Ebranlement du monde de la finance : d'abord, le limogeage arbitraire de Kamel Nabli, coupable de ne pas adhérer à une spirale monétariste, ensuite, la démission de Houcine Dimassi, ministre des Finances, qu'on s'apprêtait, de toutes les façons, à « liquider », au prochain remaniement gouvernemental. L'ex-ministre motive sa démission de jeter l'éponge par cette propension gouvernementale à vouloir tirer le maximum de profil électoral de cette période transitoire. Il accuse ceux parmi ses collègues, démesurément ambitieux au sein du gouvernement, de consacrer tous leurs efforts à une espèce de social quantitatif, quitte à bouleverser les équilibres macro-économiques, à noyauter les règles premières de la finance au 1+1 font 2. On le sait : le ministre des Finances est par vocation pondéré et que, partout, il s'arrange pour être « avare ». Sait-on, au moins, que chaque matin, le ministère des Finances, avec toutes ses ramifications – Banque Centrale, banques, institutions financières – doit assurer à l'Etat aux environs de 400 millions de dinars, de frais de fonctionnement ? C'est comme une boutique qu'on ouvre chaque matin : on assure l'approvisionnement, on fait recette – ou on ne le fait pas – et en fin de journée, on fait la balance entre dépenses et recettes. A une échelle macroscopique, il s'agit des fondements de la comptabilité nationale, dada fétiche, de Chedly Ayari quand il enseignait l'économie, mais qu'il a l'air de diluer, d'assouplir et de rendre flexible, pour assumer son rôle : une bricole qui exécutera des ordres à teneur monétariste. Où trouver les liquidités que réclame le gouvernement pour le budget complémentaire expansif et pour les prévisions de celui de 2013. Injecter encore plus de liquidités sur le marché ? Ce serait une hémorragie qui nous conduira dans un enfer inflationniste. Il ne s'agit pas, en définitive, de personnaliser le problème. Le problème ce n'est pas Dimassi, le problème ce n'est pas Nabli et la solution n'est ni Besbès, ni Ayari. Il s'agit d'une adéquation qu'on sacrifie pour des besoins urgents, caciques et pour tout dire électoraux. Et c'est ainsi que l'Histoire se répète : une comptabilité nationale assujettie aux desiderata du prince.