Ali Laarayedh supplante son « patron » Rached Ghannouchi
Béji Caïd Essebsi arrive
Les sondages d'opinion se suivent sans pour autant se ressembler. Etalés sur de longues périodes, ils permettent quand même de dégager des tendances fortes intéressantes qui pourraient donner à réfléchir aux hommes politiques et les décideurs de tout bord. C'est, entre autres le cas, du baromètre politique, mensuel de l'Institut d'études marketing, médias et opinion 3C Etudes qui en est à sa septième vague, étant lancé en janvier 2012. Réalisé du 3 au 6 juillet courant, il révèle des résultats forts intéressants, concernant le degré de confiance en les hommes politiques, le degré de satisfaction de l'action du Gouvernement, sa manière de diriger le pays.... L'opposition arrive-t-elle à gagner la sympathie de l'opinion publique. Qu'en est de l'information ? Si les élections présidentielles se déroulaient aujourd'hui, pour qui voteraient les Tunisiens ?
Le président provisoire Mohamed Moncef Marzouki (CPR) inamovible consolide son leadership, en gardant le même niveau qu'au mois de juin. 66% des Tunisiens continuent à lui accorder leur confiance. Il semble que l'affaire de Baghdadi Mahmoudi, n'ait nullement entamé son image. Par contre le chef du Gouvernement provisoire Hamadi Jebali perd 4 points avec 57% de confiance des Tunisiens. Il déloge son fidèle allié de la Troïka Mustapha Ben Jaâfar et lui extirpe la deuxième place. Mustapha Ben Jaâfar, président de l'Assemblée Nationale Constituante (ANC) et d'Ettakatol rétrograde de 7 points avec 56% d'avis favorables. Vient en quatrième position, la première en dehors de la Troïka, Béji Caïd Essebsi qui avait lancé son mouvement « Nida Tounes » le 16 juin dernier. Avec un taux de confiance de 50%, il est le mieux placé parmi les figures de l'opposition. Il faut dire que Béji Caïd Essebsi, positionne son parti comme une force d'appui et pas nécessairement une force d'opposition frontale, même s'il est très critique vis-à-vis de la Troïka au pouvoir. Aucune figure de l'opposition ne fait autant que lui.
Ne rallie les sensibilités autant que lui
Une surprise : Ali Laarayedh, ministre de l'Intérieur est classé ex aequo avec Caïd Essebsi avec 50% d'avis favorable. L'amélioration de la situation sécuritaire, son refus d'autoriser les manifestations après le scandale des faux tableaux blasphématoires d'Al Abdellia, une décision tout à fait à son actif qui a révélé son sens aigu de l'Etat ont plaidé en sa faveur auprès de l'opinion publique. D'ailleurs Ali Laârayedh devance le chef de son parti Rached Ghannouchi qui se trouve renvoyé à la sixième place avec 47% d'avis favorables. Maya Jéribi, secrétaire générale du parti Républicain (PR) gagne un point et se situe à la septième place avec 34% d'avis favorables. Elle est talonnée par Hamma Hammami, secrétaire général du Parti des Ouvriers qui récolte 31% d'avis favorables, soit une augmentation de deux points par rapport à juin. La présence de ce leader sur les plateaux de télévision et sa campagne « Rien n'a changé » l'ont bien servi auprès de l'opinion publique. Me Ahmed Néjib Chebbi, président de la haute instance politique du parti Républicain garde le même niveau de confiance que le mois de juin (28%) et se situe à la neuvième place. Ahmed Brahim, président de la Voie Démocratique et Sociale (VDS) ferme la marche des dix premières personnalités politiques préférées des Tunisiens avec 21% d'avis favorables.
Concernant le degré de satisfaction de l'action du Gouvernement 50% des sondés ont exprimé un avis positif, soit 3 points de plus qu'en juin. La proportion des non satisfaits est de 43%, en baisse de deux points. Quant à la manière de diriger le pays, elle n'a pas gagné une majorité d'avis favorables. Le degré de satisfaction n'est que de 48%, celui de l'insatisfaction de 45%. L'opinion publique partage-t-elle l'avis de l'élite intellectuelle et de la majorité de la classe politique plutôt favorable au consensus le plus large possible et à la non domination des rouages de l'Etat par une force hégémonique ? L'opposition gagne du terrain en matière de perception. Le degré de satisfaction de son action a progressé de 6 points passant à 26%. La proportion des insatisfaits a baissé de 4 points se situant à 56%. C'est un taux relativement élevé. Elle a intérêt à travailler plus pour gagner plus en taux de satisfaction. Le secteur de l'information que certaines figures du pouvoir n'arrêtent jamais de critiquer bénéficie d'un taux de satisfaction de 61%. La proportion des insatisfaits est de 34%. Concernant la situation sécuritaire dans le pays, 55% en ont un avis favorable. Un saut de 20 points en un mois. En fin une question fort attendue : si les élections présidentielles se déroulaient aujourd'hui, pour qui voterait le Tunisien ? Déjà 34,3% ne savent pas pour qui voter. C'est le taux le plus élevé. Vient par la suite Moncef Marzouki avec 15,4%, en augmentation par rapport à juin. Béji Caïd Essebsi le talonne avec 10,1%. Hamadi Jébali est à 6,2% ; Mustapha Ben Jâafar à 4,7% (le même niveau qu'en juin). Rached Ghannouchi est à 2,2%, Ali Lâarayedh à 1,7%, Ahmed Néjib Chebbi à 1,5% et Hamma Hammami ainsi que Mohamed Abbou à 1,4%. Ce sondage confirme qu'Ennahdha n'a pas encore de figure présidentiable. Est-ce la raison pour laquelle elle s'accroche à un régime parlementaire ?