinat des juifs et de personnalités politiques ? Comment interpréter les derniers propos du ministre de l'Enseignement supérieur relatifs à la liberté et au niqab à la veille des examens, sinon comme un blanc seing aux salafistes ? Idem pour le ministre des Affaires religieuses, dont les Tunisiens, musulmans et juifs, ainsi que le monde, attendaient plus que des accolades avec le rabbin de Tunisie.
Ennahdha a tenté, il y a peu de temps, de crier à une burlesque tentative de «coup d'Etat», ou du moins de déstabilisation du gouvernement provisoire. Encore un «détail» qui s'ajoute aux autres, dont la profanation du Saint Coran, aux autres pour jeter la poudre aux yeux, afin qu'elle vaque à l'introduction de changements profonds et radicaux de responsables de plusieurs administrations, institutions et gouvernorats, tous supposés être dirigés par des compétences, loin de toute appartenance idéologique, politique ou partisane.
La Constitution et le Code de la presse
Dernière en date, la déclaration de M. Ameur Laârayedh (seuls les nahdhaouis le connaissent comme étant membre du bureau politique de leur parti) qui, après la réunion entre son président et les directeurs et rédacteurs en chef, déclarait que «la liberté de presse sera mentionnée dans la nouvelle Constitution, et que les décrets 115 et 116 nécessitaient des amendements, avant d'entrer en vigueur, à la condition que l'on passe par un débat ‘‘national'' et par l'approbation de la Constituante».
Nous préférons croire que ces responsables des médias se sont rendus à cette réunion dans l'esprit d'écouter et de découvrir le point de vue de l'actuel grand parti du paysage politique, mais en vertu de quoi Ennahdha, à travers son président ou ce membre de son bureau politique, peut-elle intervenir quant à ce que doivent être le statut, l'état et la nature des médias ? Aurait-elle oublié que le législatif (l'exécutif étant de fait exclu) ne peut légiférer que sur les lois générales auxquelles tous, individus et institutions, doivent se plier ? Il ne peut intervenir sur le spécifique des différents corps qui ont leurs propres codes, déontologiques et internes, qui se soumettent, évidemment, aux lois générales du droit commun. A plus forte raison, le corps de la presse, supposé constituer le 4e pouvoir, dans un pays respectant, désormais, le principe inamovible de séparation des pouvoirs.
Il est clair qu'Ennahdha, en tant que parti et en tant que présence majoritaire dans le gouvernement, est en train de profiter du flou constitutionnel, de «gonfler» sa position dans la transition démocratique, de faire main basse sur l'enseignement, les médias et l'administration, ce qui lui est interdit par le qualificatif «provisoire» qu'elle abhorre. Ce faisant, elle veut ligoter l'ensemble du pays et de ses institutions afin que lorsque la Constitution aura terminé ses travaux et que nous serons face aux législatives et à la présidentielle, nous nous trouvions devant le fait accompli et ne puissions même pas nous écrier : «A quoi aura servi l'éviction de Ben Ali?».
Mesdames et Messieurs, les épris de liberté et les défenseurs des valeurs de la République, au sein de la Constituante, des différents partis et de l'ensemble de la société civile, à vous de vous arrêter aux détails, autant qu'à l'essentiel. A vous de les disséquer et de demander des comptes à ceux qui les fomentent et qui savent manipuler pour donner une impression d'ouverture ou de concession (demandez-vous en quoi, par exemple, l'article premier de la Constitution gênerait-il un islamiste, modéré ou salafiste ?). Autrement, le lit d'un système absolutiste, à dogme unique et qui aura utilisé la démocratie pour instaurer l'antidémocratie, sera fait.
Nous aurions connu un beau rêve, si Ali Laârayedh avait fait son boulot de ministre de l'Intérieur en empêchant les salafistes de nuire et en les traduisant devant la justice, au lieu d'interdire l'avenue Bourguiba aux manifestants pacifistes. Mais cela n'entre, évidemment, pas dans les desseins d'Ennahdha.


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