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La Nuit du Destin (Leilatoul Kadr)
Publié dans Le Temps le 15 - 08 - 2012

« Nous l'avons fait descendre en la nuit du Destin. Nuit unique en vérité que la nuit du Destin !
Car la nuit du Destin vaut plus que mille mois !
Sur ordre de leur seigneur, les anges et l'Esprit y descendent tout régler sur terre
Paix ineffable elle est jusqu'au lever de l'aurore ! (Sourate Al Kadr)
La nuit du Destin est celle pendant laquelle Dieu a fait que par sa volonté, le Saint Coran parvienne à notre monde, pour le révéler à son Elu le Prophète Mohamed. Pour certains exégètes Al Kadr, c'est le haut lustre du cosmos.
Comme pour la thora qui a été révélée à Moussa dans des tables en bois (lawh) conservées dans un coffre, le Saint Coran est également dans des lawh.
D'où deux interprétations de l'événement survenu la Nuit du Destin.
Dieu l'a fait descendre au monde des humains, puis commença à le révéler par étapes au Prophète
Ou bien Dieu a commencé à le révéler à Mohamed la Nuit du destin.
En tout état de cause c'est une exceptionnelle que la nuit du Destin.
Elle se situe dit-on parmi les dix dernières nuits du mois de Ramadan.
Selon la plupart des exégètes, la Nuit du Destin se situe parmi les jours impairs de la dernière décade du mois de Ramadan.
C'est la raison pour laquelle et selon un Hadith rapporté par Muslim et Al Boukhari, pendant les dix derniers jours de Ramadan, les fidèles sont épargnés des feux de la Géhenne, alors que pendant les dix premiers jours ils bénéficient de la Miséricorde d'Allah, et pendant les dix jours suivants ils bénéficient de l'absolution divine.
C'est dire l'importance de la Nuit du Destin pendant laquelle il est recommandé aux fidèles par le Prophète Mohamed de se recueillir, la nuit durant pour implorer le Pardon et la Miséricorde de Dieu.
Les vœux des fidèles qui ne manquent de se recueillir, sont exaucés durant la Nuit du Destin.
Le Coran ayant été révélé par étape et à l'occasion de chaque événement où le Prophète était tenu d'intervenir pour trancher, la plupart des exégètes penchent pour la première interprétation consistant à dire que le Coran a été descendu au monde des humains, dans des tables conservées, la Nuit du Destin, puis révélé par étapes au Prophète Mohamed.
« Mais c'est plutôt un Coran glorifié préservé sur une Tablette » (Al Buruj, verset 21 et 22)
L'importance de la Nuit du Destin est d'autant considérable, que le Coran a été un guide révélé au Prophète, et un code de vie, dans une période où l'obscurantisme, l'injustice et l'exploitation de l'homme étaient à leur paroxysme.
Dans son ouvrage de la traduction du Coran le professeur et éminent linguiste et homme de lettres, feu Sadok Mezigh, écrit à ce propos.
« Par la discipline morale et spirituelle du Coran, discipline à laquelle s'est soumis le Prophète en tout premier lieu, l'individu humain, amplement édifié quant à sa misère foncière, à son néant, à son dénuement originel se sent peu à peu renaître, si Dieu le veut, à une vie nouvelle pour lui : vie faite de joie, de sérénité, d'apaisement, de confiance de certitude réconfortante, tous puisés dans la notion de l'Un, de Dieu Tout-Puissant, qui est aussi toute Miséricorde, tout bonté et toujours prêt à accueillir ceux qui reviennent repentant vers lui ! »
Cela se résume dans les versets révélés au Prophète à la Sourate AL OMRAN.
« Vous êtes la meilleure communauté qui ait émergé face aux nations, vous recommandez le bien, proscrivez le mal et croyez en Dieu ». ( AL OMRAN- verset 110)
Notez bien dans le verset édifiant que le corollaire de la meilleure communauté qui ait émergé face aux nations » c'est : « Vous recommandez le bien et proscrivez le mal », deux conditions sine-qua-non pour que cette communauté garde ce titre de meilleure communauté !
Lorsque le Prophète a été interpellé par l'ange Jibril pour lui révéler les premiers mots du Saint Coran, Prophète Mohamed fut troublé et ému.
Il lui annonça, en effet, au cours d'une première apparition saisissante : « Lis ! » et le Prophète de répondre, tremblant et balbutiant « Je ne sais pas lire ! » Lis donc ! lui dit encore Jibril, en entame les versets de la sourate ALAQ.
« Lis au nom de ton Maître, celui qui a créé Il a créé l'homme d'un caillot adhésif Lis ! la bonté de ton Maître est infinie C'est lui qui fit de la plume l'instrument du savoir et
enseigna à l'homme ce qu'il ignorait »
Certes, le Prophète ne savait pas lire ni écrire au moment où il eut la révélation.
Mais il est parvenu par sa droiture et par la volonté du Tout Puissant qui l'a élu, assimilé peu à peu le sens profond de ce qu'il lui était révélé pour l'éclairer à chaque fois où se posait un problème où survenait un événement important parmi la communauté des fidèles.
Et le professeur Sadok Mazigh de conclure :
« Dès lors, ce fut une prise de conscience instantanée, fulgurante de sa vocation d'envoyé de Dieu.
C'était pour ainsi dire tout le Coran qui se trouvait déposé en bloc dans le cœur du nouvel élu. »
C'est la raison pour laquelle, à notre sens, le Prophète qui était au départ illettré (oummi) cesser de l'être dès qu'il prit conscience de sa mission, à travers la sainte parole de Dieu, qu'il avait fini par assimiler parfaitement et à bon escient.
Le penseur tunisien Hichem Djaït estime pour sa part que le terme Oummi, serait plutôt par référence à Oumma soit la communauté.
Cela pourrait être une interprétation plausible en ajoutant corrélativement que Oummi vient du substantif : Oum c'est-à-dire la voie-choisie.
Le Prophète Mohamed, a choisi en effet la voie du monothéiste, celle d'Allah, tout comme Ibrahim le père des prophètes qui est désigné par le Coran dans le sens de Oummi.


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