Comme pour les autres pays, l'année 2006 a été caractérisée par les « dandinements » de la conjoncture économique. Un ralentissement du rythme de la croissance a été communément observé en 2006. La nouvelle donne énergétique a eu des répercussions directes et indirectes sur les performances économiques du pays et particulièrement sur les politiques monétaire et budgétaire. Parmi le faits marquants de l'économie tunisienne en 2006 on notera la reprise du secteur industriel, l'accroissement des exportations, même si à un rythme inférieur que celui des importations, l'envolée du taux d'inflation, le déficit de la balance énergétique, le dynamisme de la consommation intérieure et l'impulsion des investissements directs étrangers. A la lumière de ces fluctuations, le taux de croissance s'est maintenu à 5,3% à la fin de l'année 2006. Un taux qui a été jugé comme « respectable » par les observateurs économiques étrangers. La consolidation du rythme de la croissance au seuil de 5 à 6%, l'atténuation du taux d'inflation à 3,5%, la création de 80000 emplois et la baisse du taux d'endettement extérieur à 46,1%, sont les principales expectatives pour l'année 2007.
La rétrospective des variations économiques enregistrées durant l'année 2006 confirme la poursuite de la reprise de l'activité industrielle en matière d'investissement, d'emplois et de production. Néanmoins, les performances réalisées par certains secteurs industriels n'excluent pas les risques auxquels seront confrontés les industriels tunisiens à l'approche de la date d'ouverture totale des frontières.
2006 : La reprise de l'industrie n'interrompt pas les avatars imminents du secteur. 2007 : hausse de 3%dans la production des industries non manufacturières
Hormis les industries chimiques et le secteur du textile-habillement, les différents secteurs industriels ont connu une amélioration du niveau de la production dont principalement le secteur des industries mécanique, électrique et électronique. L'indice général de la production s'est accru de 4,1% au terme des onze premiers mois de l'année 2006. En dépit de la disparité de la répartition par secteur des investissements affectés, les investissements réalisés dans l'industrie ont dépassé les 33,5%. Du côté des emplois, le secteur a généré la création de près de 25.000 postes d'emplois. La production des industries manufacturières dont les industries agroalimentaires, s'est accrue de près de 7% au cours de l'année 2006 alors que celle des industries non manufacturières dont les hydrocarbures (les mines et l'énergie) a enregistré une baisse de -1%. Pour l'année 2007, les autorités prévoient une hausse de 6% dans la production des industries manufacturières. Du côté des industries non manufacturières dont les hydraucarbures, on table sur un accroissement de 3% de la production. Ces estimations dépendent de fait de la conjoncture internationale et de l 'évolution du cours du baril.
2006 : L'importation de l'énergie a brouillé l'équilibre de la balance commerciale. Un taux de couverture de 78,3% attendu pour 2007
Les exportations ont atteint à la fin du mois de décembre « 2006 » 15556,6 MDT contre 13969MDT en 2005. Les importations ont totalisé une valeur de 19995 MDT contre 17101,5 MDT en 2005. Le déficit commercial s'est situé à -4438,4 MDT. L'accroissement des exportations (14,8%) à un rythme inférieur à celui des importations (16,8%) et un repli du taux de couverture de 78,9% (2005) à 77,5% (2006). La hausse des exportations a touché la majorité des secteurs industriels dont notamment les industries agroalimentaires et les industries mécaniques, électriques et électroniques. Le secteur du textile-habillement a maintenu sa place comme premier exportateur de l'industrie tunisienne et ainsi démenti les sombres prévisions. Les importations de l'énergie et des lubrifiants a alourdi la balance commerciale avec l'extérieur. Le total des importations enregistrées au mois de novembre 2006 (soit 2716,1MDT) dépasse largement le total des importations réalisées durant l'année 2005 (2267,7MDT). Le total des exportations FOB* a atteint près de 15556 MDT en 2006. les prévisions pour 2007 tablent sur une valeur d'exportation de 16574MDT. Avec une hausse des importations des matières premières et semi-produits estimée à 6270 MDT pour l'année 2007, on s'attend à une hausse du total des importations CAF** en Tunisie de plus de près de 20000 MDT en 2006 à 21160 MDT à la fin de cette année. Les autorités s'attendent à une amélioration du taux de couverture en 2007 pour atteindre 78,3%. Touchant au secteur du tourisme, les résultats enregistrés en 2006 confirment l'amélioration des principaux indicateurs du secteur quoique à un rythme moins rapide que l'année 2005. Les recettes touristiques se sont acccrues de 5,8% à la date du 20 décembre 2006 en atteignant 2670 MDT contre 2720 MDT prévues initialement. Les revenus du travail se sont élevés à 1450 MDT contre 1970 MDT prévus initialement. Pour 2007, on prévoit un accroissement des recettes touristiques et des revenus de travail pour atteindre respectivement 2955MDT et 2130MDT. Le déficit courant a atteint 820MDT, soit 2% du PIB à la fin de l'année 2006. Les prévisions tablent sur la réalisation d'un déficit courant de près de 2,5% du PIB au terme de l'année en cours.
Inflation de 4,6% en 2006 et ons'attend à une baisse de 1,1 points de pourcentage en 2007(3,5%)
Sur le plan monétaire, l'année 2006 a été marquée par la hausse généralisée des indices des prix à la consommation (inflation) et par une certaine abondance de liquidité, notamment pour l'agrégat M3. L'inflation a été accentué par l'envolée des prix du transport et de l'alimentation. L'agrégat M3 a enregistré une augmentation de 9,6% à la fin des onze premiers mois 2006 contre 8,5% en 2005 et on s'attend à un repli de l'agrégat monétaire M3 en enregistrant un taux de variation de 8%. La liquidité du marché monétaire s'explique principalement par la hausse des créances nettes sur l'Etat. Les créances nettes sur l'Etat dépassera 5500 MDT à la fin de l'année courante. Et pour juguler la hausse du taux d'inflation et résorber la masse monétaire, la Banque Centrale de Tunisie a procédé tout comme la Banque Centrale Européenne et la Réserve Fédérale des Etats-Unis au relevement du taux d'intérêt directeur de 0,25% et l'augmentation de la réserve obligatoire des banques sur les dépôts à vue, les certificats de dépôts et les autres sommes dues à la clientèle, dont l'échéance ne dépasse pas trois mois, de 1,5 point de pourcentage pour la porter à 3,5%. Ces décisions ont permis selon la BCT de maîtriser l'accélération de la masse monétaire M3 enregistrée au cours de la première moitié de l'année. En 2007, on s'attend à une baisse du taux d'inflation pour se situer à 3,5% à la fin de l'année. Du côté de l'endettemet extérieur, l'Etat prévoit une baisse du service de la dette pour atteindre approximativement 3270 MDT
En matière d'emplois, les autorités tablent sur la création de 80.000 postes d'emplois à la fin de l'année 2007. Cet objectif est soutenu par l'effort de l'Etat d'encourager l'initiative privé des jeunes diplômés du supérieur et de promouvoir la création de projets promoteurs. La réalisation de cet objectif a été également appuyée par les dernières décisions présidentielles en matière de change et de fiscalité visant l'impulsion des investissements, l'accélération du rythme de création d'entreprises et l'encouragement à l'exportation. C'est en relevant ces défis qu'on pourra réaliser la création de . Le dynamisme enregistré au niveau de la consommation intérieure et l'impulsion de l'investissement en général et des investissements directs étrangers en particulier ont largement contribué au maintien de la croissance au rythme de 5,3%.
Les attentes pour l'année 2007 tournent principalement autour de la maîtrise du taux d'inflation et l'amélioration du pouvoir d'achat, de l'atténuation du déficit budgétaire et notamment du déficit énergétique, l'amélioration du taux de couverture et le repli du déficit courant. La réalisation de ces objectifs ambitieux est tributaire de plusieurs facteurs endogènes et exogènes dont une montée du cours du baril, l'impact de l'ouverture approchée de libéralisation totale et les portées géostratégiques sur l'économie mondiale mais aussi sur l'économie tunisienne. Yosr GUERFEL
Lexique *FOB : FOB est un Incoterm qui signifie Free On Board, soit en français Franco à bord. On dit qu'une marchandise est achetée ou vendue FOB quand celle-ci est achetée sans les frais de transport et autres frais et taxes y afférant et sans les assurances pour cette marchandise.
*CAF : Prix CAF (coût, assurance, fret =Prix d'un bien à la frontière du pays importateur ou prix d'un service fourni à un résident avant acquittement de tous les impôts et droits sur les importations et paiement de toutes les marges commerciales et de transport dans le pays.