«Sauvegardons au moins les acquis ; nous n'attendons rien de plus» Dans l'étape actuelle, nous n'acceptons pas moins que le maintien et la préservation des acquis réalisés en faveur de la femme en Tunisie, depuis l'indépendance, du moment que nous n'attendons de l'actuel gouvernement aucune initiative pour les enrichir et les améliorer. Les femmes militantes au sein du mouvement ‘Nida Tounès'' (Appel de la Tunisie), réunies, vendredi soir 10 août, au siège de ce parti aux Berges du Lac,à Tunis, pour célébrer la fête de la femme et le 56ème anniversaire de la promulgation du Code du statut personnel, le 13 août 1956,ont fait part de leur rejet total de toutes les tentatives visant à remettre en question les acquis accomplis en Tunisie en faveur de la femme, depuis l'indépendance, particulièrement l'égalité totale entre l'homme et la femme. Elles ont dénoncé ce qu'elles ont appelé de plans arrêtés pour faire valoir la notion de complémentarité entre l'homme et la femme à la place du principe d'égalité, comme l'atteste la version actuelle de l'article 28 du projet de la nouvelle constitution tunisienne dans le chapitre des droits et des libertés, qui met l'homme au premier rang avant la femme, de sorte qu'il reflète une atteinte caractérisée au statut de la femme. Elles ont réclamé l'inscription des droits de la femme dans la nouvelle constitution.
Dans une allocution improvisée à l'adresse des participantes, qui remplissaient la salle et portaient toutes des tenues ordinaires, sans le moindre voile, ni niqab, le président du mouvement ‘Nida Tounès'', Béji Caid Essebsi,a affirmé “dans l'étape actuelle, nous n'acceptons pas moins que le maintien et la préservation des acquis réalisés en faveur de la femme en Tunisie, depuis l'indépendance, du moment que nous n'attendons de l'actuel gouvernement aucune initiative pour les enrichir et les améliorer.'' Agissons, au moins pour sauvegarder les droits de la femme reconnus par le Code du statut personnel qui avait été la première grande réalisation accomplie par le gouvernement tunisien sous la conduite du leader Habib Bourguiba, au lendemain de l'indépendance et qui a valu à la Tunisie de porter l'étendard de l'émancipation de la femme dans le monde arabe, islamique et autres nations.
Reconnaissance
La Tunisie , a-t-il dit, a acquis une large réputation par l'émancipation de la femme et la généralisation de l'enseignement, mais feu le président Bourguiba avait accordé la priorité à l'émancipation de la femme à travers la promulgation du CSP, à peine six mois après l'obtention de l'indépendance le 20 mars 1956 et la formation du premier gouvernement national sous sa présidence en avril 1956. Aussi, le devoir nous impose de lui exprimer, à cette occasion, notre reconnaissance. Cependant , la femme tunisienne a été à la hauteur en militant pour consacrer ses droits, au point qu'elle a pu, aujourd'hui, accéder à tous les domaines, avec compétence et dans des proportions parfois plus élevées que celle des hommes, à l'instar de l'enseignement, la santé, la magistrature et autres secteurs d'activité. “ussi, nous estimons que le Code du statut personnel est un acquis civilisation dont nous rejetons toute remise en question et il est une ligne rouge à ne pas dépasser. Nous devons faire en sorte que la Tunisie reste un phare qui éclaire la voie dans la région , à l'instar du phare de Sidi Bou Said qui oriente les marins et leur permet de trouver leur route sûre dans la mer.
En osmose avec la salle, Béji Caid Essebsi, accueilli par les participantes, pour la plupart issues de milieux aisés, à son entrée à la salle, comme un leader et un symbole, plutôt que comme simple chef de parti politique, a rendu hommage aux positions “courageuses'' prises par le député Brahim Gassas envers les critiques formulées par certains milieux, à l'adresse de l'athlète tunisienne Habiba Ghribi, médaille d'argent aux jeux olympiques de Londres, pour la tenue sportive qu'elle portait à cette occasion.
Elargir la participation pour sortir de la crise
La président du mouvement “Nida Tounès'' a évoqué la situation générale prévalant en Tunisie qu'il a qualifiée de difficile et grave “à cause dit-il de l'incapacité du gouvernement dirigé par le parti Ennahdha, à résoudre les problèmes des citoyens et à concrétiser les revendications inspirées de la Révolution, en particulier l'emploi et le développement des régions intérieures défavorisées. Il a fait part de son appui aux mouvements de protestation croissants que connaissent, ces derniers jours, les différentes régions du pays, spécialement la région de Sidi Bou Zid, berceau de la Révolution, tout en s'opposant aux atteintes aux biens publics et privés.
Il a critiqué la tendance de la coalition gouvernementale, dirigée par Ennahdha, à monopoliser les prises de décisions, l'appelant à chercher à élargir le champ de la participation et à associer les diverses forces vives et actives “en vue de sortir le pays de la crise dans laquelle il se débat. “D'habitude, a-t-il fait remarquer, quand une personne s'enlise et s'embourbe, elle appelle au secours et demande de l'aide aux autres pour la délivrer, et c'est ce que nous attendons du gouvernement sans vouloir pour autant partager avec lui directement les prérogatives du pouvoir. Il a estimé que le gouvernement sera incapable de surmonter, à lui seul, les problèmes et un homme averti vaut mieux que deux.Il a souligné “qu'il aurait été plus indiqué d'accorder la priorité absolue à l'emploi et au développement des régions intérieures défavorisées, en remettant, pour plus tard, le règlement des questions qui ne sont pas urgentes ,comme celle des indemnisations des prisonniers d'opinion, malgré sa légitimité, et en évitant l'évocation de sujets qui appartiennent désormais à l'histoire, comme celui du mouvement youssefiste et des militants youssefistes, lesquels militants appartiennent d'ailleurs au Parti libéral destourien tunisien que l'autre partie ne reconnait, même, pas. “Cependant, a-t-il poursuivi, nous ne nions pas qu'il y a des difficultés au niveau des moyens mais la politique exige du tact et du goût. D'autant que le peuple tunisien est un peuple éveillé et abhorre la démagogie. Il serait plus constructif, de la part du gouvernement, d'ouvrir le jeu et de desserrer l'étreinte, car il existe en Tunisie de la place autant pour le parti Ennahdha que pour tous les autres partis politiques , dans l'opposition ou à l'extérieur, en vue d'apporter la contribution désirée.
Rejet d'implication
Mr Béji Caid Essebsi a rejeté, en outre, toute implication du mouvement “Nida Tounès'' dans les actions de contestation que vit le pays, notamment dans le gouvernorat de Kasserine, disant qu'après avoir accusé notre mouvement d'être né d'une réunion d'anciens nostalgiques du RCD et de la gauche et qu'il n'a aucun avenir politique, on s'avise, aujourd'hui, de l'accuser d'utiliser les délinquants , les ivrognes et les marginaux de tout bord, pour provoquer les actions de contestation dans les régions et entraver l'action du gouvernement. Or, l'eut-il voulu, comment aurait-il pu le faire alors qu'il n'a vu le jour qu'il y a quelques semaines.
Il a signalé les injures de toutes sortes et même les menaces de mort proférées, régulièrement, à son encontre, dans les réseaux sociaux électroniques, affirmant que tous les acteurs de la scène politique qu'ils soient dans l'opposition ou à l'extérieur, sont des patriotes et aspirent à servir l'intérêt supérieur de la Tunisie.
En conclusion, il a exhorté les militants de son mouvement à aller de l'avant, notant que le pari sera gagné.