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La force de l'engagement... Jusqu'au dernier souffle
En souvenir de Ahmed Jdey, universitaire militant
Publié dans Le Temps le 26 - 07 - 2012

La communauté des historiens universitaires tunisiens a perdu récemment, l'une des figures qui l'honoraient sur plus d'un plan.
Ahmed Jdey, Professeur d'Histoire contemporaine à l'Institut Supérieur de l'Histoire du Mouvement National (ISHMN) s'est éteint après avoir été gravement malade et hospitalisé pendant deux semaines. Ses parents, ses collègues et ses amis qui étaient au courant de son état critique ont gardé jusqu'au bout l'espoir de le voir se rétablir et de le retrouver tel qu'ils l'ont toujours connu et aimé. Son état de santé s'est détérioré d'une manière subite, grave et irrémédiable suite à une intervention chirurgicale. Des signes de fatigue avaient laissé voir, peu auparavant, que le défunt s'astreignait, au-delà des limites raisonnables, à accomplir ses devoirs professionnels et ses obligations citoyennes.

Durant les dernières semaines de sa vie, Le Professeur Ahmed Jdey a mis les bouchées doubles pour accomplir de nombreux travaux. Il donnait l'impression qu'il profitait jusqu'à l'excès de sa mutation, il y a à peine deux ans, à l'ISHMN où il se disait heureux de pouvoir se consacrer entièrement à la recherche après l'usure occasionnée par plusieurs décennies d'enseignement dans des villes lointaines. Pour ne remonter qu'au début de l'année en cours, citons à titre d'exemples, une très belle conférence donnée, au mois de janvier dernier, dans le cadre des ‘'Rendez-vous de l'ATEH (l'Association Tunisienne des Etudes Historiques)'' sous le titre ''Etre tunisien. La Tunisie de l'intérieur entre mémoire et histoire'', la coordination du numéro spécial de la revue Eurorient, consacré récemment à la Tunisie sous le titre ''La Tunisie du XXIè siècle. Quels pouvoirs pour quels modèles de société ?'', le dernier numéro (sous presse) de Rawafid, la revue de l'ISHMN dont il a supervisé la préparation, plusieurs rapport d'évaluation de thèses de doctorat, la participation à des jurys de soutenance de thèses en tant que membre ou président. Le cher regretté s'apprêtait à présider le jury national de recrutement des Assistants en Histoire. Il avait annoncé, depuis plusieurs mois, qu'il organiserait, au cours de l'hiver prochain, à l'ISHMN, une Journée d'étude en hommage au regretté Raouf Hamza, historien de renom dont le décès trop prématuré, au mois de décembre dernier, a causé à tous ceux qui l'ont connu une blessure encore ouverte. Il était habité par des projets de nouveaux livres. Les auteurs de thèses d'Histoire contemporaine soutenues récemment connaissent l'insistance amicale avec laquelle il leur rappelaient qu'ils avaient à lui fournir des résumés à publier dans Rawafid.

Spécialiste d'histoire moderne et contemporaine, le regretté était doté d'une large culture historique et d'une curiosité intellectuelle qui le mettaient au courant des études académiques relatives autres époques historiques, la Préhistoire et l'Antiquité comprises. Fin observateur de la vie universitaire, particulièrement celle qui concerne les études historiques et archéologiques, il connaissait bien, du point de vue professionnel, même ceux qui ne le connaissaient pas du tout. Il était sans aucun doute le plus qualifié pour établir le répertoire des historiens universitaires qui lui a été confié, récemment, par l'ATEH.

L'engagement du Professeur Ahmed Jdey pour les causes de l'enseignement est d'un niveau rare. Il s'est révélé, dès les années 1970, au niveau de l'Enseignement Secondaire et s'est consolidé dans l'Enseignement Supérieur et la Recherche Scientifique depuis le début des années 1990. A Sfax, à Sousse et à Tunis, l'historien militant a donné le meilleur de lui-même pour défendre les valeurs universitaires et les libertés académiques. En témoigne entre autres épisodes, son dévouement exemplaire au cours du printemps et de l'été 2009 quand il s'est agi de s'opposer à une décision ministérielle inique et absurde qui consistait à supprimer la licence d'Histoire. Une ultime illustration était palpable le 5 courant lors du jugement du Doyen de la Faculté des Lettres des Arts et des Humanités de Manouba, et de la réunion syndicale qui s'en est suivie. C'est au cours de cette réunion que le cher disparu a eu la grande alerte qui a précédé de quelques jours l'hospitalisation dont il n'est pas revenu.

Historien de formation, le regretté n'en était pas moins attentif, au plus haut degré, au présent et à l'avenir de la vie universitaire et, plus largement, à celui du pays. Dans sa conférence donnée, en début d'année, sous l'égide de l'ATEH, il a fait le rapprochement entre l'exploitation fiscale des zones intérieures du pays à l'époque précoloniale et l'exploitation du phosphate du bassin minier de la région de Gafsa qui, l'une et l'autre, n'avaient aucune retombée bénéfique pour les populations concernées. A travers son militantisme, il laissait voir sa grande préoccupation de l'avenir de l'université et, partant, de celui du pays. Mais son volontarisme empêchait ses constats douloureux de devenir paralysants.

Aussi grandes soient-elles, les vertus professionnelles du Professeur Ahmed Jdey ne sauraient occulter ses nombreuses qualités humaines. Toujours réservé, affable et disponible, le cher disparu a acquis l'estime et, très souvent, l'amitié d'un grand nombre de ses collègues toutes spécialités confondues. Il était de ceux qui, ayant perdu de vue un ami, prenait l'initiative d'un appel téléphonique ou d'un courriel par lesquels il cherchait à avoir des nouvelles et à programmer une rencontre. Sa grande finesse innée l'amenait souvent à traverser de longs couloirs et à emprunter des escaliers pénibles pour apporter une bouteille d'eau à un collègue et ami dont il savait que, cloîtré dans son bureau à la Faculté, ne prenait pas le temps de se désaltérer. Sa disparition constitue, sans nul doute, une perte d'autant plus grande qu'en ces temps incertains que vit notre pays, la constance et la détermination ne sont pas des qualités courantes. Son souvenir sera sûrement cultivé par ceux qui, maintenant affligés, ont su apprécier son savoir, son abnégation et son optimisme à toute épreuve.

Houcine Jaïdi (Université de Tunis)


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