Béji Caïd Essebsi, la seule figure de l'opposition qui inquiète le pouvoir Hamma Hammami continue à progresser L'opposition ne tire pas profit de la baisse de popularité du Gouvernement 64% des Tunisiens satisfaits des médias
L'Institut d'Etudes marketing, média et opinion 3C Etudes continue son bonhomme de chemin à sonder et enquêter et vient de publier les résultats de la huitième vague d'opinion politique post-élections qu'il avait lancée en janvier 2012. Moncef Marzouki, toujours égal à lui même continue à jouir de la confiance des Tunisiens. En dehors de la Troïka, c'est Béji Caïd Essebsi qui émerge du lot. C'est la seule personnalité capable de concurrencer les hommes au pouvoir.
Le sondage a été réalisé du 28 au 29 juillet et du 4 au 10 août courant. Le sondage a été fait à travers le téléphone auprès d'un échantillon de 1476 personnes, représentatif de la population tunisienne âgée de 18 ans et plus. L'échantillon couvre l'ensemble du territoire tunisien avec ses 264 délégations composant les 24 gouvernorats du pays.
A la question de la personnalité politique qui inspire le plus de confiance chez les Tunisiens, Moncef Marzouki occupe la première place avec le même score de 66%. Il y a un décalage entre ce que pensent l'élite et le Tunisien moyen.
C'est pour le deuxième mois consécutif que Moncef Marzouki se stabilise dans les 66%. Il s'agit d'une période où il y a eu l'affaire d'extradition de Baghdadi Mahmoudi et l'épisode rocambolesque du limogeage de Mustapha Kamel Nabli, Gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie et la nomination de Chedli Ayari à la tête de l'Institut d'émission de la monnaie. La majorité silencieuse ne suit pas forcément les avis de l'élite ou des activistes politiques. En seconde place, nous retrouvons le tandem le chef du Gouvernement provisoire Hamadi Jebali et Mustapha Ben Jaâfar, président de l'Assemblée Nationale Constituante (ANC) avec 58% d'avis favorables. Le premier 3 points de moins et le second perd 1 point par rapport au mois précédent. Béji Caïd Essebsi les talonne avec un cumul de 53% de confiance des Tunisiens. Il obtient un avantage de 3 points par rapport au mois de juillet ce qui lui permet d'être le mieux placé parmi les figures de l'opposition. Rached Ghannouchi, qui a toujours évolué de pair avec Béji Caïd Essebsi, se retrouve relégué à la cinquième place avec un taux de confiance de 51%. Il partage cette place avec son compère le ministre de l'Intérieur Ali Larayedh qui récolte 5 points de plus par rapport au mois précédent. « Depuis les évènements du 9 avril Ali Larayedh est en train de gagner mine de rien la faveur de l'opinion publique. Cette montée lui est acquise graduellement par rapport au sentiment d'amélioration de la sécurité dans le pays », affirme Hichem Guerfali Directeur Général de 3C Etudes. Il faudrait attendre les résultats du prochain baromètre pour quantifier l'effet des derniers évènements à Sidi Bouzid, Kasserine et Sfax.
Les autres figures de l'opposition connaissent à leur tour une ascension, sans pour autant atteindre des niveaux inquiétants pour les hommes au pouvoir.
Ainsi Meya Jéribi, secrétaire générale du Parti Républicain (PR) avec 38% de taux de confiance gagne 4 points. Hamma Hammami, secrétaire général du Parti des Ouvriers, est en train de progresser depuis des mois. Il est à 35% d'avis favorables gagnant 4 points de plus par rapport au mois de juillet. Ahmed Néjib Chebbi, président de la haute instance politique du Parti Républicain, a appris à être discret. Il gagne 5 points par rapport au mois précédent. Il se situe à la neuvième place avec un taux de confiance de 33%. Ahmed Brahim, président de la Voie Démocratique et Sociale (VDS) plus connu sous le nom Al Massar, ferme la marche des dix premiers préférés avec 24% d'avis favorables.
Concernant le taux de satisfaction de l'action du Gouvernement, il a baissé d'un point se situant à 49%. Quant à la manière avec laquelle sont gérées les affaires du pays, elle obtient une faveur de 43, soit une baisse de 5 points. Moins de la moitié des Tunisiens se disent être satisfaits de l'action du Gouvernement et de sa manière de gérer les affaires du pays. En Février le taux de satisfaction était de 66%.
Cette baisse du taux de satisfaction des Tunisiens de l'action du Gouvernement est-elle en train de profiter à l'opposition ?
Il semble que c'est le contraire. 57% des Tunisiens ne sont pas emballés de l'action de l'opposition. Seuls 28% en sont satisfaits. « C'est une calamité pour la Tunisie. Ce taux doit être atteindre les 50% », s'inquiète Hichem Guerfali. Le fait que l'opposition connue ne profite pas de la baisse de popularité du Gouvernement ouvre la voie à toutes les surprises.
Un autre secteur et non des moindres où la perception des citoyens peut surprendre certains. Contrairement à ce que pense la Troïka 64% des Tunisiens sont satisfaits du secteur des médias. « C'est la chose dont ils sont le plus satisfaits. Ils font la comparaison avec ce qui se passait avant la Révolution », affirme le DG de 3C Etudes.
Concernant la situation sécuritaire dans le pays, 59% des Tunisiens pensent qu'elle s'est améliorée, soit 4 points de plus par rapport au mois précédent qui devait lui-même enregistrer 20 points de plus.
Et si les élections présidentielles se déroulaient en cette période quel serait le choix des Tunisiens ?
A cette question 35% des Tunisiens, un peu plus du tiers ne savent pas pour qui voter.
Moncef Marzouki vient en première position avec 13,7%, enregistrant une baisse de 1,5 point. Il est talonné par Béji Caïd Essebsi avec 10,4%. Le vote blanc représente 8,1%. Mustapha Ben Jaafar se limite à 5,5%, Hamadi Jebali à 5%. 4,4% des Tunisiens savent pour qui voter, mais ne veulent pas dire pour qui voter. Quant à Rached Ghnnouchi, il ne récolte que 2,3% des voix, Hamma Hammami 2,2% et Ali Laarayedh 1,9%.